• Numéro 15

    Amériques, territoires du livre
  • Numéro 15

    Amériques, territoires du livre
  • Numéro 15

    Amériques, territoires du livre
  • Numéro 15

    Amériques, territoires du livre

En français, en español, in English, em português

Edito n°15

L’édition et la circulation des écrits sous toutes ses formes – livres, revues, contenus digitaux – est au programme de notre quinzième numéro et cela tombe plutôt bien… Nous autres de RITA, en effet, ressentons le besoin de parler de nos déboires récents et inquiétudes sur notre avenir, en profitant de cette thématique du livre pour exprimer notre frustration – plus que cela, notre colère – par rapport à une question qui nous touche directement : la précarité de certaines revues universitaires et la logique productiviste auxquelles de petites équipes éditoriales comme la nôtre sont obligées de se confronter.

Nous existons depuis 2009 et publions maintenant notre 15e numéro. Avec un rythme ni plus ni moins régulier que de nombreuses autres revues, malgré les difficultés. Certes, nous savons que notre travail est perfectible et nous-même identifions parfois quelques scories et choses à revoir. Les contraintes techniques sont nombreuses, nous travaillons en bricolant avec un logiciel qui nous fait des siennes à chaque publication, nos articles n’ont pas de DOI et ne sont pas disponibles en pdf, … En l’absence d’un·e secrétaire de rédaction qui s’occuperait à temps plein des affaires courantes, nous n’avons pour le moment pas résolu ces points techniques, tant la tâche est grande : rigueur scientifique et éditoriale, gestion intégrale du site internet (travail d’édition, de mise en ligne, de communication) par le seul comité de rédaction, diffusion et opérations de communication pour le lancement des numéros et des appels à contributions. C’est justement dans cette optique, pour améliorer des points techniques et aussi pour des questions d’indexation et de visibilité (même si, mine de rien, nous n’avons pas à rougir, avec plus de 8,5 millions de visualisations depuis les débuts de RITA), qu’en 2021 nous avons, pour la deuxième fois, lancé une candidature à OpenEdition.

Si nous étions peut-être encore trop novices lors de notre première candidature en 2014, nous pouvons dire sans outrecuidance que nous avancions beaucoup plus confiants cette fois-ci, forts de notre expérience acquise au fil des années, de notre régularité dans les publications, de nos efforts de traduction pour les appels et les éditoriaux ainsi que du sérieux que nous mettons au suivi des articles et aux orientations scientifiques des numéros. Surtout, nous pouvions nous appuyer sur des contributions de qualité, écrites dans les quatre langues de notre revue avec une dimension internationale, dans un dosage qui nous semblait équilibré entre de jeunes auteur·rice·s, présentant avec rigueur le fruit de nouveaux travaux, et aussi, régulièrement, des auteur·rice·s plus chevronné·e·s et noms déjà reconnus par leurs pairs au sein du milieu académique. Le tout accompagné d’entretiens, souvent réalisés par les propres membres de notre comité, avec des personnalités du monde universitaire ou bien des sphères culturelle, politique ou associative, permettant des éclairages différents sur les sujets thématiques choisis.

Eh bien, las, il faudra encore repasser ! Les arguments apportés pour rejeter notre candidature nous semblent, en tout cas, très fortement paradoxaux. Le premier reproche a trait à la soi-disant inexpérience de notre comité, qui manquerait de chercheurs de poids. Certes, le comité de la rédaction n’est pas composé majoritairement de chercheur·euses·s titulaires, mais nous en comptons tout de même trois à ce jour. Pour les autres membres du comité de rédaction, nous sommes tous actif·ve·s dans la recherche et si nous avons des postes précaires, c’est parce qu’aujourd’hui la majorité du système fonctionne sur de l’emploi précaire. Pour la plupart, nous sommes post-docs, ATER ou enseignant dans le secondaire, mais nous publions. Par ailleurs, notre ligne éditoriale spécifie que nous orientons la revue, avant tout, vers la jeune recherche. À ce titre, il nous semble logique d’inclure dans notre comité des jeunes chercheurs, qui, de fait, sont précaires : une fois encore, telle est la réalité du système dans lequel nous évoluons.

Que serait une revue qui revendique le soutien à la jeune recherche si son comité était intégralement composé de chercheurs confirmés ?

Nous avons renouvelé à de nombreuses reprises le comité de rédaction, tout en conservant des membres présents de longue date, qui assurent la continuité du travail réalisé et des valeurs. Ces « tauliers » de la revue permettent de former les nouvelles recrues au travail d’édition. Les recrutements sont réguliers et la sélection de jeunes chercheur·euse·s (mastérant·e·s et doctorant·e·s) fait partie de notre ADN. Ceci en pleine cohérence avec les buts que se fixe notre revue. Cette jeunesse (qui n’équivaut pas à inexpérience) est importante pour nous et constitue une façon d’impliquer des jeunes chercheur·euse·s dans un projet éditorial collaboratif qui leur permet de se former, de comprendre les mécanismes de l’édition scientifique. Et nous en sommes fiers.

Nous avons d’autant moins à en rougir que cette jeunesse du comité ne présume en rien de la qualité et de la rigueur scientifique des auteurs et autrices que nous publions. La qualité des publications ne devrait-elle pas être le premier critère permettant de décider si une revue est solide, fiable et mérite à ce titre d’être soutenue ? Nous le croyons.

Toujours sur la prétendue jeunesse de notre comité, nous aimons à croire que cette jeunesse incite à une rigueur accrue, car nous savons ce que cela peut supposer de préjugés de la part de chercheur·euse·s plus confirmé·e·s. Jamais nous n’avons publié d’article dans notre dossier principal « Théma » qui ne soit pas au moins évalué par deux lecteur.rice.s anonymes. Nous prêtons une grande attention à la qualité scientifique des papiers que nous publions.

Est-ce à dire par ailleurs que la jeune recherche ne mérite pas d’être soutenue ? Qu’elle n’est pas capable d’être rigoureuse d’un point de vue scientifique ? Nous nous plaisons à croire que la jeune recherche a de la valeur et qu’elle mérite d’être soutenue et lue. Qu’elle permet de renouveler les thématiques de recherche, en étant au plus près des actualités et des méthodes. Par ailleurs, c’est souvent dans la jeune recherche, dans le cadre de travaux de thèses, que nous trouverons des enquêtes de terrain approfondies, des analyses fouillées qui s’appuient sur ce terrain. C’est une dimension forte des recherches américanistes… que nous souhaitons représenter et soutenir à travers notre revue. Plus largement et au-delà du cas qui nous concerne, nous sommes lassés d’entendre qu’il faut valoriser les jeunes chercheur·euse·s alors que, de plus en plus, on leur barre l’accès à des publications, à moins qu’ils ou elles ne co-signent avec un·e autre auteur·rice, déjà docteur·e, pour répondre aux logiques perverses des systèmes de notation et de référencement.

Parce que nous sommes précaires, nous avons besoin plus que d’autres revues d’être accompagnés. Nous nous sommes auto-financés pendant de nombreuses années : ce sont donc des jeunes chercheur·euse·s précaires qui ont dû mettre la main à la poche pour soutenir la jeune recherche. Nous nous sommes auto-formés également. Nous avons certes le soutien moral de plusieurs institutions, et plus récemment financier. Nous ne souhaitons plus nous contenter de cela, parce qu’ajouter de la précarité à la précarité ne peut être satisfaisant. Aujourd’hui, notre précarité représente un frein à l’évolution de notre revue, aux valeurs que nous voulons transmettre à travers elle. Nous ne comprenons donc pas la décision d’OpenEditions de nous laisser encore une fois, une fois de plus, une fois de trop, nous débrouiller seuls.

***

Vaille que vaille, nous continuons cependant de croire au projet que RITA porte et nous souhaitons le faire croître. Ce quinzième numéro reflète notre désir de transmission et d’échanges scientifiques sur des sujets transversaux dans les Amériques.

Notre attention s’est cette fois portée sur l’objet livre, qui, pour anodin et quotidien qu’il puisse paraître, n’en est pas moins stratégique. Cet objet peut être appréhendé dans sa matérialité, comme le fait Roger Chartier – en observant sa circulation, son stockage, ses ventes et achats, officielles ou clandestines –, mais aussi dans son contenu.

Les Amériques apparaissent alors comme de passionnants territoires du livre en tant qu’objet circulatoire et vecteur de pensées, d’idées, d’apprentissages, de méthodes, de savoir-faire ou même d’histoire et d’évasion. Avec les grands voyages européens, les Amériques deviennent un objet de description et un sujet d’écrits ; on peut à cet égard aussi bien citer Christophe Colomb qu’Americo Vespucci ou Jean de Léry. De Montaigne aux philosophes des Lumières, les penseurs européens nourrissent leurs réflexions sur la société à partir de l’expérience radicale de l’altérité (Mello Franco, 1937 ; Lestringant, 1994) que leur font éprouver les récits sur les Amériques. Au fil de la colonisation, la circulation et la production locale de livres ont été non seulement un enjeu majeur de gestion (dans le cas du Brésil par exemple, le livre arrive en provenance du Portugal après censure et l’impression et la publication sont interdits sur place jusqu’en 1808) (Hallewell, 2005), mais aussi un vecteur de circulation des idées pour le développement de ces territoires ultra-marins. L’influence des écrits du philosophe neuchâtelois Emer de Vattel dans le processus constitutionnel nord-américain (Richardson, 2012) témoigne de ces enjeux de circulation entre métropole et colonie. De l'époque coloniale à nos jours, de la destruction des codex aztèques à la commercialisation internationale des e-books, se concentrer sur l'histoire de l'objet livre dans (et sur) les Amériques, c'est donc se pencher sur les histoires imbriquées de l'écriture, de l'édition, de la lecture, sur les évolutions de ces pratiques socioculturelles (Amory et Hall, 2007). Enfin, les nouvelles modalités de lecture et de réception du livre dans l’ère numérique ont, ces dernières années, fortement suscité le débat et mènent à s’interroger sur le rapport au livre qu’entretiennent les individus. Les GAFAM étant des acteurs majeurs de ce débat, la présence des Amériques y est évidente.

Au sein du dossier de ce numéro sur les Amériques territoires du livre, nous verrons, grâce à un article de Marcio Mota Perreira, de quelle manière les savoirs et techniques en matière de sciences naturelles et de pratiques agricoles ont circulé dans le Minas Gerais colonial de la fin du XVIIIe et du début du XIXe siècles, via les traductions d’ouvrages réalisées à Rio de Janeiro par le frère José Mariano da Conceição et publiées à la typographie de l’Arco do Cego. Cette étude de cas permet à l’auteur d’observer de quelle manière le livre a été un outil de circulation et de systématisation de connaissances, à travers un certain nombre d’officines et de maisons typographiques présentes à Rio de Janeiro, mais surtout d’observer la réception sur place et l’application sur le terrain de ces méthodes « venue d’en haut », pas forcément couronnées de succès, vers les périphéries de la colonie.

Fabiana Marchetti, à travers l’exemple de la maison d’édition Difel dans le Brésil de la fin des années 1950, nous montre de quelle manière un éditeur peut construire son existence et sa légitimité dans le rôle de passeur, à travers la publication et la traduction, d’une pensée importée de l’étranger. L’autrice y analyse la première traduction et la diffusion en portugais des ouvrages de Jean-Paul Sartre au Brésil, mais aussi le positionnement pris par cette maison d’édition qui, à ses premiers pas, s’est insérée dans le marché éditorial du pays à travers cette entreprise de traduction. Yadira Carranza nous rappelle, à travers l’exemple de l’écrivain et intellectuel uruguayen Fernando Aínsa, que les Amériques ne sont pas des espaces de réception passive du livre, mais sont également d’importants espaces de création littéraires et d’émission culturelle. L’autrice détaille la manière dont Aínsa a été, à partir de son poste à l’Unesco, un important passeur vers l’Europe, dans une trajectoire d’Ouest vers l’Est, de la littérature latino-américaine du second XXe siècle. Dans un contexte de crise de la littérature, Kevin Perromat propose quant à lui une réflexion sur ce que seraient les valeurs de la « bonne » littérature, à partir de débats contemporains. Son regard se porte sur la « contre-littérature » ; une littérature à contre-courant, menée par l’édition indépendante hispanophone, dont l’auteur souligne certaines contradictions. Livia Kalil et Marisa Midori Daecto, dans la rubrique « Expression libre », dressent, quant à elles, un état des lieux des politiques publiques actuelles relatives au livre au Brésil et des difficultés pour la construction d’une législation sur le prix du livre. Pour finir, un entretien avec l’universitaire et écrivaine Alice Kaplan revient sur un parcours et une trajectoire autour du livre entre États-Unis et Europe, mais nous pousse aussi à interroger la littérature française ou francophone qui arrive aux États-Unis et à nous rendre compte que les circulations littéraires sont moins linéaires qu’on pourrait le penser et intègrent heureusement des espaces autres que les « centres»  (pensons notamment à l’importance de la littérature francophone postcoloniale aux Etats-Unis).

Nous espérons que ces quelques regards originaux et productifs, à partir d’une thématique large dont il reste énormément à défricher, pourront aussi bien plaire que susciter des interrogations et encourager des recherches.

Céline Raimbert, Étienne Sauthier et François Weigel

Pour le Comité de rédaction de Rita

Références bibliographiques
Amory Hugh et Hall David D. (dir.) (2007). A History of the Book in America. Vol. 1: The Colonial Book in the Atlantic World. Chapel Hill: University of North Carolina Press.
Hallewell Laurence (2005). Historia do livro no Brasil. Sáo Paulo: EDUSP.
Lestringant Franck (1994). Le Cannibale : Grandeur et décadence. Ed. Perrin.
Mello Franco Affonso (de) (1937). O índio brasileiro e a Revolução Francesa; as origens brasileiras da teoria da bondade natural. Rio de Janeiro: José Olympio.
Richardson Brian (2012). “The use of Vattel in the American Law of Nations”. The American Journal of International Law, Vol. 106, n°33: 547-57.

-----------------------------------------------------

Editorial n°15

La edición y la circulación de la escritura en todas sus formas -libros, revistas, contenidos digitales- está en el orden del día de nuestro decimoquinto número, y menos mal... En RITA, de hecho, sentimos la necesidad de hablar de nuestros recientes contratiempos y preocupaciones sobre nuestro futuro, aprovechando del tema del libro para expresar nuestra frustración -más que eso, nuestra rabia- por un asunto que nos afecta directamente: la precariedad de ciertas revistas académicas y la lógica productivista a la que se ven obligados a enfrentarse pequeños equipos editoriales como el nuestro.

Existimos desde 2009 y ahora publicamos nuestro número 15. Con un ritmo ni más ni menos regular que muchas otras revistas, a pesar de las dificultades. Por supuesto, sabemos que nuestro trabajo puede mejorarse y nosotros mismos identificamos a veces algunas escorias y cosas que hay que revisar. Hay muchas limitaciones técnicas, trabajamos improvisando con un programa informático que hace de las suyas a cada publicación, nuestros artículos no tienen DOI y no están disponibles en pdf, ... A falta de un secretario de redacción que se ocupe del día a día a tiempo completo, aún no hemos resuelto estos puntos técnicos, ya que la tarea es ingente: rigor científico y editorial, gestión integral del sitio web (edición, puesta en línea, comunicación) solo por el comité de redacción, operaciones de distribución y comunicación para el lanzamiento de números y convocatorias de contribuciones. Precisamente es con esta meta, para mejorar los puntos técnicos y también por cuestiones de indexación y visibilidad (aunque, después de todo, no tenemos nada de qué avergonzarnos, con más de 8,5 millones de visitas desde el inicio de RITA), que en 2021 hemos lanzado, por segunda vez, una solicitud a OpenEdition.

Aunque quizá éramos aún demasiado novatos en el proyecto cuando nos presentamos por primera vez en 2014, podemos decir sin exagerar que esta vez estábamos mucho más seguros, con la experiencia adquirida a lo largo de los años, nuestra regularidad en las publicaciones, nuestros esfuerzos de traducción de convocatorias y editoriales, y la seriedad con la que hacemos el seguimiento de los artículos y las orientaciones científicas de los números. Sobre todo, hemos podido contar con contribuciones de calidad, escritas en las cuatro lenguas de nuestra revista con una dimensión internacional, en lo que nos ha parecido una mezcla equilibrada de autores jóvenes, que presentan con rigor los frutos de nuevos trabajos, y también, regularmente, autores más experimentados y nombres ya reconocidos por sus pares en el mundo académico. Todo ello va acompañado de entrevistas, a menudo realizadas por los propios miembros de nuestro comité, con personalidades del mundo académico o de los ámbitos cultural, político o asociativo, que aportan distintas perspectivas sobre los temas elegidos. Bueno, cansados, ¡tendremos que volver otra vez! En cualquier caso, los argumentos utilizados para rechazar nuestra solicitud [a la plataforma Open Edition] nos parecen muy paradójicos. El primer reproche se refiere a la supuesta inexperiencia de nuestro comité, que carecería de investigadores de peso. Es cierto que la mayoría del comité editorial no está formado por investigadores titulares, pero en la actualidad contamos con tres de ellos. En cuanto a los demás miembros del comité editorial, todos nos dedicamos a la investigación y, si tenemos puestos precarios, es porque hoy la mayor parte del sistema funciona con empleos precarios. En mayoría, somos posdoctorantes, profesores temporales en la universidad o profesores de secundaria, pero publicamos. Además, nuestra línea editorial especifica que la revista está orientada, ante todo, hacia la investigación de jóvenes.

Por esta razón, nos parece lógico de incluir en nuestro comité a jóvenes investigadores(as) que, de hecho, son precarios: una vez más, es la realidad del sistema en el que evolucionamos.

¿Qué sería de una revista que pretende apoyar a los jóvenes investigadores si su comité estuviese compuesto en su totalidad por investigadores consagrados?

Hemos renovado el comité editorial en numerosas ocasiones, conservando a miembros veteranos que garantizan la continuidad del trabajo realizado y de los valores. Estos "veteranos" de la revista ayudan a formar a los nuevos en la labor editorial. La contratación es regular y la selección de jóvenes investigadores (estudiantes de máster y doctorado) forma parte de nuestro ADN. Esto es totalmente coherente con los objetivos de nuestra revista. Esta juventud (que no significa inexperiencia) es importante para nosotros y es una forma de implicar a los jóvenes investigadores en un proyecto editorial de colaboración que les permita aprender y comprender los mecanismos de la publicación científica. Y estamos orgullosos(as) de ello.

Con mayor razón no debemos avergonzarnos de esto, ya que la juventud del comité no reduce en absoluto la calidad y el rigor científico de los autores que publicamos. ¿No debería ser la calidad de las publicaciones el primer criterio para decidir si una revista es sólida, fiable y, por tanto, merece ser apoyada? Nosotros creemos que sí.

Siguiendo con el tema de la supuesta juventud de nuestro comité, nos parece que esta juventud aplica un gran rigor, porque sabemos lo que puede implicar en términos de prejuicios por parte de investigadores más experimentados. Nunca hemos publicado un artículo en nuestro dossier principal "Thema" que no haya sido evaluado al menos por dos lectores(as) anónimos. Prestamos gran atención a la calidad científica de los artículos que publicamos.

¿Significa esto que el trabajo de jóvenes investigadores no merece ser apoyado? ¿Que no es capaz de ser científicamente riguroso? Creemos que el trabajo de jóvenes investigadores tiene valor y merece ser apoyado y leído. Que permite renovar los temas de investigación, al estar a lo más cerca de los acontecimientos y métodos actuales. Además, es a menudo en los trabajos de jóvenes, en el marco de trabajos de tesis, que encontramos estudios de campo minuciosos y análisis desarrollados a partir de ellos. Se trata de una importante dimensión de la investigación americanista, que deseamos representar y apoyar a través de nuestra revista. En términos más generales, y más allá de nuestro caso propio, estamos cansados(as) de escuchar que hay que valorar a los jóvenes investigadores cuando, cada vez más, se les niega el acceso a las publicaciones, a menos que sean coautores con otro autor(a), ya doctor(a), para responder a las lógicas perversas de los sistemas de calificación y referenciación. 

Porque somos precarios, necesitamos más apoyo que otras revistas. Nos hemos autofinanciado durante muchos años: por tanto, son los investigadores jóvenes y precarios los que han tenido que meterse la mano en el bolsillo para apoyar la investigación de jovenes. También nos hemos autoformado. Sin duda contamos con el apoyo moral de varias instituciones, y más recientemente con apoyo financiero. Ya no queremos contentarnos con esto, porque añadir precariedad a la precariedad no puede ser satisfactorio. Hoy, nuestra precariedad representa un obstáculo para la evolución de nuestra revista, para los valores que queremos transmitir a través de ella. Por tanto, no entendemos la decisión de OpenEdition de abandonarnos, una vez más, una vez de más, a nuestra suerte.

***

Sin embargo, seguimos creyendo en el proyecto que lleva RITA y deseamos hacerlo crecer. Este decimoquinto número refleja nuestra voluntad de transmisión e intercambio científico sobre temas transversales en las Américas.

Esta vez, nuestra atención se ha centrado en el objeto libro, que, por insignificante y cotidiano que parezca, no deja de ser estratégico. Este objeto puede aprehenderse en su materialidad, como hace Roger Chartier -observando su circulación, su almacenamiento, sus ventas y compras, oficiales o clandestinas-, pero también en su contenido.

Las Américas aparecen, así, como territorios fascinantes del libro como objeto circulatorio y vector de pensamientos, ideas, aprendizajes, métodos, saberes o incluso historia y evasión. Con los grandes viajes europeos, las Américas se convirtieron en objeto de descripción y tema de escritura; en este sentido, podemos mencionar tanto a Cristóbal Colón como a Américo Vespucci o Jean de Léry. Desde Montaigne hasta los filósofos de la Ilustración, los pensadores europeos basaron sus reflexiones sobre la sociedad en la experiencia radical de la alteridad (Mello Franco, 1937; Lestringant, 1994) que experimentaron en los relatos de las Américas. Durante la colonización, la circulación y la producción local de libros no sólo fue una importante cuestión de gestión (en el caso de Brasil, por ejemplo, los libros llegaron de Portugal tras la censura y la impresión y publicación estuvieron prohibidas en el país hasta 1808) (Hallewell, 2005), sino también un vehículo de circulación de ideas para el desarrollo de estos territorios ultramarinos. La influencia de los escritos del filósofo de Neuchâtel, Emer de Vattel en el proceso constitucional norteamericano (Richardson, 2012) da testimonio de estos temas de circulación entre metrópoli y colonia. Desde la época colonial hasta nuestros días, desde la destrucción de los códices aztecas hasta la comercialización internacional de libros electrónicos, centrarse en la historia del objeto libro en (y sobre) las Américas significa examinar las historias entrelazadas de la escritura, la edición y la lectura, y la evolución de estas prácticas socioculturales (Amory y Hall, 2007). Por último, las nuevas formas de leer y recibir libros en la era digital han suscitado en los últimos años numerosos debates y han planteado interrogantes sobre la relación entre los individuos y los libros. Siendo los GAFAM, actores principales en este debate, la presencia de las Américas es evidente.

En el dossier de este número sobre las Américas, territorios del libro, veremos, a través de un artículo de Marcio Mota Perreira, cómo circulaban en el Minas Gerais colonial de finales del siglo XVIII y principios del XIX conocimientos y técnicas en el campo de las ciencias naturales y las prácticas agrícolas, a través de las traducciones de obras producidas en Río de Janeiro por Fray José Mariano da Conceição y publicadas en la tipografía del Arco do Cego. Este estudio de caso permite al autor observar cómo el libro fue una herramienta de circulación y sistematización del conocimiento, a través de una serie de oficinas y casas tipográficas presentes en Río de Janeiro, pero sobre todo observar la recepción in situ y la aplicación en el campo de estos métodos "venidos de arriba", no necesariamente exitosos, hacia las periferias de la colonia.

Fabiana Marchetti, a través del ejemplo de la editorial Difel en Brasil a finales de los años cincuenta, nos muestra cómo un editor puede construir su existencia y legitimidad en el papel de transmisor, mediante la publicación y la traducción, de un pensamiento importado del extranjero. El autor analiza la primera traducción y distribución de las obras de Jean-Paul Sartre en portugués en Brasil, así como la posición adoptada por esta editorial que, en sus primeros pasos, se insertó en el mercado editorial del país a través de esta empresa de traducción. Yadira Carranza nos recuerda, a través del ejemplo del escritor e intelectual uruguayo Fernando Aínsa, que las Américas no son espacios de recepción pasiva de libros, sino también importantes espacios de creación literaria y emisión cultural. El autor explica cómo Aínsa, desde su puesto en la Unesco, fue un importante canalizador hacia Europa, en una trayectoria de Occidente a Oriente, de la literatura latinoamericana del segundo siglo XX. En un contexto de crisis literaria, Kevin Perromat propone una reflexión sobre los valores de la "buena" literatura, a partir de debates contemporáneos. Analiza la "contra-literatura", una literatura a contracorriente, llevada por la edición independiente hispanofona, y cuyas contradicciones son expuestas por el autor. Livia Kalil y Marisa Midori Daecto, en la sección "Expression libre", proponen una visión general de las actuales políticas públicas sobre el libro en Brasil y las dificultades de crear una legislación sobre el precio de los libros. Por último, una entrevista con la académica y escritora Alice Kaplan repasa un viaje y una trayectoria en torno al libro entre Estados Unidos y Europa, pero también nos anima a cuestionar la literatura francesa o francófona que llega a Estados Unidos y a darnos cuenta de que las circulaciones literarias son menos lineales de lo que se piensa e integran, afortunadamente, espacios distintos de los "centros" (piénsese, en particular, en la importancia de la literatura postcolonial francófona en Estados Unidos).

Esperamos que estas pocas pinceladas originales y productivas, basadas en un tema amplio en el que aún queda mucho por hacer, puedan agradar, así como suscitar preguntas y animar a la investigación.

Céline Raimbert, Étienne Sauthier y François Weigel

Para el Comité editorial de Rita

Referencias bibliograficas
Amory Hugh et Hall David D. (dir.) (2007). A History of the Book in America. Vol. 1: The Colonial Book in the Atlantic World. Chapel Hill: University of North Carolina Press.
Hallewell Laurence (2005). Historia do livro no Brasil. Sáo Paulo: EDUSP.
Lestringant Franck (1994). Le Cannibale : Grandeur et décadence. Ed. Perrin.
Mello Franco Affonso (de) (1937). O índio brasileiro e a Revolução Francesa; as origens brasileiras da teoria da bondade natural. Rio de Janeiro: José Olympio.
Richardson Brian (2012). “The use of Vattel in the American Law of Nations”. The American Journal of International Law, Vol. 106, n°33: 547-57.

-----------------------------------------------------

Édito n°15

Publishing as well as the circulation of writings in all forms – books, journals, digital content – is on the agenda of our fifteenth issue, and it's a good thing... We – the RITA members – feel the need to talk about our recent setbacks and concerns about our future, and we take advantage of this theme on books to express our frustration –our anger, even – about an issue that affects us directly: the precariousness of some academic journals and the production-driven logic that small editorial teams such as ours are confronted with.

RITA was created in 2009. Despite the difficulties, it is now publishing its fifteenth issue, with a rhythm no more no less regular than any other journals. Of course, we know that our work can be improved and we identify things that need being overhauled. Technical constraints are numerous. We work with a software that is not easy to use, our articles have no DOI and are not available in pdf versions. Without a subeditor who would take care of the day-to-day tasks on a full-time basis, we have not yet resolved these technical aspects, as the task is huge: scientific and editorial rigor, full management of the website (editing, online publishing, communication) by the editorial board alone, distribution and communication operations for the launch of issues and calls for contributions. It is precisely in this perspective, to improve technical aspects and also for the purposes of indexing and increased visibility (even if, after all, we have nothing to be ashamed of, with more than 8.5 million views since the beginning of RITA), that in 2021 we have launched an application to revues.org for the second time.

If we were perhaps still too much of a novice when we first applied, we can say without overstatement that we were much more confident this time, thanks to our experience acquired over the years, our regularity in publications, our efforts in translating calls and editorials, as well as the seriousness with which we follow up on the articles and the scientific orientations of the issues. Above all, we could rely on the quality of the contributions, written in the four languages of our journal that has an international dimension, in a mix that seemed balanced between young authors (who present their work with the scientific rigor required) and more experienced authors who are already recognized by their peers in the academic world. All of this is accompanied by interviews, often conducted by our own editorial members, with personalities from the academic world or from the cultural, political or associative spheres, allowing different perspectives on the chosen themes.

Well, wary, we’ll have to try again! Apparently, the time of the mandarins phagocytizing privileges still has a shiny future in the world of research. The arguments used to reject our application seem to us, in any case, very strongly paradoxical. The first criticism is that our committee is supposedly inexperienced and lacks Senior researchers. It is true that the majority of the editorial board is not composed of tenured researchers, but we do have three of them to date. As for the other board members, we are all active in research and if we have precarious positions, it is because most of the system works on precarious employment. For the most part, we are post-doctoral researchers, ATER or secondary school teachers, but we publish. Moreover, our editorial line specifies that we lean the journal towards young research. As such, it seems logical to us to include young researchers in our committee, who, in fact, are precarious: once again, this is the reality of the system in which we evolve. What would a journal that claims to support young research be like if its committee was composed entirely of experienced researchers?

We have renewed the editorial board many times, while keeping historical members who guarantee the continuity of the work and the values. They allow us to train new members to the work of editing. Recruitment is regular and the selection of young researchers (master’s and doctoral students) is part of our DNA. This is fully consistent with the goals of our journal. This youth (which does not mean inexperience) is important to us and is a way to involve young researchers in a collaborative editorial project that allows them to learn and understand the mechanisms of scientific publishing. We have nothing to be ashamed of. All the more so as the committee’s youth does not presume anything about the quality and scientific rigor of the authors we publish. Shouldn't the quality of the publications be the first criterion to decide if a journal is solid, reliable and if it deserves to be supported? We believe so. Still on our committee’s alleged youth, we like to believe that this youth encourages increased rigor, because we know what this can imply in terms of prejudice on the part of more established researchers. We have never published an article in "Thema" that was not at least assessed by two anonymous readers. We pay great attention to the scientific quality of the papers we publish. Does this mean that young research does not deserve to be supported? That it is not capable of being scientifically meticulous? We like to believe that young research has value and deserves to be supported and read. That it allows us to renew research themes, by being as close as possible to current events and methods. Moreover, it is often in young research, in the framework of doctoral work, that we will find in-depth field investigations and empirically grounded analyses. This is a strong dimension of Americanist research that we wish to represent and support through our journal. More widely and beyond the case that concerns us, we are tired of hearing that young researchers should be valued while, more and more, they are denied access to publications, unless they co-sign with another author, already a doctor, in order to respond to the perverse logic of the rating and referencing systems.

Because we are precarious, we need to be more supported than other journals. We have been self-financed for many years: it is therefore young, precarious researchers who have had to pay to support young research. We are also self-trained. We certainly have the moral support of several institutions. More recently we have had financial support. We no longer wish to accept this, because adding precariousness to precariousness cannot be satisfactory. Today, our precariousness represents an obstacle to the evolution of our magazine, to the values we want to transmit through it. We therefore do not understand OpenEditions' decision to leave us once again, once more, once too often, to fend for ourselves.

***

However, we continue to believe in the project that RITA carries and we wish to make it grow. This fifteenth issue reflects our desire for transmission and scientific exchange on transversal subjects in the Americas. This time, we focused our attention on the book, which is strategic even if it may seem an insignificant and daily object. This object can be apprehended in its materiality, as Roger Chartier does – by observing its circulation, its storage, its official or clandestine sales and purchases – but also in its content. The Americas then appear as fascinating territories of the book as a circulatory object and vector of thoughts, ideas, learning, methods, know-how or even history and escape. With the great European journeys, the Americas have become an object of description and a subject of writings; we can quote Christopher Columbus as well as Americo Vespucci or Jean de Léry. From Montaigne to the Enlightenment philosophers, European thinkers nourished their reflections on society from the radical experience of otherness (Mello Franco, 1937; Lestringant, 1994) that the narratives of the Americas gave them. Throughout colonization, the circulation and local production of books were not only a major management issue (in the case of Brazil, for example, books arrived from Portugal after censorship and printing and publishing were prohibited there until 1808) (Hallewell, 2005), but also a vehicle for the circulation of ideas for the development of these ultra-marine territories. The influence of the writings of the Neuchâtel philosopher Emer de Vattel in the North American constitutional process (Richardson, 2012) bears witness to these issues of circulation between metropolis and colony. From the colonial era to the present day, from the destruction of the Aztec codices to the international commercialization of e-books, focusing on the history of the book as an object in (and on) the Americas means looking at the intertwined histories of writing, publishing, and reading, and at the evolutions of these socio-cultural practices (Amory and Hall, 2007). Finally, the new ways of reading and receiving books in the digital era have, in recent years, strongly stimulated debates and lead to questions about the relationship between individuals and books. The GAFAMs being major players in this debate, the presence of the Americas is obvious.

In this issue on the Americas as territories of books, we will read in an article by Marcio Mota Perreira how knowledge and techniques of natural sciences and agricultural practices circulated in colonial Minas Gerais at the end of the 18th and the beginning of the 19th centuries, through the translations of books made in Rio de Janeiro by Brother José Mariano da Conceição and published at the letterpress printing of Arco do Cego. This case study allows the author to observe how the book was a tool for the circulation and systematization of knowledge, through a number of rooms and letterpress houses in Rio de Janeiro, but above all to observe the local reception and the application of these methods "from above" (that were not necessarily successful) towards the peripheries of the colony.

Through the example of the publishing house Difel in Brazil at the end of the 1950s, Fabiana Marchetti shows us how a publisher can build its existence and its legitimacy in the role of conveyer of a thought imported from abroad, through publication and translation. She analyzes the first Portuguese translation and distribution of Jean Paul Sartre’s works in Brazil, but also the positioning of this publishing house which, at first, got into the publishing market of the country through this translating initiative.

Yadira Carranza reminds us, through the example of the Uruguayan writer and intellectual Fernando Aínsa, that the Americas are not passive reception spaces of the book, but are also important spaces of literary creation and cultural emission. The author details the way in which Aínsa was an important conveyor of the Latin American literature to Europe in the 20th century, from his position at the UNESCO, in a West to East trajectory. In the context of a literary crisis, Kevin Perromat proposes a reflection on the values of "good" literature, based on contemporary debates. He looks at the "counter-literature"; a literature against the current, led by the Spanish-speaking independent publishing, which the author highlights some contradictions. Livia Kalil and Marisa Midori Daecto, in the "Expression libre" section, give an overview of the current public policies related to books in Brazil and the difficulties in building a legislation on the price of books.

Finally, an interview with the academic and writer Alice Kaplan looks back on a journey and a trajectory around the book between the United States and Europe. It also questions us on the French or Francophone literature that arrives in the United States; it makes us realize that literary circulations are less linear than one might think and fortunately integrate spaces other than the "centers" (let's think in particular of the importance of postcolonial Francophone literature in the United States).

We hope that these original and productive glimpses, based on a broad theme for which there is still a lot to be done, will be able to please the readers as well as raise questions and encourage new research.

Céline Raimbert, Étienne Sauthier and François Weigel

For RITA’s editorial board

Bibliography
Amory Hugh et Hall David D. (dir.) (2007). A History of the Book in America. Vol. 1: The Colonial Book in the Atlantic World. Chapel Hill: University of North Carolina Press.
Hallewell Laurence (2005). Historia do livro no Brasil. Sáo Paulo: EDUSP.
Lestringant Franck (1994). Le Cannibale : Grandeur et décadence. Ed. Perrin.
Mello Franco Affonso (de) (1937). O índio brasileiro e a Revolução Francesa; as origens brasileiras da teoria da bondade natural. Rio de Janeiro: José Olympio.
Richardson Brian (2012). “The use of Vattel in the American Law of Nations”. The American Journal of International Law, Vol. 106, n°33: 547-57.

-----------------------------------------------------

Édito n°15

A edição e circulação da escrita em todas as suas formas - livros, revistas, conteúdo digital - está no centro do nosso décimo-quinto número, e a coincidência é oportuna... Nós da RITA sentimos agora a necessidade de evocar nossas recentes decepções e preocupações sobre nosso futuro. Por isso, aproveitamos este tema do livro para expressar nossa frustração - mais do que isso, nossa raiva - sobre um tema que nos afeta diretamente: a precariedade de certas revistas acadêmicas e a lógica produtivista que pequenas equipes editoriais como a nossa são forçadas a enfrentar. Existimos desde 2009 e hoje estamos publicando nosso 15º número. Com um ritmo não mais nem menos regular do que muitos outros periódicos, apesar das dificuldades. Naturalmente, sabemos que nosso trabalho sempre pode ser melhorado e nós mesmos identificamos frequentemente revisões que necessitam serem feitas. Enfrentamos muitas restrições técnicas, trabalhamos com um site de publicação que nos cria dificuldades cada vez que publicamos, nossos artigos não têm DOI e não estão disponíveis em pdf, entre outras coisas ... Na ausência de um ou uma secretário(a) editorial que cuidaria da resolução dos problemas em tempo integral, ainda não conseguimos resolver estes pontos técnicos, pois a tarefa é muito grande apenas pelo conselho editorial: rigor científico e editorial, acompanhamento das publicações, gestão integral do site (edição, publicação on-line, comunicação), difusão e operações de comunicação para o lançamento dos números e das chamadas para publicação. É nessa ótica, precisamente, para melhorar pontos técnicos e também, por questões de indexação e visibilidade (mesmo que, afinal, possamos considerar com satisfação as mais de 8,5 milhões de visualizações de nosso site desde o início da RITA), que em 2021 lançamos, pela segunda vez, uma candidatura ao portal OpenEdition.

Embora talvez ainda fôssemos muito inexperientes quando fizemos nossa primeira candidatura há alguns anos, podemos dizer, sem arrogância, que desta vez estávamos muito mais confiantes, graças à experiência que adquirimos ao longo dos anos, a nossa regularidade nas publicações, os nossos esforços de tradução, assim como à seriedade com que acompanhamos os artigos no processo editorial. Acima de tudo, contamos com contribuições de qualidade, escritas nos quatro idiomas de nossa revista com dimensão internacional, contando com um  equilíbrio entre jovens autores, apresentando os frutos de novos trabalhos com rigor, e também, autores e nomes mais experientes, reconhecidos por seus pares no mundo acadêmico. Tudo isso acompanhado de entrevistas, muitas vezes realizadas por membros de nosso próprio comitê, com personalidades do mundo acadêmico ou das esferas cultural, política ou associativa, permitindo diferentes perspectivas sobre os assuntos temáticos escolhidos.

Pois nada disso serviu, infelizmente! E os argumentos utilizados para rejeitar nossa solicitação nos parecem ser altamente paradoxais. A primeira crítica diz respeito à suposta inexperiência de nosso comitê, que carece de pesquisadores de peso. É certo que a maioria do conselho editorial não é formada por pesquisadores efetivos no ensino superior, porém contamos com três deles até o momento. Quanto aos outros membros do conselho editorial, somos todos ativos na pesquisa e se ocupamos posições precárias, é porque hoje a maioria do sistema funciona com empregos precários. Em sua maioria, somos pós-doutores, professores substitutos ou professores do ensino médio, mas publicamos e continuamos nossas pesquisas. Além disso, nossa linha editorial especifica que orientamos a revista, acima de tudo, para a jovem pesquisa. Como tal, parece-nos lógico incluir em nosso comitê jovens pesquisadores, que, de fato, são precários: mais uma vez, esta é a realidade do sistema em que evoluímos.

Como seria uma revista que afirma apoiar os jovens pesquisadores se sua diretoria fosse composta inteiramente de pesquisadores estabelecidos?

Renovamos o conselho editorial em várias ocasiões, mantendo membros de longa data que asseguram a continuidade do trabalho realizado e dos valores. Estas "velhas mãos" da revista ajudam a treinar os novos recrutas no trabalho de edição. O recrutamento é regular e a seleção de jovens pesquisadores (alunos de Mestrado e Doutorado) faz parte de nosso DNA. Isto é totalmente em adequação com os objetivos de nossa revista. Esta juventude (que não significa inexperiência) é importante para nós e é uma forma de envolver jovens pesquisadores em um projeto editorial colaborativo, que lhes permite aprender e entender os mecanismos da publicação científica. E nós estamos orgulhosos disso.

Realmente, não vamos nos envergonhar da juventude do nosso comitê, pois ela não prejudica em nada a qualidade e o rigor científico dos artigos que publicamos. Ora, a qualidade das publicações não deveria ser o primeiro critério para avaliar uma revista e saber se ela é sólida e merece ser apoiada? Deveria, por certo! 

Ainda relativamente à juventude do nosso Comitê, pensamos que ela incita a um rigor ainda maior, porque sabemos que ela pode nos expor ao preconceito de pesquisadores mais experientes. Jamais publicamos artigos do nosso dossiê principal « Tema » sem que eles fossem avaliados por dois pareceristas anônimos. Tomamos muitos cuidados para garantir a qualidade cientifica das contribuições que publicamos.

Será que jovens pesquisadores não merecem receber apoio? Que eles seriam incapazes de ter um ponto de vista científico? Nós pensamos, pelo contrário, que os jovens pesquisadores têm valor et merecem ser lidos e apoiados, que eles reatualizam as temáticas de pesquisas, por estarem mais próximos da atualidade e dos métodos de cada disciplina cientifica. Nessa jovem pesquisa, nos trabalhos de dissertações e teses, encontramos pesquisas de campo aprofundadas e análises complexas que se apoiam em trabalho de campo. É essa dimensão forte das pesquisas sobre as Américas que queremos representar e apoiar em nossa revista. De forma geral e além da situação que envolve nossa revista, estamos cansados de ouvir que é preciso valorizar jovens pesquisadores enquanto ao mesmo tempo, eles têm um acesso à publicação cada vez mais restrito, a menos que eles assinam artigos juntos com outros autores, já doutores, para se adaptar à logica perversa dos sistemas de avaliação e de referenciamento.    

Porque somos precários, precisamos, mais do que outras revistas, de acompanhamento. Fizemos crescer a revista, durante vários anos, através de um autofinanciamento: portanto, são jovens pesquisadores precários que tiveram que botar a mão no bolso para defender a jovem pesquisa. Nós também nos autoformamos. Temos, é verdade, o apoio moral de várias instituições, e mais recentemente financeiro. Não queremos mais nos contentar com essa situação, porque adicionar a precariedade à precariedade não pode ser satisfatório. Hoje em dia, a nossa precariedade representa um freio para a evolução da nossa revista e para a transmissão dos valores que queremos compartilhar. Não entendemos a decisão de OpenEdition de nos deixar, mais uma vez, andarmos sozinhos. 

***

No entanto, continuamos a acreditar no projeto que a RITA carrega e desejamos fazê-lo crescer. Este décimo quinto número reflete nosso desejo de transmissão e intercâmbio científico sobre temas transversais das Américas.

Dessa vez nossa atenção se voltou para o objeto livro, que, por mais insignificante e cotidiano que pareça, não deixa de ser estratégico. Esse objeto pode ser analisado em sua materialidade, na perspectiva de Roger Chartier – observando sua circulação, seu armazenamento, suas vendas e compras, oficiais ou clandestinas –, mas também em seu conteúdo.

As Américas se revelam então como relevantes territórios de livros, sejam eles considerados como objetos que circulam ou vetores de pensamentos, ideias, aprendizagens, métodos, práticas e até mesmo histórias ou meios de evasão. Com os grandes viajantes europeus, as Américas se tornam objeto de descrição e assunto de diversos escritos; podemos citar, nessa ótica, tanto Cristóvão Colombo quanto Américo Vespúcio ou Jean de Léry. Os pensadores europeus, de Montaigne aos filósofos iluministas, alimentam suas reflexões sobre a sociedade a partir da experiência radical da alteridade (Mello Franco, 1937; Lestringant, 1994) que eles descobrem nos relatos sobre as Américas. Ao longo da colonização, a circulação e a produção local de livros não foram apenas uma grande preocupação em termos de gestão (no caso do Brasil, por exemplo, os livros vinham de Portugal após passar por uma censura e, na colônia, eram proibidas a impressão e a publicação até 1808) (Hallewell, 2005), mas também um fator de circulação das ideias para o desenvolvimento desses territórios ultramarinos. A influência dos escritos do filósofo de Neuchâtel Emer de Vattel no processo constitucional norte-americano (Richardson, 2012) é emblemática dessas problemáticas ligadas à circulação entre metrópole e colônia. Observar a história do objeto livro nas (e em relação às) Américas – da época colonial até hoje, da destruição dos códigos astecas à comercialização internacional dos e-books –, equivale, pois, a debruçar-se sobre as histórias imbricadas da escrita, da edição e da leitura, assim como sobre as evoluções dessas práticas socioculturais (Amory e Hall, 2007). Por fim, as novas modalidades de leitura e de recepção do livro na era digital, mais recentemente, suscitaram muitos debates, levando a uma interrogação sobre as relações que os indivíduos estabelecem com esse objeto. As GAFAM, gigantes da web, são atores-chaves desse debate e a presença das Américas também se vê nesse âmbito.

No dossiê deste número intitulado as Américas - territórios do livro, veremos, através de um artigo de Marcio Mota Perreira, como os conhecimentos e técnicas no campo das ciências naturais e práticas agrícolas circularam nas Minas Gerais coloniais no final do século XVIII e início do século XIX, através das traduções de obras produzidas no Rio de Janeiro por Frei José Mariano da Conceição e publicadas na tipografia do Arco do Cego. Este estudo de caso permite ao autor observar como o livro foi uma ferramenta para a circulação e sistematização do conhecimento, através de várias oficinas e casas tipográficas presentes no Rio de Janeiro, mas sobretudo para investigar a recepção local e a aplicação no campo destes métodos "vindos de cima", não necessariamente bem sucedidos, em direção às periferias da colônia.

Fabiana Marchetti, através do exemplo brasileiro da editora Difel no final dos anos 50, nos mostra como uma editora pode construir sua existência e legitimidade no papel de transmissora, através da publicação e tradução de um pensamento importado do exterior. A autora analisa a primeira tradução e distribuição das obras de Jean-Paul Sartre em português no Brasil, assim como a posição tomada por esta editora que, em seus primeiros passos, se inseriu no mercado editorial do país através desta empresa de tradução. Yadira Carranza nos lembra, através do exemplo do escritor e intelectual uruguaio Fernando Aínsa, que as Américas não são espaços de recepção passiva de livros, mas são também espaços importantes para a criação literária e emissão cultural. O autora descreve como Aínsa, a partir de sua atuação na UNESCO, foi um importante transmissor para a Europa, numa trajetória que ia do Ocidente ao Oriente, da literatura latino-americana do segundo século XX. Em um contexto de crise literária, Kevin Perromat propõe uma reflexão sobre os valores da "boa" literatura, baseada em debates contemporâneos. Ele olha para a "contra-literatura"; uma literatura que vai contra o grão, liderada por publicações independentes em língua espanhola, e cujas contradições o autor destaca. Livia Kalil e Marisa Midori Daecto, na seção "Expression libre", dão uma visão geral das políticas públicas atuais sobre o setor dos livros no Brasil e as dificuldades de criar legislação sobre os preços de livros. Por fim, uma entrevista com a acadêmica e escritora Alice Kaplan faz uma retrospectiva de sua trajetória em torno do livro, entre os Estados Unidos e a Europa, mas também nos incentiva a questionar a literatura francesa ou francófona que chega aos Estados Unidos e a perceber que as circulações literárias são menos lineares do que se poderia pensar e, felizmente, integram outros espaços além dos "centros" (em particular, podemos destacar a importância da literatura francófona pós-colonial nos Estados Unidos).

Esperamos que estes olhares originais e produtivos, elaborados em torno de um tema abrangente para o qual ainda há muito a ser feito, sejam capazes de instigar, bem como de levantar questões e incentivar a pesquisa.

Céline Raimbert, Étienne Sauthier e François Weigel

Pelo comitê editorial da RITA

Bibliografia
Amory Hugh et Hall David D. (dir.) (2007). A History of the Book in America. Vol. 1: The Colonial Book in the Atlantic World. Chapel Hill: University of North Carolina Press.
Hallewell Laurence (2005). Historia do livro no Brasil. Sáo Paulo: EDUSP.
Lestringant Franck (1994). Le Cannibale : Grandeur et décadence. Ed. Perrin.
Mello Franco Affonso (de) (1937). O índio brasileiro e a Revolução Francesa; as origens brasileiras da teoria da bondade natural. Rio de Janeiro: José Olympio.
Richardson Brian (2012). “The use of Vattel in the American Law of Nations”. The American Journal of International Law, Vol. 106, n°33: 547-57.