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Les crises sont généralement appréhendées comme des situations subies, des situations inattendues et contingentes. Depuis plusieurs années, expert·e·s et chercheurs·euses se sont toutefois intéressé·e·s à leur production ; les sociétés humaines, les secteurs financiers, les entreprises ou encore les Etats produisent-ils les crises ? (Chobeaux et al. 2017). Selon les définitions communes, la crise désigne une pénurie, un moment difficile dans la vie humaine et l'organisation sociale, une situation de trouble ou la rupture d’un équilibre.
Dans ce numéro de RITA, nous avons voulu interroger la production de ces phénomènes que l’on nomme crises, du « laisser-faire » à la « négligence » ; de la banalisation de la crise dans les discours médiatiques ou académiques aux procédés d’énonciation des pouvoirs publics. En « temps de crise », ces derniers justifieront plus directement l’imposition de mesures sociales, économiques voire militaires. Tel est le cas par exemple des expulsions et du démantèlement des bidonvilles (Aguilera, Bouillon, Lamotte, 2018) ou de la mise à disposition des forces de l’ordre au service des compagnies minières dont l’activité est menacée ou ralentie par des conflits sociaux (Hervé-Huamaní, 2021).
La crise de la Covid-19 a eu et aura des résonances dans nos manières de penser et de faire de la recherche. Les terrains, devenus en partie inaccessibles « en présentiel », ont sans doute mis en évidence l’importance de ce que les adeptes des méthodes qualitatives ont toujours repoussé : la « data ». Ainsi, des logistiques précaires se sont mises en place, que ce soit à l’université, dans les transports ou dans l’organisation familiale.
Souvent adoptées dans l’urgence, les nouvelles modalités d’organisation ont fait se chevaucher des dimensions que nous avons constamment cherché à distinguer ; voilà que le temps de travail envahit le cocon familial et que les enfants s’invitent dans des réunions cruciales. A l’échelle individuelle, la crise - nourrie, illustrée, relayée, officialisée par nombre d’experts, de décideurs et de médias nationaux et mondiaux - a recomposé l’organisation quotidienne. Quatre ans après sa cristallisation à l’échelle mondiale, la crise de la Covid-19 résonne dans l’éducation des écolier·ère·s et des étudiant·e·s universitaires, et influence l’organisation du travail, ou encore, du temps de loisir. Nous ignorons encore les traces plus globales que toutes ces « vagues » auront laissé sur les plans sociaux, politiques, économiques ou symboliques. Un questionnement sur les crises implique aussi de s’interroger sur les manières dont les crises continuent à « vivre » dans les discours, dans les organisations, dans les représentations.
Ces temps de pandémie mondiale et de confinement avaient donné des ailes à un humour aussi noir que nécessaire sur les réseaux sociaux. A l’instar des mots de Bruno Latour et de bien d’autres, cette crise, encore récente, devrait également être mise à profit pour mieux penser nos organisations sociales et nos relations au vivant, mais aussi pour remettre en question nos comportements citoyens et nos pratiques de consommation. Le confinement, ainsi que la paralysation des activités humaines, polluantes, nous avaient également montré ce que la décroissance pouvait produire, nourrissant le débat sur la crise environnementale et les discours plus critiques appelant, pour contrer la crise, à « inventer un art du démantèlement » (Monin, Landivar, Bonnet, 2021).
Ce sont donc la pandémie et les confinements qui nous ont motivé.e.s à consacrer un numéro de RITA aux crises, en souhaitant mettre à profit ce contexte toujours latent et incertain pour penser la crise dans une dimension large. L’invasion de l’Ukraine par la Russie – et les nombreuses conséquences globales en termes d’énergie, de diplomatie et de disponibilité de matières premières –, ainsi que les derniers événements tragiques du conflit israélo-palestinien, poussent d’autant plus à le faire. On pourrait également ajouter l'inflation croissante, phénomène bien connu des pays du sud, qui met aujourd’hui le monde sous tension.
Plus largement, du local au global, qu’elle soit sociale, religieuse, politique ou financière, ou qu’elle touche le monde de l’édition, du cinéma, de la science ou de l’architecture, formuler la crise est souvent un appel tacite au changement voire à la révolution. Car, bien que notre attention ait été happée pendant deux ans par « la » crise, nous avons pu constater que les réflexions qu’elle engendrait nous poussaient à élargir nos perspectives et nos projections dans l’avenir : les thématiques liées à la crise environnementale et aux économies extractivistes, aux modes de consommation, aux dérives éventuelles des recours à l’intelligence artificielle sont sous-jacentes et sollicitent de plus en plus l’intérêt citoyen, même si les lignes politiques ne bougent pas davantage pour autant.
Que « la » crise ne cache pas les autres !
La section Dossier Thématique de ce numéro 16 de RITA rassemble quatre contributions. Yailín Laffita van den Hove compare le discours officiel sur le rapport au temps de la Révolution cubaine avec la perception des habitants d'une petite ville de l'Est rural de l'île. Les crises récurrentes à Cuba creusent un écart croissant dans la manière dont le temps historique est pensé et vécu. Johanna Exenberger étudie les voyages des migrants d'Amérique centrale en analysant des cartes mentales élaborées par eux, révélant la diversité et la complexité des voyages tout en remettant en question certaines perceptions cartographiques des migrations. La méthode flexible s'adapte aux récits individuels, montrant des voyages inscrits dans un contexte global de politiques migratoires restrictives.
Dans la rubrique traits d'union, Roque Urbieta Hernández examine l'intégration des réseaux sociaux dans les campagnes électorales du début du XXIe siècle, soulignant le risque de subjectivités haineuses se manifestant dans la violence politique. Sous la forme d’une expression libre, Eduardo Carrasco Rahal analyse quant à lui le cas de Rodrigo Ernesto Rojas Vade, vice-président élu puis démissionnaire de la Convention chilienne. Au travers de sa contribution, il explique en quoi la construction d'une icône vide de sens a trompé la population et les médias dans un contexte de crise institutionnelle et sociale.
As crises são geralmente entendidas como situações indesejáveis, inesperadas ou ainda contingentes. A produção de crises tem sido estudada há muitos anos dentro da academia e em outras instituições. Convém perguntar : as sociedades humanas, os setores financeiros, as empresas ou mesmo os Estados produzem crises? (Chobeaux et al. 2017). Segundo uma definição habitual, uma crise designa uma escassez, um momento difícil na vida humana e na organização social, uma situação de desordem ou de ruptura de equilíbrio.
Neste número 16 da revista RITA, quisemos examinar a produção desses fenómenos que designamos como crises. Do “laisser-faire” até a “negligência”; da banalização da crise nos meios de comunicação ou no discurso académico até os processos de enunciação das autoridades públicas. Em "tempos de crise", precisamente, os representantes do poder público justificam de forma mais direta a imposição de medidas sociais, econômicas ou, até mesmo, militares. Tal foi o caso, por exemplo, nas expulsões e no desmantelamento de favelas (Aguilera, Bouillon, Lamotte, 2018) ou na ativação de forças policiais em prol de empresas mineradoras cuja atividade se encontra ameaçada ou enfraquecida por conflitos sociais (Hervé-Huamaní, 2021).
A crise da Covid-19 teve e continuará a ter um impacto em nossos modos de pensar e fazer investigação científica. Muitas pesquisas de campo foram impossibilitadas, cresceu a importância dos chamados "dados", mesmo na pesquisa qualitativa. Que seja no trabalho quotidiano na universidade, nos transportes ou na organização familiar, fomos submetidos a logísticas particulares.
Muitas vezes adotadas na urgência, as novas organizações das nossas temporalidades cotidianas fizeram se encontrar dimensões que antes tentávamos distinguir. Um exemplo foi como o tempo de trabalho invadiu o espaço familiar e as crianças apareceram no meio de reuniões importantes. A nível individual, a crise – alimentada, ilustrada, retransmitida e oficializada por especialistas, tomadores de decisão e meios de comunicação nacionais e globais – recompôs a organização diária. Quatro anos após o seu aparecimento oficial, a crise da Covid-19 continua a reverberar na educação dos alunos e estudantes universitários, na organização do trabalho, e mesmo nesses tempos livres. Ainda desconhecemos os traços globais que todas estas "ondas" terão deixado nos planos social, político, econômico ou simbólico. Através da crise, queremos também analisar as suas ressonâncias, e as formas como as crises continuam a existir nos discursos, nas organizações, assim como nas representações.
Estes tempos de pandemia globalizada e de confinamento também deram asas a um humor tão negro quanto necessário nas redes sociais. Conforme foi destacado por Bruno Latour e muitos outros, esta crise deve também servir para pensar melhor nossas organizações sociais e nossas relações com os seres vivos, mas também para questionar as nossas práticas cidadãs e de consumo. O confinamento e a paralisia das atividades humanas poluidoras mostraram também o que o decrescimento pode produzir, alimentando assim o debate sobre a crise ambiental e os discursos mais críticos que apelam a "inventar uma arte de desmantelamento" (Monin, Landivar, Bonnet, 2021) para lutar contra as crises.
A pandemia e os períodos de confinamento nos incentivaram a dedicar este número da RITA à questão das crises, mas queremos aproveitar este contexto ainda latente e incerto para refletir sobre a crise em uma dimensão ampla. A invasão russa da Ucrânia – e as muitas consequências globais em termos de energia, diplomacia e disponibilidade de matérias-primas – assim como os trágicos eventos do conflito Israelo-palestino confirmam o interesse da questão. Podemos também mencionar a crescente inflação, um fenômeno bem conhecido dos países do Sul, que está agora mantendo o mundo todo sob pressão.
De forma geral, do local ao global, que ela seja social, religiosa, política ou financeira, que ela afete o mundo da edição, o cinema, a ciência ou a arquitetura, uma situação de crise é muitas vezes um apelo tácito à mudança ou mesmo à revolução. Pois, embora a nossa atenção tenha sido capturada durante dois anos pela crise da Covid-19, pudemos observar que as reflexões ocasionadas nos levam a ampliar nossas perspectivas e nossas projeções para o futuro: os temas ligados ao meio ambiente, aos padrões de consumo e às economias extrativistas estão subjacentes e solicitam cada vez mais o interesse dos cidadãos, mesmo que as linhas políticas não reflitam essas preocupações.
Que uma crise não esconda as outras!
O dossiê temático deste número 16 da RITA reúne quatre contribuições. Yailín Laffita van den Hove compara o discurso oficial sobre a temporalidade da Revolução Cubana com a percepção dos habitantes de uma pequena cidade no leste rural da ilha. As crises recorrentes em Cuba criaram uma lacuna crescente na forma como o tempo histórico é pensado e vivido. Johanna Exenberger estuda as viagens dos migrantes centro-americanos analisando mapas mentais criados por eles, revelando a diversidade e a complexidade das viagens, ao mesmo tempo que desafia certas percepções cartográficas das migrações. O método flexível se adapta às histórias individuais, mostrando viagens ambientadas num contexto global de políticas migratórias restritivas.
Roque Urbieta Hernández publica uma nota de pesquisa examinando a integração das redes sociais nas campanhas eleitorais no início do século XXI, destacando o risco que subjetividades odiosas se manifestem por meio de violência política.Na seção expressões livres, Eduardo Carrasco Rahal analisa o caso de Rodrigo Ernesto Rojas Vade, vice-presidente eleito na Convenção chilena, que depois renunciou. Através da sua contribuição, explica como a construção de um ícone vazio enganou a população e os meios de comunicação num contexto de crise institucional e social.
Las crisis se entienden generalmente como situaciones sufridas, inesperadas y contingentes. Sin embargo, desde hace varios años, expertos e investigadores se interesan por su producción; ¿las sociedades humanas, los sectores financieros, las empresas o incluso los Estados producen crisis? (Chobeaux et al., 2017). Según las definiciones habituales, la crisis se refiere a una carencia, un momento difícil en la vida humana y la organización social, una situación de perturbación o la ruptura de un equilibrio.
En este número de RITA queremos examinar la producción de estos fenómenos que llamamos crisis, desde el “laissez-faire” hasta la “negligencia”; desde la banalización de la crisis en el discurso mediático o académico hasta los procesos de enunciación de los poderes públicos. En “tiempos de crisis”, esta última justificará directamente la imposición de medidas sociales, económicas o incluso militares. Es el caso, por ejemplo, de los desalojos y el desmantelamiento de poblados chabolistas (Aguilera, Bouillon, Lamotte, 2018) o la puesta a disposición de las fuerzas del orden al servicio de las empresas mineras cuya actividad se ve amenazada o frenada por los conflictos sociales (Hervé Huamaní, 2021).
La crisis del Covid-19 ha tenido y seguirá teniendo un impacto en nuestras formas de pensar y hacer investigación. Los terrenos de investigación, que se han vuelto parcialmente inaccesibles “en persona”, habrán aumentado sin duda la importancia de lo que los seguidores de los métodos cualitativos siempre han rechazado: los “datos”. Así, en el trabajo diario en la universidad, en el transporte o en la organización familiar, se han establecido logísticas precarias.
Adoptada a menudo con carácter de urgencia, la nueva organización de nuestra vida cotidiana ha conducido a la superposición de dimensiones que hemos tratado de distinguir constantemente; ahora el tiempo de trabajo invade el núcleo familiar y los niños aparecen en reuniones cruciales. A nivel individual, la crisis – alimentada, ilustrada, retransmitida y oficializada por una serie de expertos, responsables y medios de comunicación nacionales y mundiales – ha recompuesto la organización cotidiana. Dos años después de su aparición oficial, la crisis de Covid-19 sigue reverberando en la educación de escolares y universitarios, en la organización del trabajo, o incluso en el tiempo de ocio, y aún no somos conscientes de las huellas más globales que todas estas “olas” habrán dejado en el plano social, político, económico o simbólico. A través de la crisis, también queremos observar sus resonancias, y las formas en que las crisis siguen “viviendo” en los discursos, en las organizaciones, en las representaciones, e incluso en los sueños.
Estos tiempos de pandemia y contención global también han dado alas a un humor tan negro como necesario en las redes sociales. Siguiendo las palabras de Bruno Latour y de muchos otros, esta crisis debe servir para reflexionar mejor sobre nuestras organizaciones sociales y nuestras relaciones con los seres vivos, pero también para cuestionar nuestras prácticas ciudadanas y de consumo. La contención y la paralización de las actividades humanas que contaminan también ha mostrado lo que puede producir el decrecimiento, alimentando así el debate sobre la crisis medioambiental y los discursos más críticos que piden, para contrarrestar la crisis, “inventar un arte del desmantelamiento” (Monin, Landivar, Bonnet, 2021).
Si bien la pandemia y los confinamientos nos han motivado a dedicar este número de RITA a las crisis, queremos aprovechar este contexto aún latente e incierto para pensar la crisis en una dimensión amplia. La invasión de Ucrania por parte de Rusia- y las numerosas consecuencias globales en términos de energía, diplomacia y disponibilidad de materias primas- es un incentivo para hacerlo. La creciente inflación, un fenómeno bien conocido por los países del Sur, está poniendo en aprietos al mundo.
En América, la crisis social y política chilena se ha desvanecido tras los grandes disturbios de 2019 y la sostenida demanda popular de cambio constitucional. Ahora es Perú el que sale a la palestra con una profunda crisis política, exacerbada desde la elección de Pedro Castillo, pero que no es más que la conveniente ilustración de una crisis política, económica y social más profunda.
En términos más generales, desde lo global, ya sea social, religioso, político o financiero, o si afecta al mundo de la edición, el cine, la ciencia o la arquitectura, la declaración de una situación de crisis es, a menudo, una llamada tácita al cambio o incluso a la revolución. Aunque nuestra atención se ha visto atrapada durante dos años por “la” crisis, hemos observado que las reflexiones que ha suscitado nos han empujado a ampliar nuestras perspectivas y nuestras proyecciones de futuro: los temas relacionados con la crisis medioambiental, los modelos de consumo y las economías extractivas subyacen y solicitan cada vez más el interés de los ciudadanos, aunque las líneas políticas no se muevan.
¡No dejemos que “la” crisis oculte a las demás!
La sección Dossier Temático de este número 16 de RITA reúne cuatro contribuciones. Yailín Laffita van den Hove compara el discurso oficial sobre la relación con el tiempo de la Revolución cubana con la percepción de los habitantes de una pequeña ciudad del Este rural de la isla. Las crisis recurrentes en Cuba están profundizando una brecha creciente en la forma en que se piensa y se vive el tiempo histórico. Johanna Exenberger estudia los viajes de los migrantes de América Central analizando mapas mentales elaborados por ellos, revelando la diversidad y complejidad de los viajes mientras cuestiona algunas percepciones cartográficas de las migraciones. El método flexible se adapta a los relatos individuales, mostrando viajes insertos en un contexto global de políticas migratorias restrictivas.
En forma de expresión libre, Eduardo Carrasco Rahal analiza el caso de Rodrigo Ernesto Rojas Vade, vicepresidente electo y luego renunciante de la Convención constitucional chilena. A través de su contribución, explica cómo la construcción de un icono vacío de significado engañó a la población y a los medios de comunicación en un contexto de crisis institucional y social. Por su parte, Roque Urbieta Hernández examina en una nota de investigación la integración de las redes sociales en las campañas electorales del comienzo del siglo XXI, destacando el riesgo de que las subjetividades odiosas se manifiesten en la violencia política.
Crises are generally understood as undesirable, unexpected and contingent situations. However, for several years, experts and researchers have been interested in their production. Do human societies, financial sectors, companies or even States produce crises (Chobeaux et al. 2017)? According to common definitions, a crisis refers to a shortage, a difficult moment in human life and social organization, a situation of disorder or the breakdown of an equilibrium.
In this issue of RITA, we wish to question the production of these phenomena that are called crises, from "laissez-faire" to "negligence"; from the banalization of the crisis in media or academic discourse to the enunciation processes of public authorities. In "times of crises", they will justify more directly the imposition of social, economic or even military measures. This is the case, for example, of evictions and the dismantling of shanty towns (Aguilera, Bouillon, Lamotte, 2018) or the provision of law enforcement forces to mining companies whose activities are threatened or slowed down by social conflicts (Hervé-Huamaní, 2021).
The Covid-19 crisis has had and will continue to have an impact on our ways of thinking and doing research. The fields, which have become partly inaccessible "in person", will undoubtedly have increased the importance of what the followers of qualitative methods have always rejected: "data". Thus, in daily work at the university, in transport or in family organization, precarious logistics have been put in place.
Often adopted in a hurry, the new organization methods of our daily temporalities have led to the overlapping of dimensions that we have constantly tried to distinguish: work time is invading the family cocoon and the children are inviting themselves into crucial meetings. At the individual level, the crisis – which is fed, illustrated, relayed, and formalized by a number of experts, decision-makers, and national and global media – has restructured daily organizations. Two years after its official appearance, the Covid-19 crisis still has an echo on the education of children and university students, on the organization of work, or even on leisure time, and we still do not know the more global impacts that all these "waves of Covid" have left on the social, political, economic or symbolic levels. Through the crisis, we also want to look at how it resonates, and the ways in which crises continue to "live" in discourses, in organizations, in representations, and even in dreams. These times of global pandemic and lockdowns have also given rise to black humor on social networks. According to the words of Bruno Latour and many others, this crisis must also be used to better think about our social organizations and our relationships with the living beings, but also to question our citizen and consumer practices. The lockdowns and paralysis of polluting human activities have also shown what degrowth can produce, thus feeding the debate on the environmental crisis and the more critical discourses in favor of "inventing an art of dismantling" (Monin, Landivar, Bonnet, 2021).
If the pandemic and the lockdowns have motivated us to devote this issue of RITA to crises, we want to take advantage of this still latent and uncertain context to think about the crisis in a broad dimension. Russia's invasion of Ukraine – and the many global consequences in terms of energy, diplomacy and availability of raw materials – and the latest Israeli-Palestinian conflict, are an incentive to do so. Rising inflation, a phenomenon well known to the countries of the South, is now putting the world under stress.
In the Americas, Chile's social and political crisis faded after the major riots of 2019 and the sustained popular demand for constitutional change. It is now Peru that is coming to the forefront with a deep political crisis, exacerbated since the election of Pedro Castillo, but which is only the illustration of a deeper political, economic and social crisis. More broadly, from the local to the global level, whether the enunciation of a crisis situation is social, religious, political or financial, or whether it affects the world of publishing, cinema, science or architecture, it is often a tacit call for change or even revolution. Although our attention has been caught up for two years by "the" crisis, we have been able to observe that the reflections it has engendered have pushed us to broaden our perspectives and our projections for the future: themes linked to the environmental crisis, to consumption patterns, and to extractivist economies are increasingly soliciting the interest of the citizenry, even if the political lines are not moving any further.
"The" crisis should not hide the others!
The section Dossier Thématique brings together four contributions. Yailín Laffita van den Hove compares the official discourse on the Cuban Revolution's relationship with time with the perception of the inhabitants of a small town in the island's rural east. Cuba's recurrent crises are widening the gap in the way historical time is thought of and experienced. Johanna Exenberger studies the travels of Central American migrants by analyzing the mental maps they created, revealing the diversity and complexity of their journeys and challenging certain cartographic perceptions of migration. The flexible method adapts to individual narratives, showing journeys inscribed in a global context of restrictive migration policies.
In the form of a “free expression”, Eduardo Carrasco Rahal analyzes the case of Rodrigo Ernesto Rojas Vade, vice-president of the Chilean Convention, who was elected and who resigned afterward. In his contribution, he explains how the construction of a meaningless icon deceived the population and the media in a context of institutional and social crisis. Roque Urbieta Hernández examines in a research note the integration of social networks in electoral campaigns at the beginning of the 21st century, highlighting the risk of hateful subjectivities manifesting themselves in political violence.
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Aguilera Thomas, Florence Bouillon, Martin Lamotte (2018). « Politiques de l’expulsion : acteurs, enjeux, effets », l’année sociologique, vol n°68, n°1 : 11-38.
Chobeaux François, Leyreloup Anne-Marie, Maraquin Carine, Ryboloviecz David et Van Aertryck Gilles (2017). « Des catastrophes pas si naturelles que cela », VST - Vie sociale et traitements, vol. 136, n°4 : 3-4.
Hervé-Huamaní Bruno (2021). « Las metamorfosis de la criminalización. Disuadir y castigar la disidencia contra la minería en el Perú ». Dans Bedoya Forno et alii (Ed.), Huellas y persistencias del conflicto armado en el Perú contemporáneo, Lima, Punto cardinal : 257-281.
Monin Alexandre, Landivar Diego, Bonnet Emmanuel (2021). Héritage et fermeture ; une écologie du démantèlement, Paris, Divergences.