Pour les populations indigènes de la Sierra Nevada de Santa Marta (Colombie) Teyuna Ciudad Perdida est sacrée, inaliénable, garante de leur culture et de l'équilibre du monde. Pour l'Etat, ce site découvert en 1976 est un parc archéologique et la Sierra Nevada un Parc National Naturel. Considéré comme patrimoine naturel et culturel de la nation ce site doit...
Mots clés : Colombie ; Patrimoine ; Tourisme ; Conflits de valeurs.
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Marie-Laure Guilland
Doctorante en sociologie
Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine (IHEAL)
Centre de Recherche et de Documentation sur l'Amérique Latine (CREDAL)
Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle
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Introduction
A. Une histoire toponymique significative
Un jour, un vieil indien Kogi avait évoqué l'existence d'une grande cité perdue au cœur de la Sierra Nevada de Santa Marta qui, du haut de ses 5775 mètres, domine la mer Caraïbe Colombienne. Cette révélation attira la curiosité des pilleurs de tombes précolombiennes, les guaqueros qui, après l'avoir longtemps cherché accédèrent au site en 1975. Fiers de leur découverte, ils le nommèrent d'abord la Conquista puis El Infierno Verde. Cette nouvelle appellation faisait autant référence à l'enfer vert qu'il fallait traverser pour accéder au site niché au cœur d'une nature hostile, qu'à la violence engendrée par les convoitises de guaqueros qui s'entretuèrent pour piller ce trésor récemment repéré.
En 1976, quand l'Etat colombien prit connaissance de cette découverte, il s'empressa d'envoyer une première équipe de chercheurs sur le site. Les querelles de l' Infierno Verde furent neutralisées grâce aux policiers qui accompagnèrent les archéologues de l'ICAN(1). L'Eldorado des guaqueros devint rapidement Buritaca 200, un Eldorado archéologique qui souleva les passions scientifiques.
Un jour, un pilote d'hélicoptère en charge du ravitaillement indiqua sa position en utilisant le terme de Ciudad Perdida signifiant ainsi l'isolement du site. Cette appellation devint rapidement le nom générique mais non moins symbolique du lieu et progressivement le rêve de tant de voyageurs en quête d'aventure.
La Ciudad Perdida pourtant, n'a jamais été perdue pour les indigènes(2). Bien au contraire, les populations natives de la Sierra Nevada (kogis, arhuacos, wiwas et kankuamos), l'appellent Teyuna, elle représente un lieu significatif de leurs origines tayrona. L'importance de Teyuna dans la cosmogonie indigène est intimement liée à son caractère sacré. La protection du lieu est essentielle pour la sauvegarde de la culture indigène, de fait, Teyuna n'a jamais pu être oubliée par cette population.
Lors de mon travail de terrain on m'a même rapporté qu'aujourd'hui les indigènes utiliseraient une nouvelle appellation qu'ils préfèreraient ne pas dévoiler afin de la garder sacrée.
Ce parcours toponymique complexe est significatif de ce que représente Teyuna Ciudad Perdida pour les différents acteurs qui lui portent un intérêt. Ainsi, parce que les regards qui lui sont portés ne sont pas homogènes, ce site, comme à son habitude depuis plus de 30 ans, demeure un objet de négociation.
Cette étude vise à analyser comment les conflits de valeurs attribuées à Teyuna Ciudad Perdida au cours de son histoire, révèlent les incapacités de mettre en place un système touristique clairement défini.
Un bref état des lieux méthodologique permettra de comprendre le travail de terrain qui a rendu possible cette recherche. La notion de valeur sera définie en tant que principal concept autour duquel s'articule le cadre théorique. Une première analyse portera sur la genèse des valeurs patrimoniales de Teyuna Ciudad Perdida. Cela permettra de comprendre comment ces valeurs s'opposent à celles que lui attribuent les populations locales. Par le processus de patrimonialisation ce site va progressivement émerger comme destination touristique. Ce basculement sera ici appréhendé comme un évènement catalyseur des conflits qui entourent Teyuna Ciudad Perdida. Il faudra donc comprendre comment les acteurs concernés par les processus de patrimonialisation et de mise en valeur touristique tentent de faire valoir leurs principes au dessus de ceux des autres et ce, au nom du bien collectif. Ces guerres de justification, où s'affrontent différents systèmes de légitimité, sont symptomatiques du flou qui entoure le développement touristique dans cette région. Influencés par les tendances transnationales actuelles, ce sont ici, les principes de développement et de conservation qui deviennent les enjeux principaux des négociations.
B. Les valeurs comme cadre théorique
Même lorsqu'une valeur est indépendante de l'activité humaine, c'est-à-dire extraite d'une vision instrumentaliste ou utilitariste, elle n'est jamais une propriété intrinsèque de l'objet mais un jugement porté par les sujets. La valeur dépend toujours de l'évaluation humaine, en cela elle est véritablement un construit social.
Il est possible de considérer la valeur d'un bien selon deux ordres de grandeur. Le premier nominal détermine une valeur en fonction d'un prix, celle-ci est alors d'ordre économique et s'évalue en terme monétaire, le deuxième ordinal établit des hiérarchies entre les différentes valeurs qui peuvent être attribuées à un bien : valeur d'usage, ou encore valeur symbolique, artistique, esthétique, patrimoniale, historique, sacré, scientifique, etc. Ainsi, pour ne citer qu'un exemple, la valeur sacrée d'un bien aura pour certains plus d'importance que sa valeur marchande.
Selon J-P. Warnier "la valeur émerge dans l'échange, lorsque plusieurs désirs se manifestent autour d'une marchandise que son ayant droit est prêt à sacrifier en échange d'un autre sacrifice." (Warnier, 2009: 2) Dépassant cette règle, il fait finalement la distinction entre les biens aliénables (marchandise ou commodity) et les biens et services inaliénables trop précieux pour être sacrifiés dans l'échange sans que cela ne fasse scandale. Dans le cas de ces biens inaliénables, il est impossible d'évaluer la valeur en terme monétaire et ce sont les autres registres sociaux de valeur qui prennent le dessus.
Un même objet peut donc être soumis à de multiples évaluations déterminées par les intérêts et les perceptions des différents acteurs qui lui portent un regard. Il faut alors comprendre que le processus de mise en valeur d'un élément "est toujours construit par des institutions mais aussi par des rapports de force et des jeux de pouvoir" (Warnier, 2009: 2). M. Weber ne manque d'ailleurs pas de mettre en avant les conflits qu'impliquent les confrontations de subjectivités et de parler de "guerre des dieux" (Weber, 1959 : 91) : les valeurs, comme les dieux de l'Olympe, s'affrontent sans cesse entre elles. Les études de L. Boltanski et L. Thévenot (Boltanski et Thévenot, 1991) permettent également de comprendre comment dans une guerre de justification les différents systèmes de valeurs (pour eux principes supérieurs) s'affrontent afin d'être reconnus comme légitimes par le plus grand nombre. Les acteurs en conflits en négociant des ordres de grandeurs entre les différentes valeurs, cherchent à établir des consensus. Ces valeurs que nous attribuons aux choses, sont significatives de nos modes de représentations et de notre vision du monde. Organisées en système, elles créent ce que M. Weber appelle des processus de rationalisation qui s'expriment autant au niveau individuel que collectif. Les valeurs attribuées aux objets sont alors en connivence avec celles qui définissent les objectifs de nos conduites et les règles auxquelles chaque acteur se soumet. On peut donc déduire que les valeurs déterminent et donnent du sens à nos actions. D'un point de vue axiologique lorsque ces valeurs s'expriment à travers le jugement, on parle d'éthique. Il s'opère alors un glissement des conflits de valeurs attribuées aux objets vers les conflits de valeurs liés à l'éthique. Ce qu'il faut alors analyser ce sont les systèmes de légitimité afin de comprendre comment chacun tente d'imposer aux autres ses propres règles de conduite et donc son éthique. Une fois de plus les travaux de L. Boltanski et L. Thévenot sont très utiles pour cette analyse. Ils expliquent que c'est seulement par un processus de montée en généralité que les systèmes de valeurs peuvent gagner de la grandeur et leur légitimité en se définissant comme les meilleurs pour le bien commun.
C. Méthodologie
Quatre mois de terrain, m'ont permis de croiser et de confronter plusieurs sources complémentaires et d'utiliser le maximum d'instruments et d'outils ethnographiques permettant d'observer puis d'interpréter de manière cohérente la réalité que je me suis donnée d'analyser.
Les témoignages des différents acteurs concernés par Teyuna Ciudad Perdida ont été confrontés. Trente cinq interlocuteurs m'ont permis de mener à bien cette recherche. Concernant les institutions et vu le caractère diachronique de l'étude, j'ai décidé d'interroger d'anciens et de nouveaux fonctionnaires de l'ICANH en charge de la direction du parc archéologique et d'autres en charge du site en tant que Parc National Naturel (PNN). J'ai pu recueillir les voix d'actifs d'ONG omniprésentes dans la région et d'autres de la Casa Indígena(3). Certains chercheurs ayant appartenu aux premiers groupes envoyés sur le site dans les années 70 et 80, m'ont également fait part de leur expérience. Concernant les acteurs du tourisme, j'ai mené des entretiens avec les gérants des quatre agences qui proposent des tours à Teyuna Ciudad Perdida et douze de leurs guides. Après quelques entretiens formels avec les touristes, j'ai finalement décidé d'aborder ces acteurs au travers d'innombrables discussions informelles. Trente cinq d'entre eux ont également répondu à un questionnaire visant à définir leurs attentes, leurs représentations du voyage en général, en Colombie et surtout à Ciudad Perdida. Pour des raisons notamment d'accessibilité, de temps et de sécurité il m'a été un peu plus difficile de m'entretenir avec les populations locales indigènes et paysannes. Plusieurs entretiens ont tout de même eu lieu durant mes deux voyages vers le site mais les observations à leur égard ont été plus riches en informations.
Aux vues de l'actualité et de la multiplication des agences touristiques j'ai décidé d'effectuer deux travaux d'observation en partant directement faire le trek avec des groupes constitués au sein d'agences au profil différent. Je suis donc partie une première semaine avec Turcol l'unique agence à pouvoir voyager jusqu'au site jusqu'en 2006 et une seconde fois avec Magictours, une des nouvelles agences ayant décidé de travailler avec des guides issus de la région, des paysans du bas de la Sierra. Ces deux voyages avaient pour principal objectif d'observer les interactions touristiques lors des treks entre les guides, les populations locales et les touristes et de les confronter aux discours recueillis hors de cette situation concrète. Un autre type d'observation s'est effectué à Taganga, un village de pêcheurs où la plupart des touristes se rendent lors de leur séjour dans la région. Les agences de tourisme s'y établissent majoritairement. Vivre dans ce village était l'occasion d'observer au quotidien les dynamiques touristiques en lien avec le site et de parler avec des acteurs satellites, comme les gens du village ou ceux des hôtels, qui apportent un point de vue différent sur la question du tourisme à Teyuna Ciudad Perdida.
Un large corpus d'archives journalistiques traitant de Teyuna Ciudad Perdida depuis 1976 a aussi été recueilli pour cette recherche. Plusieurs « grands livres » sur la Colombie ainsi que douze guides touristiques faisant la promotion du site depuis 1986 ont été consultés afin d'analyser ce qui a donné de la visibilité à Teyuna Ciudad Perdida et donc ce qui a contribué à créer les imaginaires et la valeur touristique du site. Plusieurs éléments de littérature grise ont aussi été réunis (rapports officiels, actes de réunions). Enfin, j'ai trouvé pertinent de consulter les sites Internet des institutions pour voir les lignes politiques officielles, ceux des agences, pour analyser leur promotion touristique et ceux des touristes, à savoir les Forums et les blogs de voyage pour voir les réseaux que cela crée et comprendre comment fonctionne la publicité informelle entre les voyageurs qui, par "le bouche à oreilles" (virtuel ou non), parviennent à connaître le site.
I Patrimonialisation(4) et premiers conflits de valeurs
A) Des valeurs scientifiques à la valeur patrimoniale
Teyuna Ciudad Perdida est véritablement devenue un patrimoine à la croisée de valeurs qui lui ont été attribuées dès sa "découverte" en 1975. Par site, nous considérons autant les vestiges archéologiques que l'environnement qui les entourent puisque le tourisme s'effectue aussi bien à Teyuna Ciudad Perdida que dans les cuencas du Buritaca et du Guachaca qui y mènent. Les idées transnationales émergentes dès les années 1980 prônant autant la conservation de la diversité culturelle que celle de la biodiversité, ainsi que les projets nationaux en transition vers le multiculturalisme, influencent inévitablement les regards informés(5) qui se portent sur le site. Ainsi, des scientifiques et des experts interdisciplinaires vont rapidement faire de Teyuna Ciudad Perdida un site d'une si haute valeur scientifique et historique qu'il en devient inaliénable. C'est en mettant en avant la valeur patrimoniale de ce dernier que s'institutionnalisent les valeurs tant archéologiques qu'environnementales du lieu. La mise en place d'actions collectives visant à la préservation du site, révèle déjà les premiers conflits de valeurs au sein même des diverses institutions en charge de cette mission. La question de l'inaliénable est remise en cause par l'éventualité de financer la conservation du site par le développement touristique et les premières dissonances se font entendre. La question est encore plus délicate lorsque s'ajoutent les divergences qui peuvent survenir lorsque les valeurs indigènes sont considérées.
B) Valeurs indigènes contre valeurs patrimoniales
La cosmogonie des peuples natifs de la Sierra Nevada les amène à mettre particulièrement en évidence la valeur sacrée du site. En conservant Teyuna et l'environnement de la Sierra Nevada grâce à leurs savoirs ancestraux, les indigènes garantissent la pérennité de leur culture et l'équilibre de l'univers.
« Comensando pues, vamos a partir que hablamos de dos mundos diferentes. En el mundo Indígenas, para nosotros, el territorio es sagrado, nosotros lo llamamos la Madre Tierra. Desde allí nos alimentamos, desde allí nos levantamos, desde allí nos sostenemos y desde allí aprendemos ser indígenas. [...] Nuestro conocimiento, y ademas nuestra constitución no es escrita, nuestras bibliotecas son estatuas, nuestros sitios sagrados! A lo menos Ciudad Perdida es fundamental para nosotros, es la biblioteca [... ] Sabiendo que nuestro territorio es como una persona no podemos debilitarlo, y eso [...] en nuestra visión cultural, en el conocimiento cultural, eso no es algo para producir, para conseguir plata! » (Entretien avec Santo Sauna, remplaçant du Cabildo, le 06/11/08).
Les principes d'inaliénabilité et de préservation émanent une fois de plus de cette manière de considérer Teyuna Ciudad Perdida. Si la valeur inaliénable des lieux semble faire consensus entre indigènes, experts et scientifiques, elle constitue en réalité la base d'un des plus larges conflits liés au site. La notion d'inaliénable est intimement liée à celle de propriété. Un bien doit être possédé par un individu ou une communauté afin d'être perçu comme ne pouvant être cédé, ni à titre gratuit ni à titre onéreux.
« L'inaliénable, c'est ce sur quoi l'on ne peut céder devant personne et que l'on souhaite pouvoir transmettre à la génération suivante avec la vie, tout en se défaussant de la dette que l'on a contractée vis-à-vis de la génération précédente. Ce sur quoi l'on ne peut transiger, c'est ce pour quoi, éventuellement, on prendra les armes afin de chasser l'oppresseur du sol de la patrie, dû-t-on y laisser sa vie. La paix revenue, on « posera les lances », comme l'écrit Mauss, ou le « kalach », afin de parlementer et de s'engager dans l'échange. » (Warnier, 2009 : 45)
L'Etat au nom du patrimoine considère le site comme propriété de la nation colombienne et les indigènes au nom du droit à un héritage culturel sacré se considèrent eux aussi, comme les dépositaires légitimes du site. Sur la base de ces conflits de légitimité s'en suit une série de revendications indigènes réclamant leur ayant droit quant à Teyuna Ciudad Perdida. Revendications qui s'inscrivent dans la logique de mouvements indigènes qui émergent dès les années 1970. Il s'agit d'abord de lutter pour une libération cognitive devant rompre avec la violence symbolique exercée par les groupes dominants. Cette décolonisation imaginaire a pour but l'acquisition d'une idée positive du groupe ethnique sur lui-même et la négation de sa position subalterne. Pour ce faire, « le territoire est alors pensé et revendiqué comme inséparable de la culture et comme base de sa reproduction » (Gros, 2003 : 14). C'est en faisant prévaloir ces revendications d'ordre symbolique, culturel et territorial que les communautés indigènes revendiquent la propriété de Teyuna Ciudad Perdida et de fait, leur conception de l'inaliénabilité. Ainsi, jusqu'au milieu des années 1980, les valeurs indigènes entrent en conflit avec les intérêts des scientifiques. La manière dont les natifs de la région considèrent certains experts est explicite : « Ustedes los arqueólogos son como los guaqueros, pero con titulo » (Orantia, 1999 : 63). Cette appréciation rend compte du sentiment indigène d'expropriation. Cette population manifeste ainsi son désaccord de voir son site sacré spolié au nom de la science par des entreprises d'excavations qui impliquent une fuite des objets sacrés vers l'extérieur et les musées nationaux.
Concernant les revendications environnementales et les luttes indigènes pour l'affirmation de leurs droits culturels sur Teyuna Ciudad Perdida, elles trouvent facilement appui les unes sur les autres derrière l'image du natifs écologique (Ulloa, 2004) et l'idée de double conservation cultures / environnement (Dumoulin, 2003) (6).
C) Des paysans aux groupes armés : de nouveaux intérêts à considérer
Plusieurs paysans fuyant les violences de l'intérieur du pays, s'établissent dès la moitié du 20ème siècle sur les parties basses de la Sierra. Ce territoire acquière pour eux une valeur de subsistance. Ils visent à déboiser ces terres pour les cultiver afin de s'enrichir de productions agricoles mais aussi des trésors trouvés, volontairement ou non, dans les tombes précolombiennes sur lesquelles ils s'installent parfois. Rapidement, ces colonos renvoient une image négative aux yeux des scientifiques et des indigènes puisqu'ils apparaissent comme les détracteurs de toutes les entreprises de préservation induites par les valeurs patrimoniales et sacrées du site. La succession des groupes armés et des narcotrafiquants sur le territoire amène d'autres problèmes. Avec eux, c'est la violence, le profit de l'illicite et surtout le pouvoir qui règnent en valeurs maîtresses au-dessus de toutes les autres. Difficile de négocier la gouvernance d'un site quand ce sont les armes qui font la loi.
C'est dans ce tourbillon de valeurs et d'intérêts que naît progressivement le tourisme vers Teyuna Ciudad Perdida. Se nourrissant des valeurs de tous, un nouveau regard se porte sur le site : le regard formé ou esthétique(7). Celui-ci fournit le socle de tout l'imaginaire touristique lié à cette merveille archéologique, à son environnement naturel d'exception mais aussi, et contre toute attente, à son climat de violence.
II Du patrimoine à la destination touristique
A) La promotion de l'exotisme : une «invitation au voyage»
Les valeurs attribuées à Teyuna Ciudad Perdida ont mis peu de temps pour convertir ce site patrimonial en destination touristique. Les actions promotionnelles parfois involontaires ont créé et diffusé des imaginaires qui ont fait naître les valeurs touristiques du site. L'ethnologisation (Doquet, 1997) de la Sierra Nevada doublée d'une diffusion photographique mettent en avant les marqueurs ethniques et naturels de la région. Les conflits institutionnels des premiers temps quant à la gestion du site, sont relayés par la presse nationale contribuant ainsi à grandir par un effet performatif les valeurs ethniques, environnementales et archéologiques du site. Les représentations sous-tendues par ces valeurs appellent à une véritable "invitation au voyage" teintée d'exotisme. Cette destination est paradigmatique de l'Ailleurs dans les imaginaires occidentaux. Le fantasme d'une nature vierge évoque autant l'éden que l'enfer. Les populations natives de Sierra Nevada symbolisent plus que nulle part ailleurs, l'image du natif écologique, celle d'un indigène qu'il faut rencontrer pour constater son caractère "sauvage" et protéger pour préserver ses savoirs tant écologiques que spirituels. On le voit l'exotisme véhiculé par ces représentations viennent confirmer les dualismes modernes de Nature / Culture, société industrialisée / société sauvage maintenues par les imaginaire et les valeurs du tourisme qui appellent à une consommation de signes exotiques.
B) Une vitrine diplomatique
Teyuna Ciudad Perdida est également la gloire de la Colombie et devient rapidement un symbole national. Sa valeur d'exceptionnalité sert de vitrine diplomatique. Quoi de mieux qu'une cité préhispanique rénovée et entretenue pour montrer la richesse culturelle d'un pays et son respect pour les populations indigènes alors en pleine reconnaissance de droits au niveau transnational ? Dès les premiers temps, des personnalités du monde entier ont eu l'occasion de se rendre en hélicoptère vers le site archéologique afin d'en apprécier les vertus. Que ce soit la venue des premières dames d'Amérique Latine ou celle de Fidel Castro, toutes ont participé d'une diffusion de l'image du site à travers le monde.
C) Quand la valeur devient marchande : vers une mise en tourisme
Teyuna Ciudad Perdida présente toutes les valeurs idéales pour devenir une destination touristique. Certains l'ont vite compris. Ce sont des guides clandestins qui commencent à emmener les premiers voyageurs intrépides jusqu'au site. Les groupes armés de la région s'emparent ensuite de ce commerce en plein essor, négociant avec les institutions légales la création de l'agence Turcol en 1993. Cette agence fut pendant plus de vingt ans la seule à bénéficier de la protection des paramilitaires et donc la seule à pouvoir transiter avec des touristes pour se rendre jusqu'à Teyuna Ciudad Perdida. La démobilisation de ces groupes armés, doublée de l'éradication des cultures illicites de la région, implique une réorganisation des activités économiques de la zone dont le tourisme fait partie. De nouvelles agences se créent, offrant la possibilité aux paysans de devenir guides. La régulation touristique imposée par les armes jusqu'alors devient obsolète et la concurrence des nouvelles agences entraîne une série de nouveaux problèmes sur le territoire. Les capacités de charges tant archéologiques qu'écologiques sont discutées et les interactions avec les populations indigènes se multiplient. Les agences déploient de nombreuses stratégies marketing étiquetant clairement les valeurs devenues marchandes de Teyuna Ciudad Perdida. Elles tentent d'attirer les touristes en vantant les valeurs culturelles, ethniques et écologiques du site comme le fait la brochure publicitaire suivante en présentant la communauté indigène réunie autour des vestiges archéologiques, le tout plongé dans une nature vierge démesurément verte sur cette plaquette.
Les guides touristiques vont dans le même sens, alors que les blogs et les forums de voyages, qui se développent de plus en plus, contribuent à créer une communauté(8) de voyageurs authentiques, de néo-aventuriers : les backpakers.
D) Vers Teyuna Ciudad Perdida : voyage initiatique et valorisation du risque
Les aspirations écologiques des voyageurs ainsi que leur représentations quelques peu rousseauistes d'une forêt tropicale non pervertie, les amènent à se rendre à Teyuna Ciudad Perdida. Mais ce n'est pas seulement la rupture avec la modernité et le retour vers un paradis perdu fantasmé qui motivent leur voyage. Ce périple empli de symboles, acquiert un caractère sacré et initiatique. Pour accéder à Teyuna Ciudad Perdida, la fatigue, l'effort et le risque imposé par l'hostilité du lieu, apparaissent comme les équivalents symboliques des rites de purification spirituelle. Ce voyage au cœur de la forêt tropicale rappelle l'ordalie du Moyen-Âge où la quête du salut évoluerait à notre époque en quête de soi. Aussi, ce voyage permet-il l'accès symbolique à un statut social qui s'impose par la distinction. Le touriste se laisse enchanter (Winkin, 2001) par son voyage. Par un processus de dénégation il se persuade de vivre une aventure authentique jouant un rôle qui le fascine. Cette ordalie contemporaine est d'autant plus forte et convertit d'autant plus le visiteur en être d'exception, que celui-ci transgresse les interdits. La Colombie et particulièrement la Sierra Nevada, plus que n'importe quelle autre destination, symbolise le danger. La prise de risque, qu'elle soit réelle ou imaginaire, contribue à rendre plus intense l'existence du voyageur. C'est aussi pour lui l'occasion de se distinguer du vulgaire touriste en se rendant dans un des rares endroits encore peu visités du monde, l'insolite devient une valeur précieuse. Cette quête de reconnaissance qui passe par la valorisation du risque, explique pourquoi le kidnapping de touristes en 2003 par le groupe de guérilla ELN n'a pas tant porté atteinte au tourisme. Cela explique également le succès du narcotourisme et permet de comprendre pourquoi une des principales attentes des voyageurs est de comprendre les mystères de la production de cocaïne lors du trek.
III) Quel destin touristique pour Teyuna Ciudad Perdida ? Valeurs en conflit, guerres de justification et incapacité effective
A) Le téléphérique chemin de traverse et de controverses
La valeur touristique du site ainsi établie provoque inévitablement des conflits d'intérêts mais surtout des disputes en justice au sein desquelles de multiples systèmes de valeurs s'affrontent. Le projet de créer un téléphérique qui traverserait la Sierra Nevada pour accéder au site sans marcher pendant six, est un cas paradigmatique permettant de mettre en évidence les guerres de justification (Boltanski et Thévenot, 1991)que provoque le développement touristique vers Teyuna Ciudad Perdida. Les perspectives de l'Etat, celles du département du Magdalena et de Santa Marta, soutiennent le projet en valorisant le progrès et la technique et en présentant le téléphérique comme un atout incontournable pour le développement de la région et son économie. Le site, avec cette installation, pourrait acquérir une valeur marchande et industrielle qui bénéficierait à tous et rendrait plus compétitive Santa Marta sur le marché touristique(9). Face à cet argumentaire, les indigènes revendiquent leurs droits afin de protéger Teyuna au nom de leur tradition(10), de la conservation de leur culture et de la nature. Ils parviennent facilement à monter en généralité leurs arguments en expliquant que ce projet représente un danger pour l'équilibre du monde entier(11). Le PNN et l'ICANH ne soutiennent pas non plus cette entreprise. Ils expliquent que la protection et la conservation du site archéologique (patrimoine national) et du parc naturel (patrimoine de l'humanité) seraient compromises par cette construction. Le téléphérique porterait ainsi atteinte à la sauvegarde de biens communs et irait à l'encontre d'un bénéfice partagé. La notoriété en concurrence des différents acteurs qui s'affrontent, ainsi que l'insoluble dilemme qui oppose les principes de conservation à ceux du développement, font pour le moment stagner le téléphérique au statut de projet sans pour autant le faire disparaître des négociations. Ces épreuves de justification, concernent aussi et surtout le tourisme pédestre.
B) Le tourisme éthique : une tour de labels
Influencés par les chartes, les labels et les codes de bonnes conduites touristiques au rayonnement transnational, les politiques ne peuvent plus penser le tourisme vers Teyuna Ciudad Perdida sans chercher à développer une éthique souvent associée aux concepts d'éco-ou d'ethnotourisme. Ces nouvelles manières de penser et de faire du tourisme n'ont pourtant pas plus de clarté au niveau local qu'international. Les politiques locales voient en l'écotourisme un moyen supplémentaire de valoriser la région tout en respectant les principes de conservation. Cependant, de la même manière qu'au niveau international, ces politiques ne précisent rien sur les mesures concrètes à prendre pour une mise en application. C'est à nouveau aux institutions (PNN, l'ICANH et ONG) de réfléchir aux problématiques liées à l'écotourisme afin de l'envisager d'abord comme un outil de conservation. Ces institutions qui cherchent depuis plus de vingt ans à donner un caractère éthique au tourisme dans les cuencas concernées ne parviennent toujours pas à s'entendre sur ce projet commun. Les concurrences institutionnelles et personnelles bloquent parfois les négociations mais surtout rendent obsolète l'application de ce tourisme alternatif.
C) Repositionnement des populations locales
Pour les populations locales, le tourisme acquiert de nouvelles valeurs. Les paysans y voient une nouvelle source de revenus mais ne sont que peu intégrés au principe de gouvernance de l'écotourisme. Malgré leurs oppositions, les indigènes ne peuvent aujourd'hui plus ignorer le développement de cette activité sur leur territoire. Les autorités supérieures indigènes réfléchissent à des moyens pour réguler et contrôler le tourisme. Une nouvelle fondation créée par de jeunes Wiwas et Arhuacos, propose la création d'une agence indigène afin de gérer eux-mêmes l'activité touristique et d'en faire bénéficie financièrement que toute la communauté. Ces perspectives, qui vont à l'encontre des valeurs de los mayores soutenues jusqu'alors, questionnent l'unicité des positions indigènes quant au tourisme actuellement.
D) Les interactions touristique symptomatiques des dysfonctionnements
Enfin, au delà des discours institutionnels, les voyages vers Teyuna Ciudad Perdida sont dans la pratique loin de correspondre aux principes et aux valeurs promus par les institutions. Les agences ne coopèrent que très peu avec les locaux. Les guides mal formés tendent à désinformer les touristes maintenant souvent les stéréotypes liés à la région et aux indigènes. Les interactions entre indigènes et touristes, loin de ressembler à des rencontres interculturelles, favorisent la réification des populations natives. Les indigènes en excluant tout échange, encouragent les touristes à ne consommer que leur image. Les interactions provoquées par la pratique photographique des touristes sont significatives à ce sujet. La muséification de la culture indigène induite par les actions patrimoniales peut glisser vers une chosification des populations réceptrices, réactivant ainsi le dualisme moderne société primitive / société civilisée parfois si difficile à dépasser en contexte touristique. Les voyageurs ignorant les règles à suivre en territoire indigène commettent, sans le savoir, de nombreuses infractions ce qui révèle un manque d'informations fournies aux guides et aux touristes, si ce n'est un manque d'intérêt.
Conclusion : les systèmes de valeur à l'épreuve de la violence
Cette recherche met l'accent sur les négociations entre les différentes institutions, entre celles-ci et les agences de tourisme, il est également question des conflits d'intérêts entre les différentes populations locales de la région. Cette étude confronte aussi les divers intérêts et principes qui émanent de l'Etat au niveau national et régional. Les touristes ne sont pas non plus exclus des figures à prendre en compte pour comprendre les conflits de valeurs qui limitent une mise place d'un tourisme clairement défini vers Teyuna Ciudad Perdida. Certes, les épreuves de justification ne sont pas achevées entre tous ces protagonistes mais si elles le sont un jour, si un consensus émerge, elles devront encore se confronter à la situation sociopolitique de la région.
La démobilisation des groupes paramilitaires semble avoir rendu la région plus calme et la présence de l'Etat par un développement militaire important, paraît avoir pris le contrôle de la région. Si les problèmes liés aux différentes manières de concevoir le tourisme vers Teyuna Ciudad Perdida ne disparaissent pas, on peut au moins espérer des négociations uniquement dans le cadre de la légalité et sans violence. Les acteurs des négociations pourraient ainsi aspirer à rester dans des régimes d'action qui relèvent exclusivement de dispute en justice (Boltanski, Thévenot,1991), par opposition aux disputes en violence au sein desquelles l'impératif de la justification disparaît au profit de l'épreuve de force. Cependant la région reste instable, les groupes armés se forment, se démobilisent et se reconstituent et rendent de ce fait obsolètes toutes régulation et mises en place de projets concrets.
Notes de bas de pages
(1) Instituto Colombiano de Antropología devient ICANH en 1999 Instituto Colombiano de Antropología e Historia.
(2) C'est ce qui justifie l'usage de guillemets lorsqu'il sera question de la "découverte" du site en 1976.
(3)Notamment celle du remplaçant du cabildo : représentant politique légal des populations indigènes, chargé de défendre leurs droits et établir une interface avec le monde extérieur.
(4) Le processus de patrimonialisation permet de donner une nouvelle fonction aux objets considérés comme devant être préservés. Le patrimoine peut parfois devenir moteur de développement local à travers l'activité touristique ou encore un support aux stratégies identitaires et politiques. "En somme, donc, la patrimonialisation est un processus symbolique qui, par le biais de la science, change le statut de l'objet pour l'instituer comme médiateur entre nous et les gens du passé, entre nous et les générations à venir, une manière d'établir une continuité dans le temps, de stabiliser les fondements de nos sociétés" (Davallon, 2006).
(5) Les regards informés sont ceux qui dépendent d'un savoir (Larrère & Larrère, 1997 : 201-207). Concernant Teyuna Ciudad Perdida ce sont ceux des archéologues, des anthropologues, des architectes, des botanistes, des biologistes, de tous les scientifiques et experts en général qui ont travaillé sur le site depuis 1976.
(6) La crise économique et environnementale de la fin du 20ème siècle fait naître l'image du natif écologique comme alternative aux sociétés urbaines occidentales. L'indigène spirituel vivant en harmonie avec la nature apparaît comme idéal identitaire. L'image du natif écologique est réutilisée dans les discours écologiques comme argument politique. Les indigènes gagnant de plus en plus de reconnaissance, entretiennent et utilisent aussi cette image. De plus, l'idéologie en plein essor dès les années 1980 qui prône la conservation de la diversité des cultures, termine de faire le lien entre valeurs culturelles et valeur environnementales à protéger. Le principe de « la double conservation » (Dumoulin, 2003) nous explique parfaitement comment les discours et les causes écologistes ont servi les revendications et mobilisations indigènes et inversement.
(7) Les regards formés ou esthétiques sont les regards exogènes par excellence. Se sont ceux dont les représentations dépendent de références culturelles orientées par les médias, (reportages, revues, récits de voyages, films) orientés eux-mêmes par ceux qui connaissent le lieu (initiés et informés). Les touristes, qu'ils soient colombiens ou étrangers, sont les premiers à porter un regard esthétique sur Teyuna Ciudad Perdida. C'est d'ailleurs ce qui les pousse à vouloir s'y rendre (Larrère & Larrère, 1997 : 201-207)
(8) Face à la touristification du monde par laquelle s'opère une récupération marchande de nos désirs d'évasion, les Backpackers font naître une nouvelle communauté dépositaire de valeurs, normes et attitudes visant à contourner ce processus de marchandisation. Ils voyagent avec peu de moyens mais beaucoup de temps, parcourant les régions, les pays, en se laissant la liberté d'improviser leurs destinations. Telle une communauté, ils partagent autant des qualités objectives les caractérisant, qu'un sentiment subjectif d'appartenance à un même groupe (Weber, 1995 : 130). Les backpackers partagent la conviction de l'excellence de leurs propres valeurs quant à leur manière d'entreprendre le voyage. Convaincus d'être de véritables voyageurs, ils sont au final, aussi soucieux de se revendiquer comme tel, en opposition au vulgaire touriste, que de chercher l'authenticité à travers l'Autre. Le voyage authentique n'est qu'un alibi pour être un authentique voyageur.
(9) Ces arguments rappellent le modèle de deux cités mis en avant par L. Boltanski et L.Thévenot. La première, la cité industrielle, se fonde sur la mise en évidence de l'efficacité et de la capacité à planifier à long terme. La grandeur des personnes se base sur leur aptitude à assurer l'avenir par le contrôle, la prévisibilité, la stabilité et la fiabilité. La seconde, la cité marchande, établit le lien marchand comme principe supérieur commun. La grandeur des défenseurs de ce principe supérieur est établie en fonction de leur capacité à acquérir ou à vendre des biens de valeur. Notons que ces arguments vont à l'encontre des principes prônant l'inaliénable.
(10) Cela faisant échos à la «cité domestique qui désigne un univers se référant à des relations de dépendance personnelle, d'appartenance à des corps, à des lignées dépassant la succession des individus. Les biens y sont des objets familiers faisant l'objet d'une transmission personnelle au sein d'un groupe défini et sont dotés par cette personnalisation d'une valeur d'unicité». (Godrad, 1990 : 10).
(11) Les populations indigènes s'inscrivent pour cela dans la logique de la cité inspirée, se considérant comme les garants de l'équilibre du monde grâce à une connexion avec le sacré. Cette connexion passe par la protection des lieux spirituels connectés les uns aux autres. L'établissement d'un téléphérique traversant ces territoires sacrés mettrait donc en danger l'équilibre du monde tout entier. Les mayores sont les inspirateurs des règles de conduites et des valeurs à suivre pour le maintien du monde et le bien universel. La montée en généralité de leurs arguments et de leurs valeurs fait de la protection et la conservation de leurs sites sacrés la garantie de leur survie mais aussi de celle des hermanos menores (les blancs).
Références bibliographiques :
Boltanski L., Thévenot L. (1991). De la justification, Les économies de la grandeur. Paris : Gallimard.
Davallon J. (2006) Le don du patrimoine Une approche communicationnelle de la patrimonialisation. Paris : Lavoisier.
Dumoulin D. (2003). Les politiques de conservation de la nature confrontées aux politiques du renouveau indien, une étude transnationale depuis le Mexique. Thèse de science politique. Institut d'études politiques de Paris.
Doquet A. (1997). Les masques Dogon sous le regard de l'autre : fixité et changement dans une société ethnographiée. Thèse d'Anthropologie sociale et culturelle. Université Bordeaux II.
Godard Olivier. (1990). « Environnement, modes de coordination et systèmes de légitimité : analyse de la catégorie de patrimoine naturel ». Revue économique. Vol 41(2) : 215-241. Paris : FNSP.
Gros Christian. (2003) « Demandes ethniques et politiques publiques en Amérique latine ». Problèmes d'Amérique latine. n° 48 : 11-31. Paris : Choiseul.
Larrère C., Larrère R. (1997). Du bon usage de la nature, pour une philosophie de l'environnement. Paris Alto : Aubier.
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Warnier Jean-Pierre (2009). "Les politiques de la valeur". Sociétés politiques comparées. n°11. Paris : FASOPO.
Weber M. (1995). Economie et société. Paris : Plon.
Weber M. (1959). Le savant et le politique. Paris : Plon.
Winkin Yves. (2001), « Propositions pour une anthropologie de l'enchantement ». dans, Rasse P., Midol N., Triki F. Unité-Diversité. Les identités culturelles dans le jeu de la mondialisation, Paris : L'Harmattan.
Pour citer cet article :
Guilland Marie-Laure, «Teyuna Ciudad Perdida (Sierra Nevada de Santa Marta, Colombie) Conflit de valaur face à l'émergence d'une destination touristique», RITA, N°3 : avril 2010, (en ligne), Mis en ligne le 8 avril 2010. Disponible en ligne http://www.revue-rita.com/traits-dunion-thema-51/teyuna-ciudad-perdida-thema-142.html