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Catégories marchandes, stimulants matériels et transition au socialisme à Cuba

Cuba se proclama en transition vers le socialisme en 1961 suite à la révolution initiée en 1959. Les débats vont vite s’engager sur la forme que devra prendre la transition et en particulier sur le rôle que devront y tenir les stimulants matériels et la loi de la valeur en général...


 ...L’article présenté ici, fruit d’une recherche entamée il y a plus d’un an, cherchera à étaler les résultats de l’étude théorique réalisée sur la question et sur sa transcription pratique sur le cas cubain. Il en ressort que la persistance des éléments marchands durant la phase de transition est nécessaire pour un pays en état d’arriération économique au moment de la révolution et que la plus ou moins forte persistance de la loi de la valeur, afin d’augmenter de manière efficace les forces productives - celle-ci devant dépasser celles du capitalisme pour réaliser effectivement le socialisme - va dépendre de plusieurs éléments. L’analyse du cas cubain en particulier, c'est-à-dire l’évolution du rôle des stimulants matériels et des catégories marchandes depuis la révolution jusqu’à aujourd’hui, permettra de mettre en perspective les éléments déterminants et de réfléchir plus précisément sur la transition cubaine. Cet article ne se veut pas complet et les lecteurs intéressés pourront se référer au mémoire dont il est tiré et aux futurs travaux qui seront réalisés par l’auteur du fait du caractère encore embryonnaire de la recherche.

 Mots clés : Cuba; Socialisme; Transition; Stimulants matériels.

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Jérôme Leleu

Master 2 recherche Economie

Institut des Hautes Etudes de l'Amérique latine (IHEAL)
Université Paris 3 - Sorbonne Nouvelle

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Catégories marchandes, stimulants matériels et transition au socialisme à Cuba

 

 

Introduction

          Cet article a pour but de résumer un travail de recherche engagé il y a plus d’un an, portant sur les stimulants matériels à Cuba. Afin d’éclaircir le sujet, essayons tout d’abord de définir la notion de stimulants matériels. Ce que nous appelons stimulants matériels dans le cadre d’une analyse d’une économie en transition vers le socialisme ce sont tous les avantages ou primes monétaires ou en nature accordés aux travailleurs en fonction de leur travail réalisé et qui ont pour but d’augmenter  la productivité de celui-ci.

Inciter matériellement les travailleurs a souvent été porté à débat au sein des économies qui se sont engagées (ou se sont proclamées comme telles) dans la voie (non linéaire) de la construction du socialisme, en particulier à Cuba, où un débat important exista au début des années 1960, peu après la révolution de 1959. En effet, les stimulants matériels au cours de la période de transition ne peuvent être perçus que comme des résidus des rapports de production (ici plus particulièrement de distribution) du capitalisme et donc seulement comme des formes de rémunération transitoire, qui devront disparaître à un  moment donné.

Marx précisa qu’au cours de la phase inférieure du communisme, le socialisme, certaines tares de l’ancienne société, du capitalisme, continueraient de régir en partie les rapports de production.

« Le droit ne peut jamais être à un niveau plus élevé que l’état économique et que le degré de civilisation sociale qui y correspond ». (Marx, 1968)

Il faut rappeler que les révolutions qui se sont produites au cours du XXe siècle ont eu lieu dans des pays à faible développement économique (Russie, Chine, Cuba), alors que Marx et Engels prévoyaient la première révolution prolétarienne dans des pays fortement industrialisés qui auront poussé à bout la contradiction bourgeoisie/prolétariat. Le socialisme que l’on pourrait caractériser par la dictature du prolétariat (politique) et la socialisation de l’ensemble des moyens de production (économique) ne peut être atteint juste après la révolution en raison de l’arriération économique du pays. Une phase de transition du capitalisme au socialisme s’avère donc nécessaire. Elle se caractérisera par la dictature du prolétariat et l’accumulation socialiste primitive du secteur nationalisé en vue de la socialisation des moyens de production et de l’accumulation socialiste(1).

Durant cette phase de transition vers le socialisme, le rôle des catégories marchandes, de la loi de la valeur et des stimulants matériels au sein du secteur d’État devrait donc exister.  De plus un secteur privé pourrait persister, par exemple au niveau agricole, artisanal, voire parfois industriel, en raison du faible développement technique et de la non interdépendance des branches de l’économie entre elles. Le non lien des différents secteurs de l’économie ne permet pas un calcul des besoins de la société en temps de travail nécessaire.

Les résultats théoriques de ma recherche permettent de montrer qu’il existe plusieurs facteurs qui vont déterminer la plus ou moins grande persistance des relations marchandes durant la période de transition du capitalisme au socialisme. Tout d’abord, l’état des forces productives du pays qui s’engage ou déclare s’engager dans la construction du socialisme est un facteur déterminant. Plus le caractère des forces productives est faible plus la loi de la valeur peut jouer un  rôle important pour un développement soutenu de la production. Mais une relation mécanique entre rapport de production et caractère des forces productives est à rejeter. En effet, l’établissement de nouveaux rapports de production va dépendre de la lutte de classe qui prévaut dans le pays et des rapports de classe existants. Si une réelle dictature du prolétariat est effective, la conscience, une réelle compréhension des contradictions (entre plan et marché) de la période de transition, permettra l’établissement de rapports sociaux plus élevés qui tendront à accroître les forces productives.

« La transformation socialiste des rapports de production résulte toujours de la lutte de classe et avant tout de la lutte idéologique et politique de classe menée à l’échelle de la formation sociale ». (Bettelheim, 1968)

La lutte politique permettra aux nouveaux rapports de production d’imposer la façon dont les forces productives doivent croître, mais la croissance des forces productives est indispensable afin de rendre pérennes les rapports de production et de leur permettre de se développer jusqu’au communisme. Le degré d’usurpation du pouvoir de la classe ouvrière par une bureaucratie jouera donc un rôle en ce qui concerne l’utilisation de la loi de la valeur et des rapports de distribution (stimulants matériels) qui lui sont liés. Plus une bureaucratie usurpe le pouvoir de la classe ouvrière et plus celle-ci est moins intéressée et consciente des buts politiques et économiques à atteindre et plus l’utilisation des stimulants matériels et des catégories marchandes devra être importante pour un accroissement efficient des forces productives.

Le troisième facteur n’est pas moins important. Plus un pays est isolé en tant qu’économie en transition, moins les échanges solidairement intégrés et pérennes, au sein d’une division internationale socialiste du travail, sont élevés. Le pays, surtout s’il a un faible développement initial de ses forces productives, devra essentiellement compter sur ses propres forces et l’utilisation de catégories marchandes devra être plus élevée. Les trois facteurs vont influer de manière dialectique et parfois pourront rentrer en contradiction les uns les autres. C’est l’interrelation de ces trois facteurs déterminera le rôle que la loi de la valeur devra jouer pour un développement efficient des forces productives et donc aussi de l’amélioration des conditions de vie de la population qui reste un objectif majeur du socialisme. Ceci peut être considéré comme les hypothèses de recherche.

La révolution cubaine se produisit en 1959 et la proclamation du caractère socialiste de celle-ci fut prononcée en 1961, suite à une lutte qui a opposé les forces révolutionnaires cubaines et l’impérialisme étasunien ainsi que les forces révolutionnaires (petite bourgeoise et prolétarienne) et la bourgeoisie cubaine. Cuba se rapprocha donc de l’URSS avec qui elle commença à effectuer des échanges commerciaux. Cuba encore aujourd’hui se proclame comme pays en transition vers le socialisme(2) comme le rappelle le discours de Raul Castro, le 1 août 2009. Le but de la recherche effectuée, outre la réflexion théorique, est d’analyser les différentes périodes de la révolution cubaine en ce qui concerne l’appréhension de la politique vis à vis des stimulants matériels et de l’utilisation de ceux-ci en rapport avec la réflexion théorique antérieure, et de comprendre les problèmes quant à une application effective d’une bonne rémunération socialiste à Cuba.

L’étude se fera en trois étapes En premier lieu, nous analyserons la première période de la révolution cubaine de 1959 à 1970. Ensuite,  nous prendrons en compte les décennies 1970 et 1980 au cours desquelles le système économique s’aligna en partie sur celui de l’URSS. Et enfin, nous finirons notre étude sur la période post chute de l’URSS où des changements majeurs eurent lieu en raison d’une grave crise économique.

 

I. La première période de la révolution cubaine : tâtonnement et offensive révolutionnaire

A. Grand débat économique et tâtonnement pratique

          Un fait manifeste à Cuba, au début de la révolution était le manque d’expérience des nouveaux dirigeants cubains concernant la politique économique socialiste. De nombreux experts étrangers furent appelés pour conseiller les premières perspectives de plans économiques(3). C’est à partir de 1963, que deux courants opposés vont voir le jour publiquement et vont commencer un débat d’opinion important essentiellement par l’intermédiaire de revues théoriques(4). Ce débat portait sur le type ou plutôt le degré de planification économique à adopter et plus spécifiquement sur l’utilisation de la loi de la valeur au sein du secteur nationalisé et donc sur l’utilisation de stimulants matériels pour les travailleurs dans la période de transition.

Certains experts étrangers tels Charles Bettelheim et Ernest Mandel participèrent au Grand Débat Economique. Ernesto Guevara, fit partie du camp qui rejetait l’utilisation de la loi de la valeur et la prédominance des stimulants matériels(5)car ils favoriseraient les comportements égoïstes et le rétablissement du capitalisme. Il proposera le Système Budgétaire de Financement (SBF) comme forme de planification qui sera appliquée à l’industrie au cours de son mandat au ministère de ce secteur. Les partisans d’une plus large utilisation des stimulants matériels et de la loi de la valeur (Carlos Rafael Rodriguez, Alberto Mora, Charles Bettelheim(6)) faisaient référence au faible développement des forces productives pour justifier leur point de vue.

Pendant un certain temps, Guevara fut donc responsable du ministère de l’industrie, Carlos Rafael Rodriguez, ministre de l’INRA (Institut National de la Réforme Agraire) et Alberto Mora ministre du commerce extérieur. Il en résulta que deux types de planification furent appliqués. Le SBF dans l’industrie et un système budgétaire étatique modifié dans l’agriculture avec une plus grande utilisation de la loi de la valeur. Au  niveau de l’incitation au travail, les deux systèmes ont appuyé leurs revendications. Dans l’agriculture, des systèmes de salaire aux pièces et de récompenses matérielles ont été mis en place, bien que dans une faible mesure. Dans le secteur industriel, l’accent a été mis sur les stimulants moraux à travers des récompenses honorifiques (médailles, drapeaux) distribuées par la CTC (Centrale des Travailleurs Cubains) ainsi que par les discours des leaders qui sont là pour encourager le peuple à l’effort de création de la société socialiste. Il existait également des incitations monétaires au sein du secteur industriel, des bonus pour le dépassement des normes, mais aussi des malus pour le non accomplissement de celles-ci. Si un travailleur n’accomplissait que 90% de la norme de production, il perdait 10% sur son salaire, mais s’il dépassait de 10% la norme, l’augmentation de son revenu ne correspondait qu’à la moitié du dépassement (ici 5%), mais sans dépasser le niveau du degré supérieur de l’échelle salariale. Ce type de stimulant matériel correspondait à la vision de Guevara pour promouvoir la formation professionnelle.

Cette période fut donc une période de tâtonnement (ce qui peut caractériser toute l’histoire de la révolution cubaine), tant sur le plan de la politique économique (planification) que sur celui plus particulier de la stimulation. Mais n’oublions pas de souligner que beaucoup d’autres choses ont été faites à ce moment-là et qui ont une importance pour notre raisonnement, telles que l’augmentation significative des salaires, l’abaissement du prix des loyers et l’instauration du système de rationnement entre autres.

 

B. L’offensive révolutionnaire

Le début de la période nommée « offensive révolutionnaire » peut se dater en 1966, lors d’un discours de Fidel Castro, le 26 juillet. Celui-ci, depuis le début de la révolution, n’avait pas réellement pris parti pour l’une ou l’autre des deux tendances. On sait que Guevara a quitté Cuba en 1965 pour aider au développement de guérillas dans d’autres parties du monde (Congo, Bolivie). Certains analystes affirmaient que les mesures de l’offensive révolutionnaire correspondaient à la vision de Guevara sur la planification. En réalité, cela peut se contredire facilement.

En effet, à la suite du discours de Fidel Castro, très critique vis-à-vis des stimulants matériels et de l’existence des relations marchandes sous le socialisme, la centralisation des ressources va s’effectuer dans l’agriculture, les tenants du calcul économique vont être relégués à des postes de second plan, et les stimulants matériels mis en place depuis la révolution, vont être progressivement supprimés. Un système de plans spéciaux va gérer toutes les relations du secteur économique socialiste. Il faut rappeler que Cuba à ce moment, est le pays où le taux de moyens de production détenu par l’État est le plus élevé au sein des économies socialistes planifiées. Pendant hiver de 1968, 56 638 petits commerçants virent leurs biens  confisqués (Mesa-Lago, 1971). A cette date, 30% des terres agricoles restaient de petites exploitations privées, tous les autres moyens de productions (agricoles, industriels) ayant été nationalisés(7).

La planification centralisée, sans utilisation de la loi de la valeur, le rejet et la suppression des stimulants matériels – ceux-ci le furent progressivement et leur suppression effective peut être datée de 1968 - montrent que les dirigeants cubains souhaitaient construire le socialisme et le communisme le plus rapidement possible. Nous pouvons dire que les rapports de production qui ont voulu être mis en place furent trop élevés (en direction du socialisme) au vu de la situation de Cuba. Tout d’abord, près de dix ans après la révolution, l’état des forces productives restait encore faible à Cuba. Deuxièmement, l’effervescence révolutionnaire avait perdu de son ampleur et une bureaucratie commença à s’affirmer au pouvoir. De plus, les relations avec les économies planifiées d’Europe de l’Est et avec l’URSS ne s’étaient pas encore stabilisées.

Les résultats économiques de Cuba au cours de cette période furent catastrophiques en particulier en ce qui concerne la productivité du travail, et les rapports de production trop élevés mis en place à cette période n’étaient pas justifiés pour un accroissement notable des forces productives. L’échec de l’offensive révolutionnaire fut mis en valeur par l’échec de la zafra(8) des 10 millions de tonnes de 1970, et sa politique sera remise en cause à partir de ce moment.

 

II. Le Système de direction et de Planification de l’Economie (SDPE) : 1972-1989

A. Explication du nouveau système de direction économique

          A partir de l’échec de la zafra de 1970, les mesures de l’offensive révolutionnaire seront remises en cause. Dès 1971, le principe émis par Marx dans la critique du programme de Gotha « à chacun selon ses capacités, à chacun selon son travail », principe correspondant au rapport de distribution devant dominer lors de la phase inférieure du communisme, le socialisme est réaffirmé comme principe de base de la rémunération du travail. Il s’ensuit, et cela dès 1970, une reprise de l’application de normes de travail dans tous le pays. Les normes de travail avaient décliné voire disparu depuis « l’offensive révolutionnaire ». En 1972, 3000 unités économiques étaient normées, en 1973, 53000 et en 1975, 69091 (Karl, 1975). Les normes de travail ont pour but, bien sûr, de régler le niveau de salaire des travailleurs au niveau de la production atteint et à l’augmentation de la productivité. En 1975, 48% des travailleurs travaillaient en accord avec des normes de production et 20% avaient leurs salaires liés à l’accomplissement et au dépassement de ces normes (Rodriguez, 1990).

Le SDPE sera mis en place à partir de 1976, date du début du premier plan quinquennal cubain. Depuis 1972, Cuba était rentré au sein du Conseil d’Assistance Economique Mutuel (CAEM). La grand majorité des échanges commerciaux cubains étaient donc inclus et planifiés avec ceux des pays d’Europe de l’Est et de l’URSS principalement. Nous pouvons constater aussi que le fonctionnement de la planification et des entreprises au sein du SDPE se rapprochait fortement du système soviétique rénové des réformes de 1965.

Les objectifs affirmés du nouveau système étaient ceux-ci :

-       Conjuguer l’intérêt social général avec le particulier des organismes, provinces, entreprises et travailleurs ;

-       Arriver à l’efficience maximale au niveau économique à travers l’utilisation plus rationnelle de ressources matérielles et humaines et produire le maximum de résultats avec le minimum de dépenses ;

-       Établir des mécanismes qui assurent la discipline nécessaire au travail, et qui contribuent à l’augmentation constante de la productivité et stimulent à élever la qualité de la production de biens et services ;

-       Établir la corrélation adéquate entre stimulants matériels et moraux de manière à ce que les deux formes de stimulants contribuent à la fois à l’augmentation de l’efficience économique et au développement de la morale socialiste et communiste (Perez, 1985).

Le but du SDPE était de laisser plus de place au calcul économique et de donner plus d’autonomie aux entreprises afin de relancer la production et d’élever leur efficience en donnant plus de responsabilités et d’intéressement aux membres des unités économiques, en particulier les directeurs. Une dose plus importante de stimulants matériels fut incorporée. Trois fonds de stimulation furent créés et laissés à disposition des entreprises :

-       Amélioration des conditions socioculturelles des travailleurs de l’entreprise ;

-       Récompense matérielle et individuelle aux travailleurs en accord avec les résultats de la gestion de l’entreprise, en incluant le personnel dirigeant et administratif ou fonds de premio;

-       Développement et amélioration des conditions technico-productives des entreprises (Gomez, 1986).

Ces fonds sont exactement semblables à ceux mis en place en Union Soviétique en 1965. Ils s’ajoutaient aux primes pour accomplissement ou dépassement du plan. Au niveau de la création des fonds de stimulation, en 1979, 191 entreprises étaient incluses dans le plan de formation, et 79 d’entre elles ont eu le droit de former un fonds de stimulation. Mais 40 n’ont pas pu distribuer de premio, car l’augmentation du salaire était supérieure à l’augmentation de la productivité. 99150 travailleurs ont touché un premio cette année-là, pour une moyenne de 61 pesos chacun.

Nous voyons que dans les premières années, le système de stimulation peine à se mettre en place. En fait, c’est tout le système de direction économique qui est dans cette situation. Cela est dû au manque d’organismes et d’institutions adaptés qu’il faut donc créer de surcroît : logiciels statistiques, système de contrat, programme de management. Malgré des résultats économiques en partie bons sur la période du SDPE (à noter une dégradation à partir des années 1980, 1985 est une prémisse de la crise des années 1990) et une augmentation du  niveau de vie de la population, le nouveau système de direction économique n’a jamais été mis en place efficacement. La lourdeur bureaucratique a pu entraver la marche vers une meilleure décentralisation des entreprises. Le bas prix du sucre sur le marché mondial est également pointé du doigt (Gomez, 1986). D’autres auteurs comme Zimbalist pointent au contraire, une utilisation non efficiente des primes pour accomplissement ou dépassement des normes ou du plan. En effet, ces normes auraient été beaucoup trop faibles, mal révisées, il était très facile de les dépasser, donc elles auraient pu être plus élevées et auraient sûrement permis une plus grande productivité du travail à cette période. Dans leur grande majorité, ces normes étaient élémentaires plus que techniques ou semi-techniques (75,5% contre 0,3% et 24,2% en 1987). Par exemple en 1979, 95,5% des travailleurs opérant avec des normes excédaient leurs quotas. Il arrivait parfois qu’au sein de certaines entreprises, il n’y ait pas eu de révision de normes durant plusieurs années (Zimbalist, 1989).

 

B. Réflexion sur le nouveau système de direction économique (SDPE)

Comme nous l’avons vu, le SDPE avait pour but une augmentation de l’autonomie des entreprises, qui passait également par un accroissement du rôle de la loi de la valeur et des catégories marchandes au sein de l’économie. Outre, la méthode du calcul économique et l’augmentation de la stimulation matérielle, en 1981, les marchés « libres » agricoles sont légalisés, c'est-à-dire que les paysans privés existant pouvaient vendre leurs excédents(9) sur des marchés où les prix se fixaient en fonction de l’offre et de la demande.

Pour revenir à notre cadre d’analyse, nous voyons que Cuba durant cette période, par son intégration à la « division internationale socialiste du travail » au sein du CAEM profitait d’un environnement international plus favorable. Les échanges avec les économies planifiées d’Europe de l’Est lui assuraient des importations de biens d’équipement et de consommation. Malgré une augmentation de la productivité et du produit social global ainsi que du niveau de vie de la population, les forces productives restaient à un niveau faible. Le nouveau système de direction économique a plutôt augmenté le pouvoir des directeurs d’entreprise plutôt que celui des travailleurs, en limitant l’influence des conseils ouvriers d’entreprises créés au début des années 1970(10).

Nous avons donc assisté durant cette période à un maintien de la bureaucratie, la démocratie socialiste ne s’étant pas améliorée. De même, le niveau des forces productives restait bas. Mais la situation internationale de Cuba en tant que pays se proclamant en transition vers le socialisme s’améliora, ce qui permit une amélioration économique, bien que l’utilisation de la loi de la valeur et des stimulants matériels restait limités du fait de la mauvaise application du SDPE.

 

III. Le nouveau contexte depuis les années 1990

A. Crise économique et réformes

          Les difficultés économiques à Cuba ont commencé à se faire ressentir à partir de 1985. Tout d’abord, Cuba a dû suspendre le paiement du service de sa dette. Le pays ne put quasiment plus emprunter sur les marchés internationaux, et donc dû réduire ses importations en Monnaie Librement Convertible (MLC) que les pays du CAEM ne pouvaient lui fournir. Le processus de « rectifications des erreurs et tendances négatives » initié par Fidel Castro à partir de 1986 allait réduire la part des catégories marchandes au sein de l’économie, en stoppant le SDPE, en réduisant l’octroi de stimulants matériels et en supprimant les marchés « libres » agricoles entre autres. Le pouvoir justifiait ce processus par la part trop importante du calcul économique dans le pays et par l’enrichissement excessif d’une certaine frange de la population.

La désintégration de l’URSS et le passage à l’économie de marché des pays de l’Europe de l’Est à partir de 1989 entraîna le démantèlement du CAEM. Les échanges cubains ne furent donc plus protégés, et l’économie s’enfonça dans une crise économique très importante. L’année 1993 est le point de chute de la crise cubaine. Entre 1989 et 1993, les exportations et les importations se contractent de 79% pour les premières et de 73% pour les secondes (Herrera, 2006), la chute du PIB fut de 35% entre ces deux dates. La capacité productive du pays diminua donc fortement. L’approvisionnement en combustibles faisait défaut, ainsi que celui en pièces de rechange pour les machines agricoles par exemple. Un secteur très touché par la crise fut celui des transports.

Pour sa part, le PIB a retrouvé son niveau de 1989 seulement en 1999. Les réformes économiques ont permis à Cuba de refaire partir son économie, la croissance redevient positive en 1994, même si le rattrapage par rapport à 1989 n’est pas opéré dans tous les domaines. Cuba a également dû rechercher de nouveaux partenaires économiques fiables qu’elle a trouvé essentiellement avec la Chine et certains pays d’Amérique latine qui ont des gouvernements de gauche hostiles aux Etats-Unis depuis la fin des années 1990 comme le Venezuela et la Bolivie(11). Mais ces échanges sont sans commune mesure avec ceux existant à l’époque du CAEM.

Des réformes économiques importantes et nécessaires au redressement de l’économie ont été mises en place à partir de 1993. On peut noter la légalisation de la circulation du dollar, l’ouverture aux Investissements directs à l’Etranger (IDE) tout de même limités à 50% du capital d’une entreprise, à la légalisation des marchés « libres » agricoles et artisanaux, à la suppression du monopole du commerce extérieur par l’État entre autres. Ces réformes entraînèrent donc une augmentation relativement importante du rôle de la loi de la valeur dans l’économie. Les stimulants matériels, suite à la reprise de l’économie en 1994, furent de nouveau mis au devant de la scène.

 

B. La nécessité d’une amplification du rôle des catégories marchandes dans la période actuelle

Les changements structurels que Cuba a connus depuis les années 1990 en raison de la chute de l’URSS peuvent être caractérisés principalement par une augmentation du rôle de la loi de la valeur dans l’économie. Ces réformes ont permis à l’économie de retrouver à peu près le niveau de 1989 sauf dans certains domaines comme le salaire réel par exemple. La crise entraîna une diminution des forces productives de la société, en raison de l’isolement international auquel fut confronté Cuba à partir de cette période.

Faible niveau des forces productives, maintien de la bureaucratie au pouvoir et isolement de Cuba en tant que pays se proclamant en transition vers le socialisme, ont contraint le pays à des réformes nécessaires visant à accroître le rôle des catégories marchandes dans l’économie et donc à étendre les rapports de production (rapports de propriété et de distribution) issus du capitalisme. Un nouveau système de direction de l’économie essaie de se mettre en place depuis 1998, le processus de perfectionnement des entreprises(12) mais plus de dix ans après son introduction, celui-ci peine à englober toutes les entreprises du pays.

Cependant, malgré la reprise de l’économie, celle-ci reste dans une situation difficile soumise à la rigueur d’octroi des emprunts au niveau international et à l’embargo des États-Unis par exemple. Dans la situation où les trois éléments (forces productives, bureaucratie et isolement international) restent dans la même configuration Cuba devra encore accroître la place des catégories marchandes, en augmentant par exemple la part des exploitations agricoles privées ainsi que des activités artisanales afin de stimuler la production sur le marché interne.

Si nous raisonnons par la modification d’un ou plusieurs de ces éléments, les choses pourraient en être autrement. Tout d’abord Cuba a réussi à tisser de nouvelles relations avec certains pays d’Amérique latine (dans le cadre de l’ALBA en particulier) et avec la Chine notamment. Mais pour le moment, ces échanges n’atteignent pas le niveau de ceux qui existaient au sein du CAEM. Une amplification relativement forte de ces échanges « solidaires », pourrait réduire la part des catégories marchandes nécessaires à une augmentation plus ou moins solide des forces productives. Deuxièmement, la modification de l’élément bureaucratique, sûrement moins envisageable à court terme, irait dans la même direction que l’augmentation des échanges « solidaires ». Une plus grande participation des travailleurs aux décisions tant politiques qu’économiques, tout en prenant en considération que l’objectif est la réalisation du socialisme, pourrait leur faire prendre conscience des contradictions qui existent au cours de la période de transition et réduire la part des stimulants matériels car ceux-ci seront moins nécessaires pour la motivation au travail.

 

Conclusion

          La persistance des catégories marchandes et de la loi de la valeur  au cours de la période de transition du capitalisme au socialisme a toujours été un débat important depuis la première révolution prolétarienne en Russie en 1917. On peut comprendre aujourd’hui la raréfaction d’analyse sur ce thème du fait de l’effondrement de l’URSS et du tournant économique de la Chine Populaire enclenché à partir 1978.

Cependant, l’analyse développée ici a pour but de continuer la réflexion sur ce sujet pour le cas cubain en particulier et pour les éventuelles révolutions futures qui pourraient se produire. Prendre en considération les trois éléments décrits ici pour juger de la « dose » de catégories marchandes et de stimulants matériels afin d’augmenter les forces productives de manière efficiente dans un pays en transition vers le socialisme (ou se proclamant comme tel), paraît adéquat et pourrait servir de base pour une analyse des pays qui ne sont plus des économies planifiées, pour ceux qui le sont encore (comme Cuba) et pour ceux qui pourraient le devenir.

Bien sûr, cette réflexion est pour le moment embryonnaire, une prise en compte et un développement des interrelations, des rapports dialectiques entre les trois déterminants(13) paraît importante pour une continuation de la recherche théorique sur ce thème ainsi que sur l’étude plus particulière du cas cubain, qui je l’espère pourra être menée de façon plus aboutie.

 

Notes de fin

1 En ce qui concerne l’accumulation socialiste primitive Cf. (Préobajensky, 1966)

2 Même si la caractérisation juridique du pays comme dictature du prolétariat ne figure plus dans la nouvelle constitution de 1992

3  On peut citer Charles Bettelheim, Paul M. Sweezy, Ernest Mandel, Jacques Chonchol entre autres.

4 Cuba Socialista, Nueva Industria…

5Guevara comprenait qu’une certaine dose de stimulant matériel devait exister. D’ailleurs au sein de son Système budgétaire de financement, des primes pour dépassement du plan et des malus pour non accomplissement de celui-ci existaient.

6 Celui-ci défendit ces arguments dans un article de la revue Cuba Socialista de 1964.  La vision de Bettelheim évoluera par la suite après plusieurs voyages en Chine Populaire. Lui qui semblait valider la loi de correspondance entre les rapports de production et le caractère des forces productives, opposera un tout autre point de vue, en affirmant que les rapports de production peuvent être le levier du développement des forces productives et que ce qui est important ce sont les rapports de classe existants.

7 Hormis quelques exceptions très contrôlées et insignifiantes au niveau statistiques

8 Coupe de la canne à sucre

9C'est-à-dire la part de leur récolte qui leur reste, après avoir donné leur quota à l’acopio de l’Etat.

10 Ces conseils élus à bulletin secret par les travailleurs et leurs prérogatives concernaient la discipline au travail et éventuellement la mauvaise attitude du « chef » en autres. Par exemple, lorsqu’en 1972, la production nationale par tête augmenta de 21% certains économistes attribuèrent cette augmentation à l’utilisation des stimulants matériels. Or cette version est contestable selon Janette Habel qui reprend les analyses de Zimbalist et Ekstein.

11 « Outre que ce n’est qu’en 1974 que les salaires furent liés à la productivité, Zimbalist et Ekstein considèrent que les travailleurs partagèrent plus volontiers les responsabilités des politiques auxquelles ils donnaient leurs accords. L’évolution des relations sociales dans l’entreprise permit une meilleure motivation des travailleurs et des propositions utiles à l’amélioration de l’efficacité du système de production, ce qui entraîna un accroissement de la productivité ». (Habel, 1989)

12 En 2004, fut crée l’ALBA (Alternative Bolivarienne pour les Amériques) sous l’impulsion du Venezuela. Cuba fut un des premiers signataires. Elle vise à des échanges solidaires entre les pays d’Amérique latine pour un développement social et structurel. Aujourd’hui 7 pays en font partie. Par exemple Cuba envoie des médecins et des maîtres d’école dans les quartiers défavorisés du Venezuela, et ce dernier vend du pétrole à Cuba à des tarifs préférentiels.

13 Ce processus vise à accroître l’autonomie des entreprises, la place des stimulants matériels en rémunérant les travailleurs selon le travail fourni…

14 Par exemple, l’isolement international du pays peut être un facteur d’émergence de la bureaucratie, Cf. (Trotsky, 1973).

 

Bibliographie

Bettelheim Charles (1968). La transition vers l’économie socialiste. Paris: Maspero.

Bettelheim Charles (1975). Révolution culturelle et organisation industrielle en Chine. Paris: Maspero.

Gomez Félix (1986). « Les fonds de stimulation économique dans les entreprises de l’économie cubaine ». Economía y desarrollo, n°90, janvier-février: 77-89.

Habel Janette (1989). Rupture à Cuba, le Castrisme en crise. Paris: La Brèche.

Herrera Rémy (Dir.) (2006). Cuba révolutionnaire tome 2 : économie et planification. Paris: L’Harmattan.

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Pour citer cet article:

Leleu Jérôme, «Catégories marchandes, stimulants matériels et transition au socialisme à Cuba », RITA, N°4 : décembre 2010, (en ligne), Mis en ligne le 10 décembre 2010. Disponible en ligne http://www.revue-rita.com/notes-de-recherche-60/categories-marchandes-stimulants-materiels-et-transition-au-socialisme-a-cuba-111.html

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A sensação de insegurança experimentada por pais e professores na educação de suas crianças, bem como a profusão de conselhos e ensinamentos veiculados em diferentes mídias, são pontos de partida para se discutir a mediação realizada por especialistas no interior da família e da escola – não como um fenômeno novo na configuração social brasileira, mas assumindo contornos inéditos na atualidade...


... É sobre a particularidade da posição social ocupada por esses profissionais que este artigo se propõe a refletir. Quando médicos, psicólogos, entre outros, afastam-se da lógica de funcionamento de seus campos profissionais e passam a atuar como escritores, palestrantes, colunistas de jornais e revistas, apresentadores de programa de televisão e rádio, “blogueiros” – buscando responder às dúvidas e incertezas dos educadores – tais profissionais ganham os contornos dos “especialistas da subjetividade”. É veiculado, por meio de suas falas e escritos, um serviço de socorro aos educadores – a “ajuda S.A.” –, regida pela lógica do mercado, do marketing e da produção em larga escala.

Palavras-chaves: Especialista da subjetividade; Mídia; Autoajuda; Família; Escola.

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Maíra Muhringer Volpe

Mestre e Doutoranda em Sociologia
Universidade de São Paulo

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'Ajuda S.A.' : a profissionalização do 'especialista da subjetividade' pela mídia

 

 

Introdução: a construção de um problema de investigação

          Na teoria sociológica é possível encontrar alguns autores que, partindo de perspectivas teórico-metodológicas distintas, dedicaram-se ao tema do declínio da autoridade parental frente ao saber científico. As análises formuladas por Max Horkheimer e Theodor W. Adorno, desde a década de 1930, acerca das transformações da família moderna, são significativas, pois apontam para a progressiva “socialização” à qual essa família moderna foi submetida. No entendimento destes autores, houve uma crescente “racionalização” de todas as relações humanas na sociedade, uma tendência a comprimir e negar ao máximo o elemento “natural” e “espontâneo” no ordenamento familiar (Cf. ADORNO; HORKHEIMER, 1973: 133). No que diz respeito à função materna, Horkheimer afirma que o vínculo íntimo e afetuoso entre mãe e filho dá lugar a uma relação mediada pelo conhecimento técnico e pela ciência (HORKHEIMER, 1976: 121-2). Passam a existir novos modelos de pai e mãe e, de modo cada vez mais naturalizado, a relação é estabelecida por meio da técnica, sendo a ciência a única autoridade (Ibid., p.31-32).

No final da década de 1940, Claude Lefort chamava a atenção para a profusão de ensinamentos veiculados “pelos meios de difusão moderna” sobre os mais variados assuntos – “do conflito de gerações ao trânsito, da sexualidade à música concreta, da exploração do espaço à educação, nada escapa dos colóquios, das entrevistas, dos debates televisionados” (LEFORT, 1979: 337). E indagava: “como subestimar a ascensão do saber dos especialistas ou dos pequenos mensageiros da vulgarização científica, sobre o casal, sobre a sexualidade, sobre os segredos do organismo ou os do espaço?” (Ibid., p.343). Lefort aponta para a ascensão da mediação exercida por especialistas e por divulgadores do saber científico presentes em diferentes esferas da vida social.

As reflexões de Christopher Lasch sobre a sociedade americana, produzidas entre o final dos anos 1970 e início dos 80, permitem evidenciar que a mediação de um discurso científico-especializado já exista nas relações tecidas entre os membros familiares daquela sociedade. A análise de uma extensa documentação, que abrangia produções culturais da sociedade americana ao longo dos séculos XIX e XX, fez com que o autor destacasse a “socialização da reprodução” – isto é, “a apropriação de funções de criação dos filhos por pais substitutos, responsáveis não perante à família, mas perante ao Estado, à indústria privada ou aos seus próprios códigos de ética profissional” (LASCH, 1983: 193, grifos meus) –, como um traço das relações familiares daquele período. E ainda:

«[...] a indústria da publicidade, os meios de comunicação de massa, os serviços de saúde e do bem-estar e outros agentes de instrução de massas assumiram muitas das funções socializadoras do lar e colocou (sic) as que restaram sob a direção da ciência e da tecnologia modernas » (Ibid., p.193)

O autor observa a participação de profissionais nas relações tecidas entre os membros familiares. No seu entender, houve uma “apropriação de técnicas de criação de filhos pelas ‘profissões auxiliares’” (Ibid., p.207). Psicólogos, “médicos, psiquiatras, especialistas em desenvolvimento infantil, porta-vozes dos tribunais de menores, conselheiros matrimoniais, líderes do movimento pela higiene pública” (Ibid., p.194), entre outros agentes sociais, passaram a mediar a relação entre pais e filhos, ensinando-os como agir.

Adorno e Horkheimer acenam, assim, para um processo que se tornaria mais evidente algumas décadas depois, como as reflexões de Lasch e de Lefort permitem afirmar, no que diz respeito à participação de especialistas e divulgadores do saber científico, não apenas no interior da família, porém em diferentes esferas da vida social, em sociedades e contextos históricos distintos. Tais reflexões indicam a desvalorização do saber dos pais em relação a um saber científico e a necessidade da participação de “pais substitutos” nas “funções socializadoras” desempenhadas pelas famílias.

Este artigo, cuja análise voltou-se à situação brasileira atual, deteve-se na relação mediada estabelecida na educação de crianças. A intenção não foi de compreender historicamente a ascensão de um saber científico em detrimento do dos pais, tampouco de explicar a necessidade da participação de especialistas no interior da família – questões enfrentadas pelos autores citados. Também não se buscou verificar o impacto dessa participação na conduta de pais e professores, isto é, em que medida são ajudados ou se se tornam mais ou menos independentes das orientações desses profissionais. A análise realizada limitou-se a deslindar os contornos de outra figuração dessa mediação no campo educacional. Em outras palavras, a mostrar que a relação mediada entre pais e filhos, assim como entre professores e alunos, não é um fenômeno novo, como as reflexões acima evidenciam, embora assuma formas inéditas se for considerada a atuação de alguns profissionais na sociedade brasileira contemporânea. (1)

 

I. O contexto brasileiro: a profissionalização do especialista

"Ser pai e ser mãe é uma das experiências mais fascinantes e desafiadoras da vida. Sempre foi. A diferença é que antigamente não havia esse olhar profissional, estabelecendo tantas regras de conduta a ponto de transformar a tarefa dos pais e mães numa missão impossível de ser cumprida sem a ajuda de um manual de instruções. ‘Não diga que ama, não diga que não ama; liberte a fantasia, imponha limites; dê autonomia, não trate como adulto.’ Assim fica difícil".

MARCELA BASTOS CIMATTI, São Paulo (Equilíbrio, Folha de S.Paulo, 06/07/2006)

O comentário da leitora na coluna S.O.S. Família, publicada no jornal Folha de S.Paulo (FSP), sintetiza uma experiência vivida pelos pais (e, de maneira distinta, pelos professores): a “difícil” e também “fascinante e desafiadora” experiência de ter um filho.(2) Ela lembra-se do “olhar profissional” que estabelece inúmeras “regras de conduta” que em muito dificultam a “tarefa” dos pais. Refere-se ainda a “antigamente”, quando supostamente a mediação do “olhar profissional” não existia.

Essa sensação difusa de insegurança compartilhada pelos educadores (pais e professores) de que “antigamente” eles sabiam como cuidar de suas crianças – e “atualmente” não –, é reforçada por afirmações feitas por especialistas. Em um dos primeiros artigos da S.O.S. Família, “Para educar é necessário ser impopular”, Sayão afirma:

«Como educar é difícil! Há 30 anos, os pais achavam que sabiam a melhor maneira de educar os filhos. E, sem dúvidas e com todas as certezas, faziam o que achavam certo. Mas hoje, com tantas informações, com tantas teorias, os pais estão com todas as dúvidas e nenhuma certeza» (FSP, 03/08/2000)

Na produção da psicóloga outros escritos recolocam a ideia expressa acima, qual seja, a família sofreu transformações nas últimas décadas que trouxeram modificações às relações entre pais e filhos. Lê-se, então, em outras passagens: “[...] Passamos direto do lado dos que tinham todas as certezas para o lado dos que tinham todas as dúvidas” (Sayão, FSP, 13/12/2001). E ainda:

«As famílias, por variados motivos, mudaram bastante seu modo de viver, principalmente a partir da década de 1960. Até então, a mãe era a rainha do lar, a família não se restringia a pais e filhos, e o grupo de parentes se reunia com regularidade, [...] » (Sayão, FSP, 02/02/2006).

Poder-se-ia dizer que Sayão localiza na segunda metade do século XX as alterações na “dinâmica” familiar. A família, e também a escola, como ela acrescenta em outros escritos, perdem as “certezas” que “antes” possuíam na educação de seus filhos e alunos. Associada às expressões “todas as dúvidas” e “nenhuma certeza”, está a ideia de que muitas “informações” e “teorias” rodeariam os pais. Um fragmento do livro Família: Modos de Usar, reforça tal associação:

« [...] esse discurso profissional [o discurso médico, o psicológico e o pedagógico] vem colaborar com um duplo rompimento, eu creio. Primeiro, com a própria função de pai e mãe, já que estes abdicam do que eles mesmos poderiam pensar sobre o que fazer e o que não fazer com o filho, em nome desses discursos ditos científicos e profissionais. Segundo, com tudo aquilo que pais, avós e outros antepassados disseram, fizeram e construíram. Esse patrimônio passa a ser considerado anacrônico porque, no lugar da tradição familiar, introduzimos o discurso profissional» (Aquino; Sayão, 2006: 77).

As falas e os escritos de Sayão colocam a dificuldade de educar crianças e adolescentes “hoje” – dificuldade supostamente vivida por pais e professores a partir da década de 1960 (ou 1970, dependendo do enunciado) – associada à existência de um “discurso” dito “profissional” e “científico” que, de um lado, contribuiria para o rompimento da “função de pai e mãe”, que abdicariam de um julgamento autônomo “em nome desses discursos”, e, de outro, contribuiria para o rompimento com a “tradição familiar”. Por isso, “hoje”, aos olhos desta psicóloga, bem como de outros profissionais e dos próprios pais (expresso na frase citada anteriormente), “exercer o papel de mãe e de pai é uma tarefa árdua e angustiante” (Sayão, 06/07/2006), ou, em outros termos, é uma “missão impossível de ser cumprida” (Cimatti, FSP, 06/07/2006).

As transformações ocorridas no interior da família, o surgimento de novas “teorias” e “informações”, teriam provocado essa sensação de insegurança compartilhada não só pelos pais, como também por professores. Essas incertezas, a demanda por aconselhamentos dos especialistas e os diferentes meios pelos quais o socorro é formulado, foram os pontos de partida para esta reflexão. No entanto, ao contrário do que é percebido pelos educadores e veiculado pela mídia, algumas análises sociológicas, como as mencionadas na introdução, apontam para o fato de que a mediação exercida por especialistas nas relações familiares e no interior da escola desde há muito acontecem. É preciso, portanto, matizar a ideia de que “antes” os pais sabiam educar e “hoje” estão inseguros.

O interesse maior nesta reflexão é jogar luz sobre alguns enunciados do discurso voltado ao campo educacional contemporâneo. Para tanto, lançou-se mão de um outro contexto histórico, a fim de explicitar algumas diferenças entre um discurso científico-especializado, expresso em falas e escritos de especialistas vinculados a instituições de ensino e ao Estado, e o “discurso” que circula nas mídias, expresso por “mensageiros da vulgarização científica”, nos termos de Lefort, ou “especialistas da subjetividade”, como nomeados aqui. (3)

Os “especialista da subjetividade” – uma ferramenta conceitual criada no bojo desta reflexão para destacar um modo particular de mediação, com fontes distintas de legitimação –, abarca um grupo de profissionais que, embora possuam diferentes formações acadêmicas (Psicologia, Medicina, Filosofia e Educação), atuam de maneira semelhante. Suas falas e escritos circulam nas diferentes mídias, no mercado de palestras e assessorias, não sendo veiculados a partir de uma instituição, tampouco sendo representantes de uma. (4)

Ao voltar-se à configuração social brasileira, tem-se na obra de Jurandir Freire Costa, Ordem Médica e Norma Familiar, o desenho de outro contexto histórico, o século XIX, em que a família era atravessada por um discurso científico-especializado. O autor parte da “crise da família contemporânea” – percebida por ele na sociedade brasileira do final dos anos 1970, e busca na formação da família higiênica, com suas condutas e sentimentos normalizados pela medicina, uma medida para se compreender a particularidade das complicações atuais.

« Não há como negar esta evidência; os indivíduos pertencentes à pequena, média e, em menor escala, grande burguesia urbanas parecem ter renunciado ao direito de resolver, por conta própria, suas dificuldades familiares. Cada dia mais apelam para especialistas, em busca de soluções para seus males.

Entretanto, ao contrário do que pode parecer, esta posição de dependência para com os agentes educativo-terapêuticos não é estranha à história da família burguesa. No século XIX, sua antecessora, a família oitocentista de elite, foi submetida a uma tutela do mesmo gênero. A medicina social, através de sua política higiênica, reduziu a família a este estado de dependência [...] » (COSTA, 1999: 12)

Partindo da análise das teses defendidas na Faculdade de Medicina do Rio de Janeiro durante o século XIX, assiste-se à passagem da família colonial à “família colonizada”, nas palavras do autor, por via do discurso médico. Na constituição da família higiênica, cada parte do corpo do indivíduo foi alvo de um controle: por meio da educação física, da educação moral, da educação intelectual e da educação sexual. A relação entre pais e filhos também foi modificada, pois o saber médico construiu e ensinou outra maneira de “amor familiar” (COSTA, 1999: 15). Dessa forma, Costa dedicou-se ao estudo da transformação e normalização das relações familiares, numa sociedade onde “amar e cuidar dos filhos tornou-se um trabalho sobrehumano (sic), mais precisamente, ‘científico’” (Ibid., p.15).

Percebe-se, então, com sua análise, que a mediação dos especialistas no processo educativo não é exclusiva à configuração social atual, mas remonta à constituição da família burguesa brasileira. Seu trabalho é importante por conceber a “crise da família” como um fato social que se perpetua no tempo, além de evidenciar que a participação de especialistas, na formulação dos comportamentos dos membros familiares, contribuiu (e, a nosso ver, contribui também hoje) para a fabricação desta “crise”, nos termos de Costa. Há, no entanto, novas maneiras de atuação dos especialistas – empreendidas pelos “especialistas da subjetividade” – e distintos modos de legitimá-las socialmente.

Com a pesquisa de falas e escritos retirados das produções de diferentes profissionais,(5) percebeu-se que eles são formados em diferentes campos do saber, mas é pela atuação semelhante que se aproximam e compõem outro métier, muito diferente do das profissões nas quais foram formados. É sobre este “campo” dos “especialistas da subjetividade”, sobre as particularidades destes “especialistas”, que a análise a seguir se dedica.(6)

 

II. “Especialista da subjetividade” – a produção de Rosely Sayão

          Sayão é uma psicóloga que se afastou das atividades convencionais de sua profissão (a clínica, a psicologia escolar, a docência no ensino superior) para desbravar o métierdos “especialistas da subjetividades”. Ela pensa, fala e escreve a respeito da educação familiar e da educação escolar como “desafios” que geram “angústia” aos educadores (Cf. SAYÃO, FSP, 19/09/2002; 06/07/2006). E ela não está sozinha nesta constatação, pois sua voz é reforçada por outros profissionais – que também escrevem livros, artigos em jornais e revistas, possuem programas de rádio e televisão, páginas pessoais e blogs na internet, participam de chats, bem como dão assessorias e ministram palestras em escolas e empresas. É entre “desafios”, dificuldades e dúvidas, mas também soluções e esclarecimentos, que os “especialistas da subjetividade” se colocam. Eles tentam ajudar pais e professores, ensinando e aconselhando-os sobre como agir. Buscam, assim, solucionar o que é vivido como conflituoso e sem sentido na relação com filhos e alunos. (7)

A partir da construção da família higiênica fornecida pelo trabalho de Jurandir Freire Costa, poder-se-ia tecer algumas interpretações relacionando a atuação médica no século XIX e a dos “especialistas da subjetividade” na configuração social atual. Grosso modo, é possível afirmar que há, para cada um dos contextos, um discurso social que se mostra capaz de dar garantias e prescrever certezas, bem como esclarecer o que se apresenta como “obscuro” aos que não são especialistas. Isto é, um discurso que consegue ensinar como se deve viver no mundo social.

A despeito da semelhança assinalada acima, cabe destacar algumas diferenças entre eles. Tal diferenciação não implica estabelecer juízos de valor, ou seja, denunciar qual discurso seria mais ou menos legítimo para ajudar os educadores, e sim mostrar de que modo essa ajuda é prestada, além de traçar algumas fontes de legitimação social que dão suporte à sua existência.

Uma das diferenças são os lugares em que estes mediadores se posicionam. Os higienistas, segundo Costa, eram um braço interventor do Estado na esfera privada da família. Eles ocupavam uma posição institucional. É a partir desta posição que construíram um projeto para o país – a criação de indivíduos obedientes ao Estado e saudáveis física e moralmente –, e buscaram realizá-lo. Nas palavras do autor, “o repertório de sentimentos e conduta antes administrado pela família foi encampado pela medicina e, por meio dela, devolvido ao controle estatal” (1999: 64).

Os “especialistas da subjetividade”, por outro lado, não estão nem no âmbito acadêmico, nem no estatal. Eles não se pocisionam no interior de uma instituição como o lugar a partir do qual seus ensinamentos são proferidos – eles circulam por diversos meios (escrito, televisivo, eletrônico, comunicação oral). Devido a este traço particular – a mobilidade do lugar de onde se fala – é possível afirmar que as dicas e os conselhos divulgados em grande escala são emitidos de lugares equivalentes. Assim, a fala dos “especialistas” não parte de e não representa uma instituição: é uma fala que circula pela mídia e pelo mercado de palestras e assessorias. Como já mencionado, eles constituíram outro “campo” de atuação, com leis próprias de funcionamento e com mecanismos diferentes de legitimação de sua posição, que não se confundem com os partilhados pelos higienistas no século XIX, tampouco com os partilhados pelos especialistas que lhes são contemporâneos, vinculados a instituições estatais ou de ensino. Isto porque é nessa circulação de suas falas e escritos que lhes é garantida, em grande medida, a sobrevivência social – e não somente pelo vínculo institucional. Os “especialistas da subjetividade” também vivem de “desafios” e de “problemas e dificuldades” enfrentados pela família e pela escola. Ou seja, eles sobrevivem social e, em certa medida, materialmente, discutindo a existência de tais “problemas e dificuldades”, dando realidade aos “desafios” enfrentados por pais e professores no processo educativo e, sobretudo, socorrendo-os em suas relações com as crianças e os adolescentes.

O discurso médico, por ser um discurso institucional e “legislador” (Cf. LEFORT, 1977), visa certo tipo de ordenação da sociedade. Dito de outro modo, enquanto no contexto histórico esboçado por Costa há a ideia de um projeto coletivo a ser realizado por meio da intervenção médica na família, os “especialistas da subjetividade”, ao resolver pontualmente os conflitos trazidos, agem no imediatismo de cada dúvida feita por uma mãe, um pai ou um professor em particular.

O escrito abaixo, retirado de Momento Família, um bate-papo em tempo real com Rosely Sayão no Portal Universo Online, ilustra a ajuda pontual prestada a uma internauta. Esta não sabia como agir com sua filha “rebelde” e a psicóloga procurou explicar-lhe qual era seu papel:

«(04:23:00) morcega fala para Rosely Sayão: minha filha (fruto do meu 1º relacionamento) está muito rebelde, não me obedece, xinga o padrasto, isso é uma fase ou pode continuar ao longo dos anos? (temos um bebê deste relacionamento).

(04:23:05) morcega fala para Rosely Sayão: ela não ajuda em nada aqui em casa, devo impor?

(04:35:39) Rosely Sayão: morcega, deve. Papel de pai e mãe é este mesmo. Enquanto o filho não tem autonomia para viver por conta própria, é pelas imposições que aprende, para mais tarde os pais fazerem proposições em vez de imposições. Filhos não aprendem como tarefa ajudar os pais. Eles têm outros interesses. Você tem que separar algumas tarefas, começar com uma ou duas, e colocar mesmo. Quando não fizer, tem que arcar com as conseqüências disso. Agora, xingar o padrasto não pode. É preciso impor também este limite, senão ela não vai aprender a ser polida quando tiver que discutir com outra pessoa, vai sempre achar que funciona melhor pela violência verbal. É importante impor a ética do respeito» (momento família, 18/04/2006).(8)

Utilizando-se de uma linguagem direta e afirmativa, a psicóloga assinala o que a mãe “deve” ou “tem que fazer” – “deve [impor tarefas domésticas a filha]”; “Você tem que separar algumas tarefas”; “É preciso impor também este limite”; “É importante impor a ética do respeito”. Ademais, fornece explicações de porquê impor limites: “senão ela não vai aprender a ser polida quando tiver que discutir com outra pessoa, vai sempre achar que funciona melhor pela violência verbal”.

Nesta interação,Sayão se colocou como uma profissional que rapidamente tentou solucionar o conflito vivido. Esse tipo de ajuda, expressa numa linguagem direta, geralmente é observada nas palestras e chats, momentos de encontro do “especialista” com seu público. Quando a ajuda é expressa em artigos ou livros, a linguagem na maioria das vezes ganha um tom mais elaborado: os escritos de Sayão não buscariam responder imediatamente “o que fazer?” ou “como fazer?”, mas, sim, fariam reflexões. [9]

O discurso médico estudado por Costa mostrou um distanciamento entre os que eram especialistas, que detinham um saber científico, daqueles que não o eram. Em relação a essa diferença, Lefort afirma que o discurso científico-especializado “falava do alto” (1977: 18) por estabelecer claramente a distinção entre aquele que possuiria a autoridade advinda do saber científico e aquele que não. O “discurso dos especialistas da subjetividade”, ao contrário, tenta criar uma proximidade entre aquele que emite o aconselhamento e aquele que o recebe. No post de estréia do blog, Sayão coloca-se como “mãe” aos leitores, afirmando que também tinha dúvidas quanto à educação de seus filhos – mesmo sendo psicóloga (Cf. post, 19/03/2006). Para aproximar-se, Sayão buscou identificar-se com os leitores: afastando-se, naquele instante, de seu papel de psicóloga para mostrar-se como mãe.(10) Outra distinção diz respeito ao imperativo da ciência que autorizava e legitimava o discurso médico do período estudado por Costa. Já entre os “especialistas da subjetividade”, o saber científico e especializado é apropriado pela lógica da literatura de autoajuda. Dever-se-ia fazer referência, então, ao imperativo do mercado quando se trata da produção de profissionais como Rosely Sayão. Isto porque a legitimidade do “discurso dos especialistas da subjetividade” não está assentada somente na autoridade acadêmica de quem o profere.

No caso particular de Sayão, apesar de não possuir outras titulações além da graduação em Psicologia, ela é chamada por importantes escolas paulistanas (frequentadas por filhos de famílias abastadas) para palestrar aos pais e prestar assessorias às equipes de professores e coordenadores. Desse modo, a circulação de suas falas e escritos por essas escolas, bem como pelos mais diferentes meios de comunicação, indica que sua produção mobiliza outras formas de legitimação, além da excelência acadêmica.(11) A visibilidade pela frequente aparição nas mídias seria uma dessas formas.(12)

 

III. A visibilidade como fonte de legitimação ou considerações finais

          Ao grande público, as falas e os escritos dos “especialistas da subjetividade” parecem ser carregados de autoridade para explicar e solucionar o que é vivido com incerteza. Embora esta reflexão não tenha se dedicado ao estudo de possíveis mudanças nas relações familiares suscitadas pelas orientações prestadas, não se pode negar a demanda pelo serviço de socorro considerendo-se, por exemplo, a elevada venda de livros desses profissionais ou a quatidade de palestras realizadas.(13) É como se esses “especialistas” soubessem mais sobre seus leitores, telespectadores e ouvintes, do que eles próprios.

A reflexão de Pierre Bourdieu acerca do “campo jornalístico” francês iluminou a análise deste traço particular dos “especialistas da subjetividade”, qual seja, a visibilidade. O sociólogo, ao debruçar-se sobre as produções na televisão e na mídia impressa dos jornalistas na França, em meados da década de 1990, montando os mecanismos de funcionamento que regem o “campo jornalístico”, forneceu elementos que contribuíram para a construção do lugar de onde os “especialistas da subjetividade” falam e se expõem para o público. (14)

O discurso científico-especializado expresso nos escritos, por exemplo, publicados em revistas científicas é legitimado pelo saber médico do qual se apropria; já o “discurso dos especialistas da subjetividade”, enunciado na produção de Rosely Sayão, possui uma legitimação que é distinta. A visibilidade proporcionada pela exposição e circulação no mercado de livros, palestras e assessorias, bem como nas mídias impressa e eletrônica, asseguram-lhe a legitimidade. Ser visível ao grande público e ter acesso “à expressão em grande escala” (BOURDIEU, 1997: 66) – dão legitimidade à posição desses “especialistas”.

Os “especialistas da subjetividade” são profissionais que, a despeito de suas diferentes formações, atuam de maneira semelhante: veiculam um serviço de socorro, aqui denominado de “ajuda S.A.”.

A expressão “Sociedade Anônima”, utilizada para qualificar essa ajuda, refere-se, por um lado, ao público, e, por outro, aos “especialistas”. Em relação ao público, “S.A” traz o sentido de ser um serviço prestado a quaisquer pessoas com dúvidas acerca da educação de filhos e alunos. Diferentemente do tratamento médico ou psicológico, dirigido a um indivíduo ou a um grupo específico, a “ajuda S.A.” visa o grande público, fornecendo orientações generalizantes que podem ser seguidas por qualquer um. (15)

No que diz respeito aos “especialistas da subjetividade”,“S.A.” remete à lógica empresarial. Os critérios que regem tal prestação de serviço são: o sucesso de vendagem medido pelo número de edições, em qual editora publicou, a quantidade de palestras realizadas, o número de participantes, a quantidade de escolas assessoradas, por quais jornais e revistas bem como emissoras de TV e rádio são contratados.(16) É a relação entre o acúmulo desses “indicadores” e a visibilidade da produção que confere legitimidade às suas carreiras. Em outras palavras, a lógica empresarial é mobilizada por esses profissionais para realizarem sua atividade – tanto no sentido de prestarem serviços a empresas (emissoras, imprensa, editoras) quanto no de ajudarem educadores.

Tais “especialistas” estão, assim, imersos na lógica do planejamento de mercado e da produção em larga escala. É nesse sentido que se chama a atenção para certa profissionalização do “especialista” na configuração social atual: ele é enredado pela organização do mercado.

 

Notas de rodapé

(1) Recupera-se aqui, de maneira concisa, a análise empreendida em minha dissertação de mestrado – “S.O.S. Família e Escola: um estudo sobre a mediação dos ‘especialistas da subjetividade’ no processo educativo” (2007) –, realizada no Programa de Pós-Graduação em Sociologia da Universidade de São Paulo, com a orientação da Profa. Dra. Irene Cardoso e o auxílio do CNPq.

(2) A frase da leitora Marcela Bastos Cimatti foi retirada de Bate-papo, uma seção que traz comentários do público-leitor sobre a coluna S.O.S. Família, escrita semanalmente pela psicóloga Rosely Sayão.

(3) Para distinguir o discurso social e os especialistas particulares à configuração social atual utilizar-se-á tais termos entre aspas.

(4) Uma das principais distinções assenta-se no fato de que o discurso científico-especializado apropria-se de um saber científico e o veicula, sobretudo, entre pares, detentores deste mesmo saber especializado. Já o “discurso dos especialistas da subjetividade” simplifica e dilui o saber científico e especializado, veiculando um simulacro do saber para o grande público. Ele é enunciado por meio de diferentes mídias a pessoas anônimas que não detêm esse saber. São discursos que coexistem atualmente e suas diferenças serão deslindadas adiante.

(5) Na pesquisa desenvolvida no mestrado, entre 2004 e 2006, as produções da psicóloga Rosely Sayão, da mestre em Educação e filósofa Tania Zagury e do psiquiatra Içami Tiba formaram o corpus da análise. Na reflexão ora apresentada, foram mencionadas sobretudo as falas e os escritos de Sayão, haja vista sua representatividade no métier dos “especialistas da subjetividade”. Sua produção permite evidenciar alguns traços gerais a respeito da atuação desses profissionais.

(6) Faz-se necessário aqui recorrer à noção de campo de Pierre Bourdieu. Tal noção, diz ele, “tinha em vista explicar: na realidade, as lutas que têm lugar no campo intelectual têm poder simbólico como coisa em jogo, quer dizer, o que nelas está em jogo é o poder sobre um uso particular de uma categoria particular de sinais e, deste modo, sobre a visão e o sentido do mundo natural e social” (BOURDIEU, 1989: 72). E ainda “o campo literário (etc.) é um campo de forças a agir sobre todos aqueles que entram nele, e de maneira diferencial segundo a posição que aí ocupam hoje [...], ao mesmo tempo que um campo de lutas de concorrência que tendem a conservar ou a transformar esse campo de forças” (Idem., 2002: 262-3).

(7) A demanda por ajuda não é somente formulada por adultos, mas também por crianças. Em sua coluna, Sayão reproduziu o trecho de uma carta de um pequeno leitor: “Oi! Tenho 11 anos, li sua matéria no Folha Equilíbrio do dia 24 de abril – ‘Quando o bom senso é a melhor saída dos pais’ – e gostei muito. Minha mãe se encaixa no bom senso. Gostaria de ler sobre competir em tudo com irmãos caçulas. Como devo agir? Como meus pais devem proceder quando presenciam brigas entre nós?” (SAYÃO, FSP, 08/05/2003).

(8) O bate-papo foi reproduzido tal como transcrito no site Uol News, excetuando-se algumas correções ortográficas.

(9) Na introdução de Como Educar Meu Filho? (2003), ao mencionar o papel que busca desempenhar, a psicóloga trata dessa ajuda não tão direta: “Este tem sido meu trabalho: refletir, duvidar, tornar mais complexas determinadas situações e simplificar outras – aparentemente tão complicadas –, além de socializar meus conhecimentos sobre o assunto [...] Espero que as idéias aqui reunidas sejam transformadas pelo leitor considerando a realidade em que vive [...]” (SAYÃO, 2003: 12-13, grifos meus).

(10) O trecho que evidencia esta aproximação entre “especialista” e o público leitor é o seguinte: “[...] Pensei que o fato de estudar educação e ser psicóloga me ajudaria no ofício de mãe. Qual o quê! A educadora e psicóloga só me tomavam depois que as crianças estavam dormindo e, assim, só me permitia que eu soubesse tudo de errado que havia feito durante o dia, como qualquer mãe. Mas, tanto eles quanto eu conseguimos superar muitos de meus enganos e equívocos e, assim, eles se tornaram pessoas de bem. Tenho o maior orgulho de meus filhos; foi na relação com eles que aprendi a ser mãe e os ensinei a serem filhos” (post, 19/03/2006).

(11) Em relação à trajetória profissional de Rosely Sayão, ela já foi professora universitária e abandonou essa carreira quando começou a escrever em jornais: diariamente em Notícias Populares (1989-2001) e semanalmente na Folha de S.Paulo (desde 1993). Ainda que as falas e escritos da psicóloga não partam de uma instituição de ensino, ela busca associar sua imagem à academia. Sayão escreveu dois livros com o professor da Faculdade de Educação da Universidade de São Paulo, Julio Groppa Aquino, Em Defesa da Escola (2004) e Família: Modos de Usar (2006). São produções que aproximaram o professor da USP do grande público – e não que levaram Sayão à discussão acadêmica. O texto publicado no blog de Sayão, “O potencial dos mais novos” (11/08/2006), mostra o deslocamento de Aquino entre diferentes campos de atuação: junto com a psicóloga, participou de um congresso para discutir com pais – e não com membros da academia – o último livro da dupla. No entanto, essas produções conjuntas evidenciam que, mesmo não fazendo parte do universo acadêmico, a psicóloga tece laços e, em alguma medida, aproxima-se dele aos olhos do grande público.

(12) Vale lembrar, tendo como referencia o ano de 2006, sua circulação e frequente exposição na mídia: na televisão (semanalmente em um telejornal do canal aberto Rede 21, em um episódio de Mothern, seriado brasileiro exibido pelo GNT, canal da TV a cabo); mensalmente na revista Crescer; no jornal Folha de S. Paulo às quintas-feiras; na internet (em chats, às terças-feiras, do UOL Teen Sexo e do UOL News, em seu blog às segundas, quartas e sextas-feiras); na rádio (na Band News FM, de segunda à sexta-feira, em três horários diferentes, para todo o Brasil).

(13) O caso do psiquiatra Içami Tiba é notório: até 2006, proferiu mais de 3.200 palestras para escolas, empresas nacionais e multinacionais, no Brasil e em outros países (Itália, Argentina, Espanha, Portugal, Inglaterra, Hungria, Grécia e Estados Unidos); publicou 19 livros, sendo alguns deles editados também em Portugal, Espanha e Itália, e vendeu mais de 1,5 milhão de exemplares (Disponível em: . Acesso em: 27/11/2006). Para os dados referentes às produções de Tania Zagury e de Rosely Sayão, ver Volpe (2007).

(14) Para esta reflexão, ver Bourdieu (1997).

(15) Mesmo quando os “especialistas” respondem a indagações de determinado pai ou mãe, nas interações diretas, suas formulações são postas de maneira generalizante, podendo ser seguidas por outros educadores, em diferentes situações.

(16)Para algumas dessas informações, ver nota 13.

 

Bibliografia

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Bourdieu Pierre (1989). «A gênese dos conceitos de habitus e de campo». In ______. O Poder Simbólico. Rio de Janeiro: Bertrand Brasil.

______ (1997). Sobre a Televisão. Rio de Janeiro: Jorge Zahar Editor.

______ (2002). «O ponto de vista do autor». In______. As Regras da Arte: gênese e estrutura do campo literário (1992). São Paulo: Companhia da Letras.

Costa Jurandir Freire (1999). Ordem Médica e Norma Familiar (1979). Rio de Janeiro: Edições Graal.

Horkheimer Max (1976). Eclipse da Razão. Rio de Janeiro: Labor do Brasil.

Lasch Christopher (1983). A Cultura do Narcisismo: A vida americana numa era de esperanças em declínio (1979). Rio de Janeiro: Editora Imago.

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Sayão Rosely, Aquino Julio Groppa (2004). Em Defesa da Escola. Campinas: Papirus.

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______ (2003). Como Educar Meu Filho? Princípios e desafios da educação de crianças e de adolescentes hoje. São Paulo: Publifolha.

______.«Leitor de 11 pede dicas para dar aos pais». Folha de S.Paulo. São Paulo, 08/05/2003. Equilíbrio.

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______. «O potencial dos mais novos». Blog da Rosely Sayão. 11/08/2006. Disponível em: . Acesso em: 26/03/2010.

Tiba Içami. Disponível em: . Acesso em: 27/11/2006. Uol News. Momento Família. 18/04/2006. Disponível em: [URL: <http://noticias.uol.com.br/uolnews/familia/2006/04/18/ult2866u131.jhtm>. Acesso em: 26/03/2010]

Volpe Maíra Muhringer (2007). S.O.S. Família e Escola: Um estudo sobre a mediação dos «especialistas da subjetividade» no processo educativo. Dissertação de mestrado. São Paulo, Univseridade de São Paulo, Departamento de Sociologia/FFLCH. Disponível em: [URL: http://www.teses.usp.br/teses/disponiveis/8/8132/tde-12032010-135835/pt-br.php . Acesso em: 15/8/2010]

 

Para citar este artículo:

Muhringer Volpe Maira, «'Ajuda S.A.' : a profissionalização do 'especialista da subjetividade' pela mídia », RITA, N°4 : diciembre 2010, (en línea), puesto en línea el 10 de diciembre de 2010. Disponible en línea http://www.revue-rita.com/notes-de-recherche-60/ajuda-sa-a-profissionalizacao.html