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La famille des « Inácios »: héritage nominal parmi les descendants d’esclaves au sud du Brésil

L’article suivant propose une analyse de l’identité sociale parmi les descendants des esclaves au littoral nord de l’état de Rio Grande do Sul, au Brésil, à partir de l’étude des prénoms adoptés par eux et attribués à leurs enfants. On fera une relation entre dénomination, identité sociale et mémoire à partir de l’observation d’une famille en particulier. En étudiant la trajectoire d’une famille d’esclaves de la ferme de Morro Alto, on vérifiera l’attribution aux enfants et petits-enfants de prénoms d’ancêtres...


... Ces prénoms sont, souvent, de personnes de la famille qui ont vécu l’expérience de l’esclavage. Ainsi, on a imprimé dans ce qui concerne la marque individuelle la plus spécifique dans un système de classification – le nom – (LEVI-STRAUSS, 1970: 200) une référence à la mémoire familiale, ce qui passe aussi par la mémoire de l’esclavage. Au contraire de ce qui se passe le plus souvent concernant  l’historiographie brésilienne, qui privilégie les liens verticaux avec la famille des maîtres, on met l’accent aux liens horizontaux.

Mots-clés : Dénomination ; Héritage nominal; Ex-esclaves ; Période post abolition ; Sud du Brésil.

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Rodrigo de Azevedo Weimer

Doctorant en Histoire

Universidade Federal Fluminense (UFF)

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La famille des « Inácios »: héritage nominal

parmi les descendants d’esclaves au sud du Brésil

 

 

I. Introduction

          Cet article propose une analyse de l’identité sociale parmi les descendants des esclaves au littoral nord de l’état de Rio Grande do Sul, à l’extrême sud du Brésil, à partir de l’étude des prénoms adoptés par eux et attribués à leurs enfants. On présente l’hypothèse suivante: quand on appelle les enfants de la même manière selon laquelle on avait appelé les ancêtres ayant passé par l’expérience de la captivité, on a imprimé dans ce qui concerne la marque individuelle la plus spécifique dans un système de classification – le nom – (Lévi-Strauss, 1970 : 200) une référence à la mémoire familiale, ce qui passe aussi par la mémoire de l’esclavage.

La relation entre dénomination, identité sociale et mémoire sera traitée à partir de l’observation d’une famille en particulier : seulement une vertigineuse réduction de l’échelle d’analyse a rendu possible la minutie nécessaire à un tel travail analytique (Levi, 1992;  Revel, 1998). En étudiant les prénoms adoptés par les esclaves, les ex-esclaves et les affranchis, tous descendants de l’esclave Inácia, de l’ancienne ferme du Morro Alto, je cherche à tenir compte du problème ici posé. Toutefois, on voudrait que l’analyse spécifique de cette famille puisse présenter une contribution à la compréhension des pratiques de nomination des ex-esclaves dans un contexte plus étendu.

Cette ancienne propriété d’esclaves se trouvait où actuellement se situe la limite entre les municipalités de Osório et de Maquiné. Elle comprenait plusieurs localités, parmi lesquelles celle appelée Morro Alto, où il y a aujourd’hui la bifurcation des autoroutes BR-101 et RS-407. Les extrêmes méridional et septentrional de la ferme étaient les localités de Aguapés et de Espraiado, liées plus récemment par un tunnel de la BR-101qui raccourcit le chemin sous le mont. L’extrême est allait vers la plage de Capão da Canoa au long de l’actuelle autoroute RS-407, sur une plaine appelée Faxinal do Morro Alto, jusqu’au canal nommé Barra do João Pedro, qui lie la lagune dos Quadros à celle das Malvas.

 

Carte de la région. Les localisations en blanc ont été marchées pour l’auteur.

 

Source : http://maps.google.com.br/

Au XIXe siècle, Morro Alto était une des principales fermes de Conceição do Arroio, nom attribué à la ville de Osório à l’époque, en extension tout comme en nombre d’esclaves, nécessaires au travail dans les champs de canne à sucre, c’est-à-dire, la principale activité productive de la région. Il s’agissait d’une propriété familiale, appartenant aux familles Marques da Rosa, Osório Marques, Nunes da Silveira e Marques da Silveira. Sur les terrains plus proches du mont, on cultivait de la canne à sucre et sur les plaines, on élevait du bétail. La plupart des esclaves travaillaient dans les plantations de canne à sucre. Concernant les familles les plus prestigieuses dans l’hiérarchie des esclaves, comme celle étudiée dans le présent article, les hommes s’occupaient du travail aux champs et les femmes des tâches ménagères(1).

Actuellement, les descendants des esclaves de la région s’organisent et revendiquent la reconnaissance de leurs terres à travers les prérogatives légales assurées par l’article 68 des Actes des Dispositions Constitutionnelles Transitoires de la Constitution Brésilienne de 1988. Cette législation détermine la reconnaissance des terres occupées par les communautés « originaires de quilombos » , condition selon laquelle Morro Alto a déjà été reconnue par l’État brésilien. C’est à partir de l’étude (Barcellos et al., 2004) nécessaire à l’occasion que j’ai pris contact avec cette communauté. Désormais, j’approfondis les études en ce qui concerne une des familles de la région.

Parmi les esclaves de Morro Alto, il y avait Inácia. Elle est probablement née au début du XIXe siècle et appartenait à José Marques da Rosa et à son épouse Isabel Maria Osório. Elle a eu également plusieurs enfants ce qui ont enrichis l’ensemble des esclaves de ses maîtres(2). Peut-être en fonction de la fertilité de son ventre, Inácia a été récompensée avec la liberté, dans un moment donné entre la naissance de sa fille Inês (1841) et celle de son petit-fils Urculano (1855)(3), quand son statut a été enregistré en tant qu’affranchie(4). Outre du revenu politique venu des captifs avec lequel elle a alimenté le réseau d’esclaves des Osório Marques, Inácia était une esclave née à Santa Catarina(5), région dont la famille Marques était originaire et de laquelle la famille était partie vers les terres de Conceição do Arroio. Cela veut dire qu’Inácia avait accompagné ses maîtres dans leur migration. Pas seulement du fait d’être née au Brésil, ce qui lui attribuait un statut avantageux par rapport aux Africains, mais surtout du fait d’être une esclave ancienne et d’avoir été élevée auprès des maîtres, Inácia possédait un relatif capital symbolique qu’elle a cherché à s’en servir dans le but de conquérir sa liberté.

Des enfants d’Inácia, deux m’intéressent plus particulièrement: Angélica et Ramão. La première a eu un fils né en 1847(6) dont le prénom était Manoel. Selon ses descendants, son père appartenait à la famille des maîtres. Le deuxième a eu une fille avec Severina, fille d’une Africaine de prénom Tereza. Je n’ai pas pu localiser l’acte de baptême de l’enfant qui s’appelait Felisberta, mais j’estime sa naissance à la fin des années 1850, environ dix ans après son cousin.

 

Image 1 – Descendance d’Inácia(7)

Ce couple de cousins (image 1) a constitué une famille entre 1881 et 1883 et a eu huit enfants (voir image 2). C’est cette famille que j’analyse ici. La décision de me concentrer sur Manoel et Felisberta dérive du fait que ce sont eux qui ont vécu l’expérience de la transition juridique de la captivité à la liberté, ayant vécu l’impératif d’assumer une identité civile dans la société qui se formait à l’époque. J’analyse les prénoms attribués à leurs enfants et leurs petits enfants à fin de vérifier la persistance ou non d’une mémoire de la captivité portant sur le système de dénomination. Pourtant, pour tenir compte de la famille des « Inácios », il a fallu faire une brève récapitulation de la première moitié du XIXe siècle, dans le but de vérifier à partir de quelles expériences de captivité et de quels liens généalogiques la famille était partie.

 

Image 2 – Enfants de Felisberta et Manoel Inácio(8)

 

II. Prénoms et mémoire de l’esclavage

          L’anthropologie des termes de dénomination emploie d’habitude le mot stock nominal pour faire référence au répertoire socialement disponible de prénoms à être attribués à un enfant (Zonabend, 1995 : 258). Le réemploi de prénoms portés par les ascendants n’est pas nouveau pour l’anthropologie (Mauss, 2003), et non plus au Brésil, pour l’historiographie sur la période post abolition (Rios, 1990 : 48-49). Il est évident que cet ensemble de prénoms socialement disponibles n’est pas statique, étant l’objet d’une constante rénovation. Slenes (apud Rios, 1990: 48) constate, au XIXe siècle à São Paulo (à l’époque essentiellement basée sur l’économie du café), que les parents attribuaient à leurs enfants les prénoms des parents, des oncles et tantes et des grands-parents. Guedes (2008: 297), lorsqu’il analyse une famille de descendants d’esclaves, a constaté que, parmi les cousins de la quatrième génération, la proportion de prénoms partagés était supérieure à 50%; il s’agissait de choix intentionnels qui exprimaient les sentiments de la famille. Malheureusement, l’auteur n’approfondit pas autant que je voudrais cette constatation très intéressante, ce qui, à mon avis, met en question sa propre interprétation selon laquelle la dénomination traduisait les liens de soumission par rapport à la famille des anciens maîtres.

Afin de réaliser un calcul pareil, j’ai considéré les enfants et les petits-enfants de Manoel Inácio et de Felisberta. Les informations recherchées à propos de cette famille, dans les dernières générations de l’esclavage, permettent d’inférer si les prénoms empruntés par les enfants se réfèrent aux frères, oncles ou grands-parents de leurs parents. Toutefois, si on considère que la documentation peut comprendre des lacunes et, en outre, les liens généalogiques patrilatéraux ne sont pas tout à fait fiables, il est probable que les références aux prénoms hérités sont sous-évaluées.

Considérant la famille comme un ensemble, on voit que, d’un total de 39 individus, 22 ont reçu des prénoms identiques à ceux de membres de la famille de générations précédentes(9). Cette proportion (54%) est similaire à celle constatée par Guedes. Cependant, si on déconsidère Belisário, Pulquéria et leurs enfants, qui finalement représentent des branches de la famille jugées illégitimes et où le répertoire des membres connus à rendre hommage revient à la moitié(10), on a un total de 26 individus, dont 17 avec un héritage nominal que je connais. Autrement dit, considérant seulement les enfants des deux intégrants du couple, l’usage du stock nominal familial dans les générations des enfants et des petits-enfants d’esclaves s’élève à 65%. Cette proportion était probablement supérieure, puisqu’on ne connaît de manière plus détaillée et complète que les familles maternelles des enfants, car les arbres généalogiques du côté du père sont moins fiables en fonction des faibles indices de légitimité. Si on pouvait compter sur des généalogies plus complètes, ces indices seraient supérieurs à 54 et 65%.

Parmi les membres de la famille à qui chercher un prénom, les oncles, tantes, grands-oncles et grands-tantes des enfants et des parents prédominent: des 22 individus qui ont reçu les prénoms d’autres membres de la famille, 10 ont été légués par eux(11). Seulement deux enfants, un garçon et une fille, ont hérité des prénoms de leurs cousins, et une fille a eu le prénom d’un autre membre plus lointain de la famille(12). Aucune femme n’a hérité le prénom de sa mère, mais trois hommes l’ont hérité de leurs pères. Aussi, parmi ceux qui ont hérité les prénoms des grands-parents, il y a une prédominance de l’héritage nominal du côté masculin: quatre garçons ont reçu les prénoms de leurs grands-pères et seulement deux filles ont été appelées avec les prénoms de leurs grands-mères.

Ce dernier aspect peut être facilement expliqué par le prestige de Manoel Inácio en tant que patriarche de ce noyau familial. Ayant cumulé un pécule, il a acquis un terrain pour ses enfants après s’être acquitté de la condition captive, probablement en travaillant comme charpentier chez les grands fermiers de la région (Weimer, 2010). Étant protagoniste dans l’ascension sociale qui a mené cette famille d’ex-esclaves démunie à la condition de paysans noirs, la mémoire de la condition d’un enfant d’un maître d’esclaves et, possiblement, son précoce décès(13), ont abouti à un dévouement et un respect significatifs de la part de sa descendance. Il est vrai que tous ses enfants qui ont des fils garçons – y compris l’illégitime Belisário – ont nommé un fils, en général l’aîné, comme Manoel. Cela renforce l’argument selon lequel la répétition nominale entre les générations n’est pas le résultat d’une simple casualité, mais si d’une communion identitaire significative.

J’ai aussi quantifié parmi les 22 prénoms qui avaient un héritage nominal connu, ceux empruntés à la lignée maternelle ou paternelle de la famille, ou encore aux deux côtés à la fois(14). Parmi ces prénoms, 13 (59%) correspondaient à la famille de la mère de l’enfant, 4 à celle du père, 4 aux deux familles, et 1 à un autre membre plus lointain de la famille(15). Un tel résultat ne devrait pas surprendre, vu que les généalogies "matrilatérales" sont plus complètes que celles patrilatérales. Ainsi, je crois que la dénomination n’exprime pas nécessairement une préférence pour les familles des mères des enfants, mais il s’agit plutôt d’une caractéristique du type de recherche réalisée: le chercheur connaissait mieux les familles des mères. En outre, il prend en considération que Felisberta et Manoel Inácio ont eu un nombre de filles beaucoup plus élevé que celui de garçons, et parmi ces garçons, il n’y a qu’un qui a laissé une descendance. Comme cela n’a pas toujours été possible de vérifier les généalogies de leurs maris(16), leurs stocks nominaux se sont aussi perdus.

Finalement, on a réalisé un classement, parmi les 22 descendants d’esclaves de prénoms certainement empruntés à d’autres membres de la famille, de la condition juridique de ceux qui ont prêté leurs prénoms à des petits-enfants et des neveux ou nièces. Le résultat est impressionnant: 15 d’entre eux, soit 68%, étaient des esclaves, et 2 du ventre-livre(17), 4 libres et 1 de condition ignorée(18). Si on ne compte pas 3 Josés – prénom existant parmi des ancêtres esclaves tout comme à un ancêtre affranchi(19), et donc il n’y a pas comment savoir à qui on a rendu hommage – on a encore la quantité non-méprisable de 12, soit 54%. Ces données indiquent une claire préférence pour les ancêtres ayant vécu l’expérience de la captivité. Si le nom familial est un classeur de lignées, qui inscrit l’individu depuis sa naissance dans une filiation (Lévi-Strauss, 1970: 224 ; Zonabend, 1980: 11; Zonabend, 1995: 257), cette filiation semble les attacher – tout en les signifiant, en les classifiant, en les identifiant – intimement à une mémoire familiale qui revient à la captivité. Gutman (1976 cap.6) observe que l’adoption de noms originaires de la famille esclave elle-même met en évidence des identités sociales qui dépassent le lien avec les maîtres d’esclaves.

On pourrait objecter qu’il ne s’agit pas d’une préférence explicite pour des ancêtres esclaves, mais seulement d’une conséquence implicite selon laquelle la plupart des ancêtres disponibles avaient passé par l’expérience de la captivité. Cependant, cela ne me semble pas être le point fondamental. Il paraît qu’il n’y a pas, en fait, une préférence remarquable pour les ancêtres libres, qui correspondaient seulement à 18% de ceux ayant cédé des prénoms à leurs neveux ou nièces et petits-enfants. S’il y avait des ancêtres libres, pourquoi on a cherché parmi les esclaves le prénom à attribuer à ses enfants? Pourquoi il n’y a pas Serafinas, Clementinas, Urculanos, Luíses et Hermenegildos dans le répertoire nominal familial(20)?

Cette donnée devient encore plus impressionnante quand on tient compte que le XIXe siècle a connu une éthique de silence quant à la couleur et à l’expérience esclave passée, aux moments d’égalité formelle (Mattos, 1998 ; Mattos, 2000 ; Mattos, 2005). L’abolition de la distinction entre hommes libres et esclaves a maximisé le procès vérifié par l’auteur. Cependant, ce silence semble s’être passé dans l’espace public, puisque dans l’espace privé, persistait vivante, imprimée aux noms, aux marques les plus individuelles d’identité sociale, la mémoire de la captivité, et non pas en tant que stigmate, mais si en tant qu’initiative de dénomination assumée par les parents.

 

III. Considérations finales

          Dans son étude concernant la mobilité sociale d’ex-esclaves libérés pendant la première moitié du XIXe siècle dans la région de Porto Feliz, São Paulo, Roberto Guedes (2008) a cherché à mettre l’accent sur les liens verticaux utilisés par les anciens esclaves afin d’obtenir leur ascension sociale à cause de l’adoption du nom de famille de leurs maîtres. L’emphase ici donnée est différente: à exemple de Rios (1990), mes données indiquent l’existence de solidarités horizontales et familiales dans l’action de nommer. J’espère avoir réussi à montrer que l’adoption du nom de famille des anciens maîtres ne tient pas compte des relations identitaires établies par les anciens esclaves, qui ont transmis prénoms minutieusement choisis dans un répertoire nominal renforcé par leurs oncles ou tantes, grands-parents, grands-oncles et grands-tantes, fréquemment esclaves.

Le choix des noms de famille utilisés par les ex-esclaves et leurs descendants comme sujet de l’analyse de l’historien n’est pas innocent, puisqu’il privilégie les liens verticaux avec les anciens maîtres et a tendance à cacher l’existence de liens horizontaux intra et interfamiliaux. Bien qu’il s’agisse d’un problème aux sources plus ou moins accessibles, il faut un effort pour éviter les noms informés par l’officialité, sous peine de se concentrer seulement à ceux employés dans des contextes officiels. Il est évident que les noms utilisés dans l’informalité se permettent transparaître dans des documents formels. Mais, pour les enregistrer de manière adéquate, l’historien doit avoir le regard dirigé vers eux.

Il convient de mettre en évidence la différence entre les ambiances publiques et privées en ce qui concerne la préservation de la mémoire de la captivité. Si celle-ci n’était pas soulignée et mise en évidence dans des ambiances publiques pendant la période du post abolition, en fonction de la charge symbolique négative à elle associée, cela ne signifie pas que la captivité et les références aux membres de la famille ayant passé par cette expérience doivent être oubliées. Ces références n’ont pas seulement été rappelées, mais aussi elles ont été actionnées lors de la démarcation d’un stock de prénoms actionné jusqu’à, au moins, la deuxième génération après la captivité. Les prénoms font la liaison du sujet à un personnage spécifique à qui on prétend rendre hommage. Telles marques, loin d’être banales, ont été imprimées dans le plus intime et spécifique signe identitaire : le nom.

 

Annexe – Héritage nominal dans la famille de Felisberta

Les enfants de Felisberta et Manoel Inácio se trouvent identifiés par des nombres et en gras, et leurs petits-enfants, par des lettres et en italique. On a appliqué la notation de parenté présentée chez Santos, 2006, p.37-38. Le X représente les prénoms non-identifiés comme faisant partie du stock nominal familial. Quand la notation de parenté se trouve séparée par « ; », il s’agit d’individus différents, quand par la conjonction « et », il s’agit du même individu.

 

Prénom

Notation de parenté du membre de la famille de qui on a hérité le prénom

Degré de parenté du membre de la famille de qui on a hérité le prénom

Membre de la famille paternelle, maternelle ou des deux.

Membre esclave de la famille / ventre-livre / libre

1) Belisário(21)

X

   

X

a) Maria

X

   

X

b)Osvaldo

X

   

X

c) João

X

   

X

d) José

FrPe; FrPePe

Oncle; grand-oncle

Paternelle

L

e) Manoel

PePe

Grand-père

Paternelle

E

2) Pulquéria(22)

X

   

X

a) Honorata

X

   

X

b) Antônio

X

   

X

c) Teodoro

FsSoMeMe

Cousin

Maternelle

VL

d) Maria

SoMe; SoMeMe

Tante; grand-tante

Maternelles

E

e) João

X

   

X

f) José

FrMe; FrMeMe

Oncle; grand-oncle

Maternelle

E

3) Angélica

MePe et SoPeMe

Grand-mère et grand-tante

Les deux

E

a) “Beta”

X

   

X

4) Raquel

SoMe

Tante

Maternelle

E

5) Rosalina

X

   

X

a) Manoel

PeMe

Grand-père

Maternelle

E

b) Ercília

X

   

X

6) Maria

SoMe

Tante

Maternelle

E

a) Manoel

PeMe

Grand-père

Maternelle

E

b) José

FrMe; FrPeMe; FrMeMe

Oncle; grand-oncle

Maternelle

E

c) Timóteo

Pe

Père

Paternelle

?

d) Vitalina

MeMeFmeFrMe

Par affinité

Par affinité

E

e) Adiles

X

   

X

7) Manoel Inácio Filho

Pe

Père

Paternelle

E

a) Benta

FrMeMe

Grand-oncle

Maternelle

L

b) Amélia

MeMe

Grand-mère

Maternelle

VL

c) Aurora

SoMeMe

Grand-tante

Maternelle

L

d) Maria

SoPe; SoMePe; SoMe

Tante; grand-tante

Les deux

E

e) Diva

X

   

X

f) Geni

X

   

X

g) Manoel Inácio Neto

Pe; PePe

Père; grand-père

Paternelle

E

h) Eva

FeSoPe et FeFrMeMe

Cousine

Les deux

L

8) Mercedes

X

   

X

a) Manoel

PeMe

Grand-père

Maternelle

E

b) Eva

X

   

X

9) Ladislau

X

   

X

10) José

FrPe; FrMe

Oncle

Les deux

E

 

 

Notes de fin

(1) Vérifier le document en annexe. Lors d’une étude antérieure, j’avais constaté que, dans la municipalité voisine de São Francisco de Paula, « si le stock de noms de famille venait par la plupart des ex-maîtres, les prénoms étaient ravitaillés dans leurs propres familles » (WEIMER, 2008, p.328).

(2) C’est-à-dire, les descendants de Pulquéria ne rendraient hommage qu’aux membres de la famille de sa mère Felisberta, et les descendants de Belisário, qu’à ceux de la famille de son père Manoel Inácio. Je méconnais le nom du père de Pulquéria et la généalogie de la mère de Belisário.

(3) Vérifier le document en annexe. Dans ce sens, mes résultats contrastent à ceux de Rios (1990, p.48-49), qui a vérifié parmi les descendants d’esclaves à Paraíba do Sul, la prédominance de noms de grands-parents ou d’arrière-grands-parents, au lieu de ceux de parents et d’oncles, tantes, grands-oncles et grands-tantes. Je ne sais pas à quoi attribuer cette disparité régionale, mais comme je n’étudie qu’une famille de manière plus détaillée, il se peut qu’il s’agisse d’une particularité des « Inácios ».

(4) Il s’agit de la grand-mère de la belle-sœur de la mère de l’enfant.

(5) Manoel Inácio avait, en 1906, 58 ans.

(6) On contemple ici deux possibilités : soit celle propre aux cas où, des côtés paternel et maternel, il existe des personnes au même prénom, ce qui empêche d’identifier à qui on a eu l’intention de rendre hommage, soit celle propre aux cas où un individu appartient, simultanément, aux côtés paternel et maternel de la famille.

(7) Vérifier le document en annexe. Voir note xiii.

(8) L’épouse de Manoel Inácio Filho était nièce du mari de sa sœur Mercedes, et de l’épouse de son demi-frère Belisário. On constate une préférence de mariages entre la famille des ex-esclaves Manoel Inácio et Felisberta et celles de l’ex-esclave Merêncio, et j’ai pu avoir accès au stock nominal de cette dernière de manière précise.

(9) La loi du ventre livre a été promulguée le 28 septembre 1871 et établissait que les enfants des femmes esclaves nés à partir de cette date soient libres.

(10) Vérifier le document en annexe.

(11) Voir note suivante.

(12) Serafina, Clementina, Urculano et José étaient demi-frères de Manoel Inácio, enfants d’Angélica Inácia, qui ont été libérés encore petits, à l’inventaire de leur propriétaire, en 1867 (Inventaire d’Isabel Maria Osório). Luís était le nom du mari et Hermenegildo, de l’un des enfants de Serafina. La raison par laquelle Manoel n’a pas été libéré avec les autres c’est parce qu’il n’était pas fils de l’italien Francisco Pastorino, qui avait peut-être payé la liberté de quatre enfants.

(13) Pour plus de détails, voir BARCELLOS, et al., 2004.

(14) En 1822, Severino est né (Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Centre d’Histoire de la Famille, Microfilm 1391101, Item 3, livre 1 de baptême d’esclaves de Conceição do Arroio, désormais cité comme livre 1-CA, f.40-40v) ; en 1825 Angélica (livre 1-CA, f.54v), en 1827, Reginalda (livre 1-CA, f.66v), en 1829, Ramão (livre 1-CA, f.81v) ; en 1838, Marinha (Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Centre d’Histoire de la Famille, Microfilm 1391101, Item 4, livre 2 de baptêmes d’esclaves de Conceição do Arroio, désormais cité comme livre 2-CA, f.1) et en 1841, Inês (livre 2-CA, f.1). On n’est pas sûr si tous ces enfants ont survécu, considérant les taux élevés de mortalité infantile, mais on a des informations postérieures sur Angélica, Reginalda, Ramão et Marinha.

(15) Livre 2-CA, f.51.

(16) Ex-escrava de l’original en portugais (Note du traducteur).

(17) Cette information apparaît dans le baptême de sa petite-fille Inácia, livre 2-CA, f.48, née en 1854.

(18) Livre 2-CA, f.14v-15.

(19) Source : Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Centre d’Histoire de la Famille, Microfilm 1391101, récits oraux et Archive Publique de l’État de Rio Grande do Sul, Division d’Orphelins et Absents de  Conceição do Arroio, paquet 28, acte 883, étagère 159, année 1885, inventaire de Tomás Osório Marques, qui présente l’âge de Felisberta dans une liste d’immatriculation d’esclaves de 1871.

(20) 1881, c’est l’année de naissance de Pulquéria, fille de Felisberta avec un autre homme (Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Centre d’Histoire de la Famille, Microfilm 1391101, Item 6, livre d’enfants libres de mères esclaves de Conceição do Arroio, désormais cité comme livre de libérés-CA, f.79-79v), et 1883, celle d’Angélica, première fille du couple (livre de libérés-CA f.97). Manoel a eu aussi un autre fils avant de vivre en concubinage avec sa cousine, Belisário, fils de l’esclave Libânea et né en 1874 (livre de libérés-CA, f.26v). Les autres enfants du couple sont nés libres : Raquel, née en 1886 (Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Centre d’Histoire de la Famille, Microfilm 1391100, Item 4, livre 13 de baptêmes de Conceição do Arroio, f.88, désormais cité comme livre 13-CA), Rosalina, d’acte de baptême non-localisé, mais selon l’inventaire de son père, née en 1885 (Archive Publique de l’État de Rio Grande do Sul, Division d’Orphelins et Absents de Conceição do Arroio, paquet 26 – acte 814, étagère 159, année 1906, désormais cité comme inventaire de Manoel Inácio Osório Marques), Maria, née en 1890 (Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Centre d’Histoire de la Famille, Microfilm 1391100, Item 6, livre 15 de baptêmes de Conceição do Arroio, f.75, désormais cité comme livre 15-CA), Manoel, né en 1894 (Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Centre d’Histoire de la Famille, Microfilm 1391101, Item 1, livre 16 de baptêmes de Conceição do Arroio, f.83, désormais cité comme livre 16-CA), Mercedes, née en 1896 (Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Centre d’Histoire de la Famille, Microfilm 1391101, Item 2, livre 17 de baptêmes de Conceição do Arroio, f.79), Ladislau, d’acte de baptême non-localisé, mais selon l’inventaire de son père, né en 1898 (inventaire de Manoel Inácio Osório Marques) et José, d’acte de baptême non-localisé, mais selon l’inventaire de son père, né en 1898 et décédé entre 1904 et 1906 (inventaire de Manoel Inácio Osório Marques).

(21) Belisário n’était fils que de Manoel Inácio Marques.

(22) Pulquéria n’était fille que de Felisberta.

 

Bibliographie

Barcellos Daisy M. et al. (2004) Comunidade Negra de Morro Alto. Historicidade, Identidade e Direitos Constitucionais. Porto Alegre: Editora da UFRGS.

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Pour citer cet article

De Azevedo Weimer Rodrigo,"La famille des « Inácios »: héritage nominal parmi les descendants d’esclaves au sud du Brésil.", RITA n°5: décembre 2011, (en ligne), mis en ligne le 20 décembre 2011. Disponible en ligne http://www.revue-rita.com/traits-dunion98/la-famille-des-l-inacios-r-heritage-nominal-parmi-les-descendants-desclaves-au-sud-du-bresil.html

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Introduction

 

Cet article propose une analyse de l’identité sociale parmi les descendants des esclaves au littoral nord de l’état de Rio Grande do Sul, à l’extrême sud du Brésil, à partir de l’étude des prénoms adoptés par eux et attribués à leurs enfants. On présente l’hypothèse suivante: quand on appelle les enfants de la même manière selon laquelle on avait appelé les ancêtres ayant passé par l’expérience de la captivité, on a imprimé dans ce qui concerne la marque individuelle la plus spécifique dans un système de classification – le nom – (Lévi-Strauss, 1970 : 200) une référence à la mémoire familiale, ce qui passe aussi par la mémoire de l’esclavage.

La relation entre dénomination, identité sociale et mémoire sera traitée à partir de l’observation d’une famille en particulier : seulement une vertigineuse réduction de l’échelle d’analyse a rendu possible la minutie nécessaire à un tel travail analytique (Levi, 1992; Revel, 1998). En étudiant les prénoms adoptés par les esclaves, les ex-esclaves et les affranchis, tous descendants de l’esclave Inácia, de l’ancienne ferme du Morro Alto, je cherche à tenir compte du problème ici posé. Toutefois, on voudrait que l’analyse spécifique de cette famille puisse présenter une contribution à la compréhension des pratiques de nomination des ex-esclaves dans un contexte plus étendu.

Cette anc

Introduction

 

Cet article propose une analyse de l’identité sociale parmi les descendants des esclaves au littoral nord de l’état de Rio Grande do Sul, à l’extrême sud du Brésil, à partir de l’étude des prénoms adoptés par eux et attribués à leurs enfants. On présente l’hypothèse suivante: quand on appelle les enfants de la même manière selon laquelle on avait appelé les ancêtres ayant passé par l’expérience de la captivité, on a imprimé dans ce qui concerne la marque individuelle la plus spécifique dans un système de classification – le nom – (Lévi-Strauss, 1970 : 200) une référence à la mémoire familiale, ce qui passe aussi par la mémoire de l’esclavage.

La relation entre dénomination, identité sociale et mémoire sera traitée à partir de l’observation d’une famille en particulier : seulement une vertigineuse réduction de l’échelle d’analyse a rendu possible la minutie nécessaire à un tel travail analytique (Levi, 1992;  Revel, 1998). En étudiant les prénoms adoptés par les esclaves, les ex-esclaves et les affranchis, tous descendants de l’esclave Inácia, de l’ancienne ferme du Morro Alto, je cherche à tenir compte du problème ici posé. Toutefois, on voudrait que l’analyse spécifique de cette famille puisse présenter une contribution à la compréhension des pratiques de nomination des ex-esclaves dans un contexte plus étendu.

Cette ancienne propriété d’esclaves se trouvait où actuellement se situe la limite entre les municipalités de Osório et de Maquiné. Elle comprenait plusieurs localités, parmi lesquelles celle appelée Morro Alto, où il y a aujourd’hui la bifurcation des autoroutes BR-101 et RS-407. Les extrêmes méridional et septentrional de la ferme étaient les localités de Aguapés et de Espraiado, liées plus récemment par un tunnel de la BR-101qui raccourcit le chemin sous le mont. L’extrême est allait vers la plage de Capão da Canoa au long de l’actuelle autoroute RS-407, sur une plaine appelée Faxinal do Morro Alto, jusqu’au canal nommé Barra do João Pedro, qui lie la lagune dos Quadros à celle das Malvas.

 

Au XIXe siècle, Morro Alto était une des principales fermes de Conceição do Arroio, nom attribué à la ville de Osório à l’époque, en extension tout comme en nombre d’esclaves, nécessaires au travail dans les champs de canne à sucre, c’est-à-dire, la principale activité productive de la région. Il s’agissait d’une propriété familiale, appartenant aux familles Marques da Rosa, Osório Marques, Nunes da Silveira e Marques da Silveira. Sur les terrains plus proches du mont, on cultivait de la canne à sucre et sur les plaines, on élevait du bétail. La plupart des esclaves travaillaient dans les plantations de canne à sucre. Concernant les familles les plus prestigieuses dans l’hiérarchie des esclaves, comme celle étudiée dans le présent article, les hommes s’occupaient du travail aux champs et les femmes des tâches ménagères[i].

Actuellement, les descendants des esclaves de la région s’organisent et revendiquent la reconnaissance de leurs terres à travers les prérogatives légales assurées par l’article 68 des Actes des Dispositions Constitutionnelles Transitoires de la Constitution Brésilienne de 1988. Cette législation détermine la reconnaissance des terres occupées par les communautés « originaires de quilombos » , condition selon laquelle Morro Alto a déjà été reconnue par l’État brésilien. C’est à partir de l’étude (Barcellos et al., 2004) nécessaire à l’occasion que j’ai pris contact avec cette communauté. Désormais, j’approfondis les études en ce qui concerne une des familles de la région.

Parmi les esclaves de Morro Alto, il y avait Inácia. Elle est probablement née au début du XIXe siècle et appartenait à José Marques da Rosa et à son épouse Isabel Maria Osório. Elle a eu également plusieurs enfants ce qui ont enrichis l’ensemble des esclaves de ses maîtres[ii]. Peut-être en fonction de la fertilité de son ventre, Inácia a été récompensée avec la liberté, dans un moment donné entre la naissance de sa fille Inês (1841) et celle de son petit-fils Urculano (1855)[iii], quand son statut a été enregistré en tant qu’affranchie[iv]. Outre du revenu politique venu des captifs avec lequel elle a alimenté le réseau d’esclaves des Osório Marques, Inácia était une esclave née à Santa Catarina[v], région dont la famille Marques était originaire et de laquelle la famille était partie vers les terres de Conceição do Arroio. Cela veut dire qu’Inácia avait accompagné ses maîtres dans leur migration. Pas seulement du fait d’être née au Brésil, ce qui lui attribuait un statut avantageux par rapport aux Africains, mais surtout du fait d’être une esclave ancienne et d’avoir été élevée auprès des maîtres, Inácia possédait un relatif capital symbolique qu’elle a cherché à s’en servir dans le but de conquérir sa liberté.

Des enfants d’Inácia, deux m’intéressent plus particulièrement: Angélica et Ramão. La première a eu un fils né en 1847[vi] dont le prénom était Manoel. Selon ses descendants, son père appartenait à la famille des maîtres. Le deuxième a eu une fille avec Severina, fille d’une Africaine de prénom Tereza. Je n’ai pas pu localiser l’acte de baptême de l’enfant qui s’appelait Felisberta, mais j’estime sa naissance à la fin des années 1850, environ dix ans après son cousin.


Ce couple de cousins (image 1) a constitué une famille entre 1881 et 1883 et a eu huit enfants (voir image 2). C’est cette famille que j’analyse ici. La décision de me concentrer sur Manoel et Felisberta dérive du fait que ce sont eux qui ont vécu l’expérience de la transition juridique de la captivité à la liberté, ayant vécu l’impératif d’assumer une identité civile dans la société qui se formait à l’époque. J’analyse les prénoms attribués à leurs enfants et leurs petits enfants à fin de vérifier la persistance ou non d’une mémoire de la captivité portant sur le système de dénomination. Pourtant, pour tenir compte de la famille des « Inácios », il a fallu faire une brève récapitulation de la première moitié du XIXe siècle, dans le but de vérifier à partir de quelles expériences de captivité et de quels liens généalogiques la famille était partie.


Prénoms et mémoire de l’esclavage

 

L’anthropologie des termes de dénomination emploie d’habitude le mot stock nominal pour faire référence au répertoire socialement disponible de prénoms à être attribués à un enfant (Zonabend, 1995 : 258). Le réemploi de prénoms portés par les ascendants n’est pas nouveau pour l’anthropologie (Mauss, 2003), et non plus au Brésil, pour l’historiographie sur la période post abolition (Rios, 1990 : 48-49). Il est évident que cet ensemble de prénoms socialement disponibles n’est pas statique, étant l’objet d’une constante rénovation. Slenes (apud Rios, 1990: 48) constate, au XIXe siècle à São Paulo (à l’époque essentiellement basée sur l’économie du café), que les parents attribuaient à leurs enfants les prénoms des parents, des oncles et tantes et des grands-parents. Guedes (2008: 297), lorsqu’il analyse une famille de descendants d’esclaves, a constaté que, parmi les cousins de la quatrième génération, la proportion de prénoms partagés était supérieure à 50%; il s’agissait de choix intentionnels qui exprimaient les sentiments de la famille. Malheureusement, l’auteur n’approfondit pas autant que je voudrais cette constatation très intéressante, ce qui, à mon avis, met en question sa propre interprétation selon laquelle la dénomination traduisait les liens de soumission par rapport à la famille des anciens maîtres.

Afin de réaliser un calcul pareil, j’ai considéré les enfants et les petits-enfants de Manoel Inácio et de Felisberta. Les informations recherchées à propos de cette famille, dans les dernières générations de l’esclavage, permettent d’inférer si les prénoms empruntés par les enfants se réfèrent aux frères, oncles ou grands-parents de leurs parents. Toutefois, si on considère que la documentation peut comprendre des lacunes et, en outre, les liens généalogiques patrilatéraux ne sont pas tout à fait fiables, il est probable que les références aux prénoms hérités sont sous-évaluées.

Considérant la famille comme un ensemble, on voit que, d’un total de 39 individus, 22 ont reçu des prénoms identiques à ceux de membres de la famille de générations précédentes[i]. Cette proportion (54%) est similaire à celle constatée par Guedes. Cependant, si on déconsidère Belisário, Pulquéria et leurs enfants, qui finalement représentent des branches de la famille jugées illégitimes et où le répertoire des membres connus à rendre hommage revient à la moitié[ii], on a un total de 26 individus, dont 17 avec un héritage nominal que je connais. Autrement dit, considérant seulement les enfants des deux intégrants du couple, l’usage du stock nominal familial dans les générations des enfants et des petits-enfants d’esclaves s’élève à 65%. Cette proportion était probablement supérieure, puisqu’on ne connaît de manière plus détaillée et complète que les familles maternelles des enfants, car les arbres généalogiques du côté du père sont moins fiables en fonction des faibles indices de légitimité. Si on pouvait compter sur des généalogies plus complètes, ces indices seraient supérieurs à 54 et 65%.

Parmi les membres de la famille à qui chercher un prénom, les oncles, tantes, grands-oncles et grands-tantes des enfants et des parents prédominent: des 22 individus qui ont reçu les prénoms d’autres membres de la famille, 10 ont été légués par eux[iii]. Seulement deux enfants, un garçon et une fille, ont hérité des prénoms de leurs cousins, et une fille a eu le prénom d’un autre membre plus lointain de la famille[iv]. Aucune femme n’a hérité le prénom de sa mère, mais trois hommes l’ont hérité de leurs pères. Aussi, parmi ceux qui ont hérité les prénoms des grands-parents, il y a une prédominance de l’héritage nominal du côté masculin: quatre garçons ont reçu les prénoms de leurs grands-pères et seulement deux filles ont été appelées avec les prénoms de leurs grands-mères.

Ce dernier aspect peut être facilement expliqué par le prestige de Manoel Inácio en tant que patriarche de ce noyau familial. Ayant cumulé un pécule, il a acquis un terrain pour ses enfants après s’être acquitté de la condition captive, probablement en travaillant comme charpentier chez les grands fermiers de la région (Weimer, 2010). Étant protagoniste dans l’ascension sociale qui a mené cette famille d’ex-esclaves démunie à la condition de paysans noirs, la mémoire de la condition d’un enfant d’un maître d’esclaves et, possiblement, son précoce décès[v], ont abouti à un dévouement et un respect significatifs de la part de sa descendance. Il est vrai que tous ses enfants qui ont des fils garçons – y compris l’illégitime Belisário – ont nommé un fils, en général l’aîné, comme Manoel. Cela renforce l’argument selon lequel la répétition nominale entre les générations n’est pas le résultat d’une simple casualité, mais si d’une communion identitaire significative.

J’ai aussi quantifié parmi les 22 prénoms qui avaient un héritage nominal connu, ceux empruntés à la lignée maternelle ou paternelle de la famille, ou encore aux deux côtés à la fois[vi]. Parmi ces prénoms, 13 (59%) correspondaient à la famille de la mère de l’enfant, 4 à celle du père, 4 aux deux familles, et 1 à un autre membre plus lointain de la famille[vii]. Un tel résultat ne devrait pas surprendre, vu que les généalogies matrilatérales sont plus complètes que celles patrilatérales. Ainsi, je crois que la dénomination n’exprime pas nécessairement une préférence pour les familles des mères des enfants, mais il s’agit plutôt d’une caractéristique du type de recherche réalisée: le chercheur connaissait mieux les familles des mères. En outre, il prend en considération que Felisberta et Manoel Inácio ont eu un nombre de filles beaucoup plus élevé que celui de garçons, et parmi ces garçons, il n’y a qu’un qui a laissé une descendance. Comme cela n’a pas toujours été possible de vérifier les généalogies de leurs maris[viii], leurs stocks nominaux se sont aussi perdus.

Finalement, on a réalisé un classement, parmi les 22 descendants d’esclaves de prénoms certainement empruntés à d’autres membres de la famille, de la condition juridique de ceux qui ont prêté leurs prénoms à des petits-enfants et des neveux ou nièces. Le résultat est impressionnant: 15 d’entre eux, soit 68%, étaient des esclaves, et 2 du ventre-livre[ix], 4 libres et 1 de condition ignorée[x]. Si on ne compte pas 3 Josés – prénom existant parmi des ancêtres esclaves tout comme à un ancêtre affranchi[xi], et donc il n’y a pas comment savoir à qui on a rendu hommage – on a encore la quantité non-méprisable de 12, soit 54%. Ces données indiquent une claire préférence pour les ancêtres ayant vécu l’expérience de la captivité. Si le nom familial est un classeur de lignées, qui inscrit l’individu depuis sa naissance dans une filiation (Lévi-Strauss, 1970: 224 ; Zonabend, 1980: 11; Zonabend, 1995: 257), cette filiation semble les attacher – tout en les signifiant, en les classifiant, en les identifiant – intimement à une mémoire familiale qui revient à la captivité. Gutman (1976 cap.6) observe que l’adoption de noms originaires de la famille esclave elle-même met en évidence des identités sociales qui dépassent le lien avec les maîtres d’esclaves.

On pourrait objecter qu’il ne s’agit pas d’une préférence explicite pour des ancêtres esclaves, mais seulement d’une conséquence implicite selon laquelle la plupart des ancêtres disponibles avaient passé par l’expérience de la captivité. Cependant, cela ne me semble pas être le point fondamental. Il paraît qu’il n’y a pas, en fait, une préférence remarquable pour les ancêtres libres, qui correspondaient seulement à 18% de ceux ayant cédé des prénoms à leurs neveux ou nièces et petits-enfants. S’il y avait des ancêtres libres, pourquoi on a cherché parmi les esclaves le prénom à attribuer à ses enfants? Pourquoi il n’y a pas Serafinas, Clementinas, Urculanos, Luíses et Hermenegildos dans le répertoire nominal familial[xii]?

Cette donnée devient encore plus impressionnante quand on tient compte que le XIXe siècle a connu une éthique de silence quant à la couleur et à l’expérience esclave passée, aux moments d’égalité formelle (Mattos, 1998 ; Mattos, 2000 ; Mattos, 2005). L’abolition de la distinction entre hommes libres et esclaves a maximisé le procès vérifié par l’auteur. Cependant, ce silence semble s’être passé dans l’espace public, puisque dans l’espace privé, persistait vivante, imprimée aux noms, aux marques les plus individuelles d’identité sociale, la mémoire de la captivité, et non pas en tant que stigmate, mais si en tant qu’initiative de dénomination assumée par les parents.

 

Considérations finales

 

Dans son étude concernant la mobilité sociale d’ex-esclaves libérés pendant la première moitié du XIXe siècle dans la région de Porto Feliz, São Paulo, Roberto Guedes (2008) a cherché à mettre l’accent sur les liens verticaux utilisés par les anciens esclaves afin d’obtenir leur ascension sociale à cause de l’adoption du nom de famille de leurs maîtres. L’emphase ici donnée est différente: à exemple de Rios (1990), mes données indiquent l’existence de solidarités horizontales et familiales dans l’action de nommer. J’espère avoir réussi à montrer que l’adoption du nom de famille des anciens maîtres ne tient pas compte des relations identitaires établies par les anciens esclaves, qui ont transmis prénoms minutieusement choisis dans un répertoire nominal renforcé par leurs oncles ou tantes, grands-parents, grands-oncles et grands-tantes, fréquemment esclaves.

Le choix des noms de famille utilisés par les ex-esclaves et leurs descendants comme sujet de l’analyse de l’historien n’est pas innocent, puisqu’il privilégie les liens verticaux avec les anciens maîtres et a tendance à cacher l’existence de liens horizontaux intra et interfamiliaux. Bien qu’il s’agisse d’un problème aux sources plus ou moins accessibles, il faut un effort pour éviter les noms informés par l’officialité, sous peine de se concentrer seulement à ceux employés dans des contextes officiels. Il est évident que les noms utilisés dans l’informalité se permettent transparaître dans des documents formels. Mais, pour les enregistrer de manière adéquate, l’historien doit avoir le regard dirigé vers eux.

Il convient de mettre en évidence la différence entre les ambiances publiques et privées en ce qui concerne la préservation de la mémoire de la captivité. Si celle-ci n’était pas soulignée et mise en évidence dans des ambiances publiques pendant la période du post abolition, en fonction de la charge symbolique négative à elle associée, cela ne signifie pas que la captivité et les références aux membres de la famille ayant passé par cette expérience doivent être oubliées. Ces références n’ont pas seulement été rappelées, mais aussi elles ont été actionnées lors de la démarcation d’un stock de prénoms actionné jusqu’à, au moins, la deuxième génération après la captivité. Les prénoms font la liaison du sujet à un personnage spécifique à qui on prétend rendre hommage. Telles marques, loin d’être banales, ont été imprimées dans le plus intime et spécifique signe identitaire: le nom.

 

ANNEXE – Héritage nominal dans la famille de Felisberta

 

Les enfants de Felisberta et Manoel Inácio se trouvent identifiés par des nombres et en gras, et leurs petits-enfants, par des lettres et en italique. On a appliqué la notation de parenté présentée chez Santos, 2006, p.37-38. Le X représente les prénoms non-identifiés comme faisant partie du stock nominal familial. Quand la notation de parenté se trouve séparée par « ; », il s’agit d’individus différents, quand par la conjonction « et », il s’agit du même individu.

 

 

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Mauss, Marcel. (2003) « Uma categoria do espírito humano: a noção de pessoa, a de ‘eu’» Mauss, Marcel. Sociologia e Antropologia. São Paulo: Cosac e Naify.

Revel, Jacques (1998). Jogos de escalas – A experiência da microanálise. Rio de Janeiro: Editora Fundação Getúlio Vargas.

Rios, Ana L. (1990) Família e Transição (famílias negras em Paraíba do Sul, 1872-1920). Dissertação apresentada ao curso de mestrado em História da Universidade Federal Fluminense. Niterói: UFF.

Santos, Armindo. (2006) Antropologia do parentesco e da família. Lisboa: Instituto Piaget.

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Weimer, Rodrigo de Azevedo (2010). “A herança de Manoel Inácio: sobre a lógica da sucessão camponesa no pós-Abolição e percepções de direito campesinas” In ABREU, Martha e PEREIRA, Matheus Serva. Caminhos da liberdade: histórias da abolição e do pós-abolição no Brasil. Niterói: PPG-História/UFF.

Zonabend, Françoise. (1980) « Le nom de personne » L’Homme, XX (4): 7-23.

Zonabend, Françoise. (1995)  « Pourquoi nommer? » Benoist, Jean-Marie et al. L’Identité. Séminaire interdisciplinaire dirigé par Claude Lévi-Strauss, professeur au Collège de France, 1974-1975. Paris: Quadrige / PUF: 257-332



[i] Vérifier le document en annexe. Lors d’une étude antérieure, j’avais constaté que, dans la municipalité voisine de São Francisco de Paula, « si le stock de noms de famille venait par la plupart des ex-maîtres, les prénoms étaient ravitaillés dans leurs propres familles » (WEIMER, 2008, p.328).

[ii] C’est-à-dire, les descendants de Pulquéria ne rendraient hommage qu’aux membres de la famille de sa mère Felisberta, et les descendants de Belisário, qu’à ceux de la famille de son père Manoel Inácio. Je méconnais le nom du père de Pulquéria et la généalogie de la mère de Belisário.

[iii] Vérifier le document en annexe. Dans ce sens, mes résultats contrastent à ceux de Rios (1990, p.48-49), qui a vérifié parmi les descendants d’esclaves à Paraíba do Sul, la prédominance de noms de grands-parents ou d’arrière-grands-parents, au lieu de ceux de parents et d’oncles, tantes, grands-oncles et grands-tantes. Je ne sais pas à quoi attribuer cette disparité régionale, mais comme je n’étudie qu’une famille de manière plus détaillée, il se peut qu’il s’agisse d’une particularité des « Inácios ».

[iv] Il s’agit de la grand-mère de la belle-sœur de la mère de l’enfant.

[v] Manoel Inácio avait, en 1906, 58 ans.

[vi] On contemple ici deux possibilités : soit celle propre aux cas où, des côtés paternel et maternel, il existe des personnes au même prénom, ce qui empêche d’identifier à qui on a eu l’intention de rendre hommage, soit celle propre aux cas où un individu appartient, simultanément, aux côtés paternel et maternel de la famille.

[vii] Vérifier le document en annexe. Voir note xiii.

[viii] L’épouse de Manoel Inácio Filho était nièce du mari de sa sœur Mercedes, et de l’épouse de son demi-frère Belisário. On constate une préférence de mariages entre la famille des ex-esclaves Manoel Inácio et Felisberta et celles de l’ex-esclave Merêncio, et j’ai pu avoir accès au stock nominal de cette dernière de manière précise.

[ix] La loi du ventre livre a été promulguée le 28 septembre 1871 et établissait que les enfants des femmes esclaves nés à partir de cette date soient libres.

[x] Vérifier le document en annexe.

[xi] Voir note suivante.

[xii] Serafina, Clementina, Urculano et José étaient demi-frères de Manoel Inácio, enfants d’Angélica Inácia, qui ont été libérés encore petits, à l’inventaire de leur propriétaire, en 1867 (Inventaire d’Isabel Maria Osório). Luís était le nom du mari et Hermenegildo, de l’un des enfants de Serafina. La raison par laquelle Manoel n’a pas été libéré avec les autres c’est parce qu’il n’était pas fils de l’italien Francisco Pastorino, qui avait peut-être payé la liberté de quatre enfants.



[i] Pour plus de détails, voir BARCELLOS, et al., 2004.

[ii] En 1822, Severino est né (Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Centre d’Histoire de la Famille, Microfilm 1391101, Item 3, livre 1 de baptême d’esclaves de Conceição do Arroio, désormais cité comme livre 1-CA, f.40-40v) ; en 1825 Angélica (livre 1-CA, f.54v), en 1827, Reginalda (livre 1-CA, f.66v), en 1829, Ramão (livre 1-CA, f.81v) ; en 1838, Marinha (Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, Centre d’Histoire de la Famille, Microfilm 1391101, Item 4, livre 2 de baptêmes d’esclaves de Conceição do Arroio, désormais cité comme livre 2-CA, f.1) et en 1841, Inês (livre 2-CA, f.1). On n’est pas sûr si tous ces enfants ont survécu, considérant les taux élevés de mortalité infantile, mais on a des informations postérieures sur Angélica, Reginalda, Ramão et Marinha.

[iii] Livre 2-CA, f.51.

[iv] Ex-escrava de l’original en portugais (Note du traducteur).

[v] Cette information apparaît dans le baptême de sa petite-fille Inácia, livre 2-CA, f.48, née en 1854.

[vi] Livre 2-CA, f.14v-15.

ienne propriété d’esclaves se trouvait où actuellement se situe la limite entre les municipalités de Osório et de Maquiné. Elle comprenait plusieurs localités, parmi lesquelles celle appelée Morro Alto, où il y a aujourd’hui la bifurcation des autoroutes BR-101 et RS-407. Les extrêmes méridional et septentrional de la ferme étaient les localités de Aguapés et de Espraiado, liées plus récemment par un tunnel de la BR-101qui raccourcit le chemin sous le mont. L’extrême est allait vers la plage de Capão da Canoa au long de l’actuelle autoroute RS-407, sur une plaine appelée Faxinal do Morro Alto, jusqu’au canal nommé Barra do João Pedro, qui lie la lagune dos Quadros à celle das Malvas.