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Walter Rodney : une histoire engagée entre  l'Amérique latine et l'Afrique 


Cet article traite de l’engagement de l’historien originaire de la Guyana, Walter Rodney (1942-1980). Il expose de manière synthétique la façon dont Rodney analysa l’histoire culturelle de l’Afrique et des Afro-descendants dans un temps long marqué par des luttes qui, en s’adaptant à l’évolution des contextes, expriment la continuité de l’opposition aux injustices économiques, politiques et sociales nées lors de la traite transatlantique, événement paradoxalement fondateur de l’idée panafricaine...

 ... L’article montre ensuite comment Rodney s’est inspiré de la théorie sud-américaine de la dépendance afin de souligner la dialectique qui lie la marginalisation de l’Afrique dans le monde et la situation subalterne des populations afro-descendantes dans les Amériques. Enfin, avec la réfutation par Rodney des théories du conflit racial dans la Caraïbe au lendemain de l’abolition de l’esclavage et de l’introduction des travailleurs contractuels asiatiques, cet article donne un aperçu de son combat contre le régime autoritaire de la Guyana. Il pose également la question d’une historiographie engagée du panafricanisme, ainsi que les perspectives relevant du passage de l’histoire à la politique.

Mots clefs : Afrique ; Guyana ; Historiographie ; Panafricanisme ; Rodney.

 

Amzat Boukari-Yabara

Docteur en Histoire

Université de Montréal

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Walter Rodney : une histoire engagée 

entre  l'Amérique latine et l'Afrique

 

Introduction

          Né en 1942 à Georgetown (Guyana), Walter Rodney étudia l’histoire de l’Afrique à l’Université des Indes Occidentales (UWI) en Jamaïque, puis à la School of Oriental and African Studies (SOAS) à Londres. Après avoir travaillé en Tanzanie (1966-67), il retourna enseigner l’histoire de l’Afrique à l’UWI. Expulsé en octobre 1968 par les autorités jamaïcaines en raison de son activisme social et politique auprès des Rastas(1), Rodney retourna enseigner dans la Tanzanie socialiste de Julius Nyerere. En 1974, il quitta la Tanzanie, mais le poste de professeur d’histoire à l’Université de la Guyana qui lui avait été promis lui fut retiré au dernier moment pour des motifs politiques. Tout en combattant le régime de Forbes Burnham, Rodney entama des recherches sur l’histoire des populations africaines et indiennes de la Guyana. Mais le vendredi 13 juin 1980 au soir, à l’approche des élections, Rodney est tué par l’explosion d’une bombe (Boukari-Yabara et M’Bokolo, 2007).                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                         Au-delà d’un itinéraire personnel qui prend à rebours les routes de la traite transatlantique, Rodney a pensé les relations entre l’Afrique, l’Europe et les Amériques dans une longue durée allant de l’arrivée des Portugais sur les côtes ouest-africaines en 1445, jusqu’à la mondialisation  actuelle, en passant par les siècles au cours desquels la traite transatlantique tissa le maillon des sociétés coloniales et postcoloniales. Ainsi, Rodney vit dans la contestation noire américaine des années 1960 une réactivation des formes de résistance à l’esclavage qui avaient contribué à l’émergence d’une solidarité proto-panafricaine.

Mais comment a-t-il mis ses recherches au service de l’activisme ? En étudiant, d’une part, la marginalisation des populations afro-descendantes dans les Amériques et celle de l’Afrique dans les relations internationales, et en critiquant, d’autre part, l’imposition d’un modèle de développement postcolonial inadapté aux réalités historiques africaines, Rodney montra son intérêt pour la théorie latino-américaine de la dépendance. Mais quelle homologie permet de comparer l’histoire économique et sociale des peuples afro-descendants et africains ? Enfin, quelles sont les clés pour comprendre l’activisme de Rodney dans le contexte politico-ethnique de la Guyana ?

 

I. Rodney, historien de la diaspora africaine en Amérique

A. Un aperçu de la formation culturelle des Amériques noires

          Dans le sillon de sa thèse réalisée sur la traite portugaise en Haute Guinée de 1545 à 1800, Rodney s’intéressa aux premiers Africains débarqués en Amérique Espagnole. Il souligna que l’absence d’une grande minorité noire comparable à celles présentes aux Etats-Unis, au Brésil et aux Antilles, ne devait pas conduire à sous-estimer le rôle des Africains en Amérique Espagnole (Rodney, 1969a : 330). Ainsi, les Africains furent démographiquement majoritaires dans la Caraïbe, les Guyanes, au nord-est du Brésil, et jusqu’au XVIIe siècle au Panama, au Honduras, au Venezuela, ainsi qu’à Cartagena et à Mexico (Rodney, 1975a : 603-605). Entretenu par la traite et par le rôle reproducteur des Africaines, l’impact démographique favorisa la naissance de syncrétismes culturels et religieux. Constituant jusqu’au 18ème siècle la majorité de la population de sexe féminin dans les Amériques, les Africaines permirent la préservation et la transmission des savoirs à leurs enfants nés dans les Amériques, et, en tant que mère de saint (mae de santo), elles prirent aussi en charge l’organisation des premiers temples (terreiros) de Salvador de Bahia.

A partir des témoignages laissés par les missions d’Alonso Sandoval et du jésuite Pedro Claver, Rodney rappela que les Africains du Mexique et de la Colombie créèrent leurs propres confréries (Cofradias), que l’on retrouve aussi au Brésil (Nações) et à Cuba (Cabildos). Si Rodney rejoignit les anthropologues qui, à l’instar de Roger Bastide (1996), voyaient dans ces syncrétismes une technique de survie, il demeura réservé sur les recherches en paternité africaine. Évoquant les festivals (diablitos) à Santa Fé de Antioquia, ainsi que les influences africaines de la musique populaire cubaine, centraméricaine et vénézuélienne, Rodney estima que l’expérience esclavagiste commune était plus importante que l’héritage africain fragmenté (Rodney, 1969 : 342-343).

En empruntant l’analyse de Bastide, Rodney constata que la population Aja du Bénin fut conduite à Saint-Domingue, où elle introduisit le culte Vaudou qui, développé ensuite par les Yoruba et les Ewé, gagna la Louisiane lorsque les planteurs de Saint-Domingue fuirent l’île à la suite de la première abolition (1794), et participèrent à la naissance d’un Vieux Sud ségrégationniste. Si la culture Akan façonna les sociétés de la Jamaïque, de la Virginie et des Guyanes, la culture Yoruba fut prépondérante à Cuba, à Trinidad, à Bahia et dans le Minas Gerais. Les populations du Congo et d’Angola formaient l’autre tendance de la culture afro-brésilienne. Ce schéma d’intégration culturelle par couches successives fit que, dans le cas du Brésil, une confrérie pouvait adopter un nom générique, comme les Nago dans le Candomblé, sans que tous les membres soient de la même ethnie. En revanche, la culture des premiers Africains arrivés en un lieu était la couche sur laquelle venait se poser par sédimentation d’autres formes culturelles (Rodney, 1975a : 619).

B. Relier l’Afrique et la diaspora par l’histoire des résistances croisées

Débutée sur les côtes africaines, la résistance des captifs se poursuivit dès l’arrivée sur le sol américain. Les premiers fugitifs s’allièrent aux Indiens de la Caraïbe, avant de former leurs propres sociétés connues sous le nom de Marrons. À Panama, dès 1540, la majorité de la population – des Africains travaillant dans les dépôts d’or – se souleva contre les Espagnols, tandis qu’à Cartagena, Benkos Bioho tenta d’unir les vingt mille esclaves de la province en 1599 (Rodney, 1969 : 343-344). Les camps de Marrons dans les montagnes jamaïcaines ou dans la jungle guyanaise, les Quilombos brésiliens et les Palenque colombiens, ou le soulèvement victorieux des esclaves de Saint Domingue (1791-1804), ont permis à Rodney de souligner que les Africains ont également transporté depuis les côtes ouest-africaines des formes de résistance qu’ils ont adaptées à leur nouvel environnement (Rodney, 1975a : 611-612). Par ailleurs, outre les Buffalo Soldiers chantés par Bob Marley, et les Black Seminoles – des Indiens de la Floride espagnole alliés aux Noirs fugitifs de Caroline et de Géorgie –, Rodney signala des collaborations afro-indiennes en Mer des Antilles (les Garifunas ou Black Caribs), dans la province colombienne du Pasto, et dans les Guyanes (Rodney, 1975a : 619-622

Lorsqu’il retourna à Dar-es-Salaam en 1969, Rodney donna les premiers cours en histoire de la diaspora africaine. Il lia l’histoire des luttes abolitionnistes et indépendantistes du Nouveau Monde avec celle des luttes de libération en Afrique australe et lusophone afin de répondre au besoin croissant et réciproque de connaissance historique entre les Afro-Américains pris dans une quête des origines et les Africains (Clarke, 1979). En effet, au début des années 1960, des Noirs Américains en lutte pour les droits civiques (Jenkins, 1975), des Jamaïcains marqués par le mythe du Rastafari (Bonacci, 2010), des Afro-Brésiliens héritiers des flux et des reflux de la traite dans l’Atlantique Sud (Verger, 1968), des Haïtiens fuyant le régime de Duvalier (Gouraige, 1974), et des Cubains portés par la Révolution (Gleijeses, 2002), vinrent s’installer dans un certain nombre de pays africains progressistes (Ethiopie, Ghana, Guinée, Dahomey, Nigeria, Congo, Angola). Longtemps confinée dans les imaginaires, l’Afrique devenait concrète pour ces Afro-descendants.

Mais la vision idyllique se brisa à plusieurs occasions. Ainsi, en juin 1974 à Dar, Rodney protesta contre les organisateurs du Congrès panafricain qui avaient refusé d’inviter les délégations non-officielles de la Caraïbe à la demande des gouvernements de la Jamaïque et de la Guyana, et qui accueillaient les représentants de la junte brésilienne qui avait reconnu le coup d’état de Pinochet. Dans le texte censuré qu’il avait rédigé (Aspects of the International Class Struggle in Africa, the Caribbean, and Americas), Rodney distingua le panafricanisme de libération qui considérait la décolonisation totale de l’Afrique comme l’aboutissement d’une série alternée de luttes et de négociations, et un panafricanisme révolutionnaire qui considérait cette même décolonisation comme le point de départ de la lutte prolongée contre l’impérialisme. L’historien évoqua la balkanisation de l’Afrique, l’attitude chauvine et néocoloniale de certains chefs d’états nommément cités, et la nécessité de repenser les approches africaines, antillaises et afro-américaines du panafricanisme(2). Ainsi, Rodney appela, trente ans avant l’Union Africaine, à faire de la diaspora la sixième région du continent. Constatant la montée des nationalismes africains, il souligna la logique de la marginalisation de la diaspora. La spécificité impérialiste des États-Unis ne permettait aux Noirs Américains de s’imposer à la tête des mouvements anti-impérialistes qu’à la seule condition de lutter au cœur même de l’empire américain, rejetant de ce fait l’utopie d’un retour massif en Afrique, tandis que la Caraïbe était elle-même dans l’étau états-unien. En outre, les Antillais, les Noirs Américains, les Cubains et les Brésiliens introduisaient en Afrique des théories raciales inadaptées à la configuration des luttes africaines (Rodney, 1990 : 85-87).

En revanche, aux yeux de Rodney, des similitudes existaient entre la situation néocoloniale de l'Afrique, qui relevait selon lui de la tragédie, et celle de la Caraïbe, qui relevait de la comédie. Dans la Caraïbe, la création d'une identité nationale se contenta de glorifier le passé esclavagiste, de valoriser un sentiment national artificiel reposant sur le seul fait que des captifs, tous venus d’Afrique, furent envoyés, pour les uns sur les plantations de la Jamaïque, ou pour les autres, à la Barbade ou à la Martinique. Rodney plaida la destruction des barrières linguistiques afin de sortir la Négritude de son approche chauvine, stérile et néocoloniale, et lui redonner une force politique. Il apporta son soutien aux socialistes de la Martinique et de la Guyane française, avant de conclure son texte par une série de huit recommandations. Celles-ci appelaient à lutter contre le capitalisme occidental allié aux élites locales, et afin de se désengager d’un système qui encourage l’exploitation. Rodney croyait en la possibilité de redessiner de nouvelles frontières afin de favoriser l’unité économique et politique de l’Afrique, d’unir les groupes et les organisations progressistes, et de déclarer le panafricanisme comme un mouvement ouvertement anti-impérialiste et antiraciste, avec une stratégie de développement global.

 

II. L’Afrique et l’Amérique latine impactées par la traite

A. Détruire l’Afrique pour construire l’Amérique 

La traite transatlantique priva les sociétés africaines d’une main-d’œuvre et d’une démographie qui limitèrent le développement d’une production et d’un marché à l’échelle du continent. La traite détourna les routes commerciales transsahariennes en réorientant les activités économiques vers les régions côtières du littoral atlantique, ainsi que vers l’Océan Indien. En soulignant que la traite réalisée depuis Zanzibar bénéficiait en dernier lieu à des commerçants européens, et que l’Océan Indien alimentait également les Amériques en captifs, Rodney caractérisa la dimension globale de l’économie esclavagiste dont les retombées arrivaient sous forme de produits tropicaux et de métaux précieux à Amsterdam, Anvers, Londres, Nantes ou Séville.

 En se demandant ce que devenait une région x diminuée pendant plusieurs siècles et de manière endémique d’une importante partie de ses ressources humaines, et sur ce que devenait une région y qui bénéficie de cet afflux d’une main d’œuvre forcée et gratuite, Rodney estima que l’Africain, autant que l’Européen, a repoussé les frontières de l’Amérique. La déforestation, la construction de voies, de routes, de ports et de villes, la diversité des productions (café, coton, indigo, riz, sucre, tabac…) et des secteurs d’activité (bétail, construction, mines, portage, services domestiques…) témoignent du travail important réalisé par les Africains. Rodney estima que les esclaves travaillaient en Amérique selon des domaines qui coïncidaient avec leurs activités en Afrique même. C’est ainsi que des colons de Nouvelle-Andalousie (Venezuela) déposèrent une pétition en 1576 dans laquelle ils détaillèrent les groupes d’Africains desquels ils voulaient obtenir des captifs. À Santa Fe de Bogota, en 1595, des rivalités éclatèrent parmi les colons pour savoir si les Africains seraient directement emmenés dans les mines à l’intérieur des terres ou maintenus principalement dans la zone portuaire de Cartagena. Hispaniola et Cuba importaient des Africains de Sénégambie et de Haute-Guinée (Fulani, Mandés, Woloffs) qui connaissaient la pratique de l’élevage. La recherche de l’or dans les dépôts d’alluvion était connue des Africains de la Gold Coast, qui furent introduits en priorité dans le Minas Gerais. Le transfert de compétences concerna également les Diola et les Balante de la Casamance et du fleuve Nuñez qui cultivèrent le riz dans la région du Maranhão (Rodney, 1969 : 329).

À partir du rôle des Africains dans la construction de l’Amérique, deux polémiques – entre Philip Curtin (1969) et Rodney (1972) sur l’impact démographique de la traite transatlantique, et entre Rodney et John D. Fage (1980) autour de la participation des élites africaines à la traite – sont à l’origine d’un débat sur les Réparations (combien  et sous quelle forme ?) que l’Afrique (et sa diaspora ?) serait en droit d’exiger (de qui ?) pour le préjudice de la traite et de l’esclavage(3). Rodney rappela qu’historiquement, les premières réparations économiques furent celles payées à la France par la première République Noire, Haïti, à la suite de son indépendance (1804). À l’encontre du principe juridique des réparations qui veut que le vaincu rembourse le vainqueur pour les pertes occasionnées, la somme payée par Haïti à la France a introduit la notion de la dette comme point de départ des relations postcoloniales (Rodney, 1990 : 67). Le second exemple concerne l’émancipation même des esclaves. Des recensements opérés dans les colonies peu avant l’abolition de l’esclavage ont permis d’évaluer la valeur brute cumulée des esclaves, et de dédommager les planteurs à hauteur de vingt millions de livres pour la perte de leur main-d’œuvre forcée (Rodney, 2001 : 26). Les esclaves libérés ne reçurent que dans le meilleur des cas, un lopin de terre comme compensation. Ainsi, l’abolition de l’esclavage entérinait la dépendance des affranchis à un système capitaliste fondé sur le profit, tandis que la colonisation marquait le passage de l’exploitation de la main-d’œuvre forcée africaine en Amérique à l’extraction des richesses par les Africains en Afrique même.

 

B. L’Afrique et l’Amérique latine, entre dette et dépendance

Dans les années 1970, avec Samir Amin et Immanuel Wallerstein, Rodney introduisit en Afrique le débat sur la dépendance (Boukari-Yabara et Idir, 2012). Celle-ci était la manifestation historique des lois de l’économie libérale qui forçait les pays nouvellement indépendants à suivre un modèle de développement imposé, oubliant que les pays aujourd’hui dits « développés » n’avaient jamais été sous-développés (underdeveloped), mais non-développés (undeveloped). Si la traite inaugura le commerce transatlantique, le monde colonial instaura des rapports de dépendance entre les colonies (ou périphéries) et les métropoles (ou centres). La dépendance a entraîna des inégalités entre les Suds (Afrique et Caraïbe) et les Nords (Europe et Amérique du Nord), mais également à l’intérieur des régions et parmi les différentes couches de population du Nord comme du Sud.

Le Brésil est ainsi l’exemple d’un pays qui a connu des cycles (bois, esclaves, or, sucre, café) et des reconversions qui sont liées à l’évolution du commerce international, et qui ont permis son « développement » en tant que satellite du Portugal, lui-même satellite de la Grande-Bretagne depuis le traité de Methuen (1713). Les populations noires du Brésil, majoritairement installées dans le Nordeste pour des raisons historiques, ont été au cœur du développement initial de l’économie brésilienne – tout en étant économiquement et socialement les plus marginalisées – avant de se retrouver progressivement à la périphérie du pôle de São Paulo, qui est lui-même une périphérie de l’Europe (Frank, 1970 : 4-17). Rejoignant les hypothèses de Frank sur le rôle moteur du latifundium dans la création d‘une économie capitaliste domestique qui aliénait les régions voisines (Argentine, Brésil, Mexique), Rodney suggéra de voir dans le bassin du Congo, en Afrique du Sud et à Zanzibar, un parallèle à travers la manière dont l’exploitation minière ou la culture intensive de certains produits hiérarchisèrent le rôle de chaque région alentour, chargée de produire uniquement ce dont le centre d’exploitation local avait besoin.

 Selon Rodney, les deux Guerres mondiales et la Crise de 1929 ont permis à l’Amérique du Sud un début d’industrialisation et d’indépendance vis-à-vis des importations européennes. Mais les mêmes crises ont renforcé l’exploitation économique des colonies africaines. En effet, si les produits de la traite étaient des produits de luxe (sucre, café), les produits coloniaux sont principalement des matières premières qui alimentent les industries occidentales avant d’être réexportées vers l’Afrique avec une valeur ajoutée. Ramifiés lors de la division internationale du travail (DIT), ces rapports inégaux ont continué après les indépendances africaines en raison du monopole des pays occidentaux sur les brevets technologiques et sur l’achat – et donc le prix – des matières premières. La DIT entretiendrait une concurrence économique qui unit aujourd’hui les pays émergents (Afrique du Sud, Brésil, Inde) mais qui les désolidarise des pays moins avancés (PMA).

Rodney montra également que la participation spontanée ou forcée des Africains aux luttes d’indépendance et aux guerres civiles latino-américaines et états-uniennes intervient à un moment où la traite transatlantique est en train d’être abolie, et remplacée par la colonisation de l’Afrique. Paradoxalement, alors que les Noirs avaient constitué la main-d’œuvre principale en Amérique latine, les vagues d’immigration européenne étaient implicitement justifiées par l’idée raciste que le blanchiment de la population était fondamental pour accéder au progrès et à la civilisation. Si la ségrégation se développe en Amérique du Nord, le stigmate de la couleur de peau s’amplifie en Amérique latine. Celle-ci entre dans une ère nationaliste ou indépendante au moment où l’Afrique passe sous domination coloniale. Par conséquent, au moment fort des luttes indépendantistes africaines, les républiques latino-américaines, qui avaient nié la problématique raciale, se trouvaient déjà intégrés à des structures impérialistes et néocolonialistes.

Alors que des Noirs d’Amérique latine assistèrent – en nombre inférieur aux Noirs d’Amérique du Nord et de la Caraïbe – aux Congrès panafricains tenus dans la première moitié du 20ème siècle (Ki-Zerbo, 2007), la grande alliée de l’Afrique après 1945 fut l’Asie. L’engagement de l’Amérique latine et de la Caraïbe dans la géopolitique africaine survient par l’intermédiaire de la Révolution cubaine, qui précède la vague des indépendances africaines, puis la mise en place de la Tricontinentale(4). La coïncidence entre les mouvements afro-américains et les luttes d’indépendance africaines permet alors l’essor d’une pluralité d’idéologie autour du Black Power dans la Caraïbe (Oruno-Lara, 1992 : 887-889), aux Etats-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne, au Brésil et en Afrique du Sud(5).

De ce décalage historique entre l’Afrique et l’Amérique du Sud, qui a servi de base aux théoriciens du développement, Rodney souligna les risques d’une analyse partiale et partielle. Critiquer l’Afrique en la comparant à l’Amérique du Sud, au motif que ces deux aires furent colonisées et ne se trouvent pas au même degré de développement économique, social et politique, est un non-sens. Ainsi, selon lui, la révolution Cubaine de 1959 annonce un nouveau paradigme permettant de dépasser les difficultés rencontrées jusque là par les intelligentsias nationalistes et les leaders contestataires qui, formés dans les universités locales, tentaient de s’opposer concrètement aux intérêts étrangers en Amérique latine. D’une certaine manière, les pays africains pouvaient se nourrir de l’expérience latino-américaine, mais ils devaient former leur propre intelligentsia dans un temps beaucoup plus court que les Latino-Américains afin de parvenir au développement (Rodney, 1990 : 65-66).

 

III. Rodney, un historien engagé en politique

A. La question politico-ethnique en Guyana

Dans le paysage sud-américain, la Guyane Britannique est un cas à part, avec une histoire ouvrière qui se confond avec l’histoire des groupes ethniques. En 1953, lorsque son père l’invita à distribuer des tracts pour le People’s Progressive Party (PPP) dans son quartier, Rodney prit conscience de la division entre les Africains et les Indiens, ainsi que de l’existence de classes antagonistes. Embryonnaire en 1953, cette division fut entérinée peu avant l’indépendance (1966), lorsque l’avocat d’origine africaine Linden Forbes Burnham quitta le PPP pour former le People’s National Congress (PNC). Revenu en Guyana en 1974, Rodney tenta d’éclairer les rapports entre la race et la classe afin d’ouvrir une troisième voie politique.

 Alors qu’il revendiquait le Black Power pour la Jamaïque – île presqu’exclusivement peuplée d’Africains  –, Rodney (1981a) utilisa le cas de la Guyana pour rompre avec le nationalisme noir pro-racial (Dupuy, 1989 ; Thomas, 1992). Soulignant la distinction entre l’ethnicité et la politisation du facteur ethnique, il démontra que la rencontre entre Africains et Indiens s’est faite dans la concurrence pour l’emploi et le logement qui suivit l’abolition de l’esclavage. Pour le contrôle de l’appareil d’Etat, cette compétition faisait de la race l’élément de clivage politique, et donc l’enjeu du pouvoir. Or, Rodney démontra que la dégradation du niveau de vie n’était pas liée à la confrontation raciale mais à l’obligation pour chacun d’adhérer à l’un des deux partis afin d’obtenir un emploi. Ainsi, il donna des cours d’histoire ouverts à tous devant son domicile. Puis il alla enseigner l’histoire ouvrière aux mineurs de bauxite majoritairement Africains et domiciliés dans des zones urbaines, et l’histoire de l’économie sucrière aux Indiens qui vivaient dans les zones rurales.

 

B. La lutte contre un régime autoritaire

En 1974, plusieurs activistes, dont Rodney, fondèrent la Working People’s Alliance (WPA) afin de combattre les discriminations couvertes par le régime. Alors que Burnham ironisait sur la « pire alternative possible » (Worst Possible Alternative), Rodney estima que la discrimination raciale et le clientélisme huilaient les rouages d’un État qui entretenait des milices armées. Il dénonça la paranoïa, le pouvoir absolu et le culte de la personnalité de Burnham. À l’instar de Pinochet, Burnham utilisait le référendum pour se construire une légitimité. À l’inverse des dynasties Somoza (Nicaragua) et Duvalier (Haïti), mais comme Hitler, il était arrivé au pouvoir légalement, grâce aux failles du système démocratique. Limité par la taille de la Guyana, Burnham tombait dans une mégalomanie rappelant le régime ougandais d’Idi Amin Dada. Rodney ironisa sur la prépondérance d’un dictateur dont le pouvoir se réduisait au fur et à mesure qu’il dominait une opposition croissante, et qui ressemblait de plus en plus à un personnage de fiction :

« En Amérique latine, les dictateurs sont surnommés « gorilles », à la différence des combattants de la liberté, les « guérilleros ». Nous voulons faire savoir que la Guyana aussi a son « gorille », et qu’il se nomme justement « King Kong ». (Rodney, 1981b : 72) »

Convaincu qu’à partir du moment où un peuple perd le droit de choisir son gouvernement, il perd tous ses autres droits, Rodney se tourna vers la désobéissance civile, sans écarter la voie de l’insurrection armée (Rodney, 1981b : 74-75).Harcelé par des escadrons de la mort, soumis à partir de l’été 1979 à un procès controuvé pour l’incendie d’un bâtiment public, interdit de voyage alors qu’il devait se rendre au premier anniversaire de la révolution de la Grenade en mars 1980, puis à la cérémonie d’indépendance du Zimbabwe, Rodney gagna clandestinement Harare en avril 1980. Après avoir refusé l’offre du président Robert Mugabe qui lui proposait de diriger le département d’histoire de la future Université du Zimbabwe, il retourna en Guyana, où une mort violente l’attendait.

 

Conclusion

Rodney était partisan d’une historiographie panafricaniste qui offre une périodisation plus large et mieux adaptée à la compréhension de la continuité et des ruptures de l’histoire africaine traversée et divisée par la traite, les formes d’accommodation et de résistances à l’esclavage, les luttes abolitionnistes, le colonialisme, l’anti-colonialisme, le nationalisme autoritaire des indépendances, la transition à la démocratie, et la mondialisation actuelle. L’intérêt de l’œuvre riche et inachevée de Rodney est de montrer que le panafricanisme répond au concept de la longue durée développé par Fernand Braudel. En offrant d’autres points de vue sur l’histoire mondiale, et en incarnant d’autres lieux de production du savoir, l’historiographie critique du panafricanisme soutient le relativisme qui fonde les projets pour une provincialisation de l’Europe (Chakrabarty, 2009) ou pour une autre histoire globale (Prashad, 2009).

 Ainsi, la période contemporaine allant classiquement de la Révolution Française à nos jours correspond à l’échelle chronologique du panafricanisme, qui croise l’histoire et la géographie des lieux de la traite, les langues et les sciences qui se sont construites dans l’espace atlantique, les peuples africains du continent et des diasporas, mais également l’Asie méridionale et les îles de l’Océan Indien, d’où les Européens exportèrent en direction de la Caraïbe une main-d’œuvre bon marché au lendemain de l’abolition de l’esclavage. Les historiographies nationalistes de l’Afrique postcoloniale seraient alors incomplètes tant qu’elles n’intégreraient pas l’histoire des Africains de la diaspora. En ce sens, l’actualité montre que ce défi historiographique demeure entier puisque les débats liés au cinquantenaire des indépendances africaines célébré en 2010 n’ont, à aucun moment, suggéré de faire le lien avec la décision des Nations Unies de faire de l’année 2011 l’année des Afro-descendants.

L’historiographie de Rodney vise ensuite à rendre illégitime les causes sous-jacentes de la domination que sont la race, la classe, le genre et le capital. Selon Rodney (1972), la traite transatlantique consacra la naissance d’une idéologie raciste soutenue par des outils juridiques, législatifs et théologiques. Cette idéologie découlant d’un système qui marginalisait historiquement et socialement les descendants de ceux qui furent pourtant au centre de la formation des économies américaines, prépara la colonisation de l’Afrique en créant un rapport de force favorable à l’Europe. Ainsi, furent posées les bases du sous-développement de l’Afrique et de la marginalisation économique et politique des Africains en Amérique. À partir de cette analyse historique, Rodney revalorisa l’identité et la créativité des Africains dont la culture de résistance et d’organisation, transposée dans les Amériques, devait enrichir la plate-forme à partir de laquelle les revendications économiques, politiques et sociales de l’ensemble des peuples indiens, caribéens et latino-américains devaient être formulées. Cette idée que les leçons du passé offertes par l’histoire éclairent les luttes actuelles conduisit l’universitaire Wazir Mohamed à écrire dans le Guyana Sunday Chronicle que :

« Walter a anticipé les mouvements qui fleurissent maintenant à travers toute l’Amérique latine, la fusion des luttes pour les droits collectifs à la terre avec les luttes pour l’égalité des hommes et des femmes et les droits humains – représentés par les mouvements de travailleurs sans emploi en Argentine ; la lutte des indigènes et du peuple noir, des travailleurs sans terre et des mouvements syndicaux au Brésil ; les indigènes Amérindiens et les mouvements pour la justice autour de l’eau en Bolivie, en Equateur, en Colombie et au Pérou ; les Zapatistes au Mexique ; et bien sur la révolution Bolivarienne de Chávez au Venezuela. (Mohamed, 2007) »

La mort de Rodney survint à un moment où toutes ces luttes étaient isolées les unes des autres. Si Rodney croyait fermement en l’avènement d’un monde socialiste et multiracial, certaines victoires politiques (Afrique du Sud, Bolivie, Brésil, Venezuela) confirment une partie des espoirs qu’il plaçait dans les mouvements progressistes portés par les Africains et par les travailleurs. En revanche, comme le souligna son mentor, l’historien antillais CLR James (1982), Rodney perdit la vie en sous-estimant la question de la prise du pouvoir. Si son œuvre est donc restée inachevée, elle permet de mesurer la distance qui sépare l’histoire de la politique, et de postuler que les luttes sociales sont, dans la plupart des pays anciennement colonisés, porteuses d’une émancipation qui bouscule les cadres établis du pouvoir, qu’il soit autoritaire ou démocratique. En refusant de se considérer comme un politicien en lutte pour le pouvoir, mais comme un historien capable de s’ouvrir aux masses et de maitriser les codes de l’intelligentsia tout en effectuant son autocritique, Rodney montra ce que pouvait faire concrètement un intellectuel organique (Campbell, 1981) afin de soutenir les mouvements sociaux africains, caribéens et sud-américains. Son apport consista à trouver dans l’histoire les dénominateurs communs aux différentes luttes afin de créer un intervalle pour permettre à des groupes sociaux de constituer une alternative, de représenter les forces surgies de l’histoire (Wallerstein, 1986). En ce sens, l’œuvre et la vie de Rodney gardent toute leur pertinence pour comprendre, dans un cadre global, les enjeux contemporains de la construction de l’histoire du continent africain et de ses diasporas.

 


Notes de fin

(1) L’expulsion de Rodney provoqua de graves émeutes à Kingston, mais également à Montréal et Toronto. Le passage de Rodney inspira de nombreux mouvements politiques et culturels. Ainsi, à Trinidad, la révolution de Février 1970 menée par le National Joint Action Committee, ainsi que la mutinerie des militaires autour de Raffique Shah et la création du Yulimo Group s’inspirent des critiques de Rodney à l’égard des régimes réactionnaires de la Caraïbe. Dans les Iles Sous-le-Vent, le journal Abeng est lancé, tandis que l’Afro-Caribbean Liberation Movement à Antigua publie la revue Outlet. En Guyana, le Movement Against Oppression se forme autour de Ratoon, tandis que le mouvement Amandla se développe au Belize. Quant à la Grenade, les émeutes Rodney yannoncent la naissance du parti marxiste-léniniste du New Jewel Movement qui mena avec Maurice Bishop la révolution de 1979. Quant à Rodney, de passage à Londres, il laissa les notes manuscrites de ses interventions en Jamaïque à un ami, Eric Huntley. Ce dernier décida de réaliser une collecte au sein de la communauté caribéenne pour publier le manuscrit de Rodney sous le titre de Groundings with my Brothers, premier ouvrage publié par Bogle-Louverture Publications, la première maison d’édition caribéenne de Londres.

 (2) Né à la fin du 18ème siècle parmi les Africains de la diaspora, le mouvement de solidarité et de retour vers l’Afrique prit le nom de panafricanisme à la première Conférence panafricaine organisée par Sylvester-Williams à Londres (1900). Jusqu’au Congrès de Manchester (1945), le panafricanisme désignait le mouvement porté par le Noir Américain WEB DuBois, puis l’Antillais George Padmore et l’Africain Kwame Nkrumah dans le cadre des Congrès. Un autre courant bourgeonna, à partir des années 1920, autour de l’héritage du Jamaïcain Marcus Garvey, et intégra la Négritude haïtienne puis antillaise, la Harlem Renaissance, le Rastafari et le Black Power.

 (3) Pour la Grande-Bretagne, par rapport au taux salarial de l’époque, une somme de sept et demi (7,5) milliards de milliards de livres servirait à réparer le préjudice des six millions d’esclaves qui ont travaillé gratuitement pendant au moins dix heures chaque jour pendant près de trois siècles dans les colonies britanniques. Le Cahier d’Etudes Africaines, n°173/174, 2004, « Réparations, restitutions, réconciliations entre Afriques, Europe et Amériques », revient en détail sur cette question.

 (4) Dès janvier 1960, soit à peine un an après la Révolution Cubaine, l’assassinat de Patrice Lumumba, le premier Premier Ministre du Congo-Kinshasa, incita Fidel Castro à soutenir la rébellion dans ce pays qui devait former le troisième foyer de la lutte anti-impérialiste. Après l’échec militaire de Che Guevara au Congo en 1965, Castro apporta son soutien au leader bissau-guinéen Amilcar Cabral. Ce dernier prononça un discours remarqué lors de la mise en place de la Tricontinentale à la Havane en 1966. Onze ans après la Conférence Afro-Asiatique de Bandung, cette organisation de solidarité entre l’Afrique, l’Asie et donc l’Amérique latine, renforça l’action de Cuba, qui apporta ensuite un soutien militaire et diplomatique à plusieurs mouvements de libération et forces indépendantes progressistes en Afrique.

 (5) Pour Rodney, la Reconstruction (1865-77) est la période de naissance d’un premier Black Power. Après l’abolition (1865) et avant la mise en place de lois ségrégationnistes (1896), le droit de vote donné aux Noirs leur permit d’élire des représentants noirs dans les localités du Sud où ils étaient numériquement majoritaires. Un siècle plus tard, alors que le leadership noir est partagé entre Malcolm X et Martin Luther King, assassinés respectivement en 1965 et en 1968, le gouvernement américain répondit par l’élimination physique des leaders du parti révolutionnaire des Black Panthers – ou leur exil vers le Canada ou l’Afrique – et la mise en place d’une politique sociale (Affirmative Action) qui dénaturait les revendications d’autonomie économique et sociale demandées par les Black Panthers. En Angleterre, le Black Power se heurtait à la montée du Front National d’Enoch Powell, tandis qu’au Brésil, Abdias do Nascimento dénonçait le soutien des dictatures du Cône Sud à l’Afrique du Sud de l’apartheid, où Steve Biko, figure du Mouvement de la Conscience Noire, est assassiné par des policiers en 1976.

 

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Sources sonores

 

Boukari-Yabara Amzat et M’Bokolo Elikia. « Walter Rodney (1942-1980), historien engagé », L’Atelier de l’Histoire, Mémoire d’un Continent, réalisé par Isabelle Godineau, Radio France Internationale, Paris, 13/10/2007.

[podcast URL : http://www.rfi.fr/radiofr/editions/072/edition_38_20071013.asp]

Boukari-Yabara Amzat et Idir Mouloud. « Regard su l’œuvre d’un penseur oublié : Walter Rodney », émission Amandla, une production du Groupe de recherches et d’initiatives pour la libération de l’Afrique (GRILA), CKUT FM, Montréal, 18/01/2012.

[podcast URL : http://addax.wordpress.com/2012/01/19/regard-sur-loeuvre-dun-penseur-oublie-walter-rodney/]

 

Pour citer cet article:

Amzat Boukari Yabara , « Walter Rodney: une histoire engagée entre l'Amérique latine et l'Afrique », RITA [en ligne], n°5: mai 2012, mis en ligne le 15 mai 2012. Disponible en ligne: http://www.revue-rita.com/traits-dunion-thema-142/Walter-Rodney-une-histoire-engagée-entre-lamérique-latine-et-lafrique.html