• Numéro 18
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    Religions, individus et communautés

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    Religions, individus et communautés

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    Religions, individus et communautés

    Photo : The New York Public Library / @nypl

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Édito n°18

Dans son dix-huitième numéro, RITA vous invite, chères lectrices et chers lecteurs, à réfléchir à une thématique dont la portée dépasse largement les frontières disciplinaires, et qui demeure essentielle pour comprendre les dynamiques passées, présentes et futures du continent américain : la religion. Nous ne pensons pas exagérer en affirmant que la religion constitue l’un des traits saillants qui unissent les sociétés américaines. Plus qu’un simple fait de croyance, elle s’impose en effet comme une force structurante, un principe d’organisation symbolique et sociale au cœur des sociétés des Amériques. 

Depuis les premiers récits de la « découverte » du Nouveau Monde, la religion a servi de cadre d’interprétation du monde et de moteur d’action, légitimant la conquête, accompagnant la colonisation et façonnant en profondeur les imaginaires collectifs. Elle fut à la fois instrument de communication et de domination, porteuse de savoirs mais aussi de violences, justifiant l’entreprise coloniale sous le signe de la croix. Pourtant, au fil des siècles, ces dynamiques ont aussi généré des métissages culturels, des circulations religieuses et des pluralismes spirituels qui, des Territoires du Nord-Ouest canadien à la Terre de Feu, ont façonné les sociétés modernes et dessinent un portrait commun de l’Amérique religieuse.

Aujourd’hui encore, la présence religieuse se manifeste partout : dans l’espace urbain, où les édifices de culte - églises, temples, synagogues, hôpitaux ou lieux associatifs - demeurent des repères centraux ; mais aussi dans les débats politiques et sociaux, où la religion continue d’exercer une fonction de régulation symbolique et politique (Bourdieu, 1971 ; Dianteill, 2002). Qu’il s’agisse du durcissement du christianisme conservateur aux États-Unis, dont l’influence s’étend jusqu’aux plus hautes sphères de la justice et de l’administration fédérale (voir les mesures adoptées dans ce sens par l’actuelle administration états-unienne) ; ou de l’essor du pentecôtisme en Amérique latine - devenu un acteur majeur des arènes électorales et sociales, constituant un défi majeur pour l’Église catholique, en perte de fidèles depuis les années 1970 (Validire, 2018) - la religion reste un vecteur d’influence et de tension dans les sociétés contemporaines.

En dehors du champ chrétien, d’autres traditions ont joué et jouent un rôle déterminant dans les quêtes identitaires et les dynamiques collectives. Pensons notamment aux religions autochtones, aux cultes d’origine asiatique, aux héritages religieux africains, ainsi qu’aux autres deux grandes religions abrahamiques - le judaïsme et l’islam - dont les mobilisations ont eu des répercussions politiques et sociales notables dans l’histoire du dernier siècle (c’est le cas de la lutte des afro-américains musulmans pour les droits civiques aux États-Unis, mais bien d’autres exemples pourraient être faits), sans oublier non plus les nouvelles actions missionnaires et les multiples syncrétismes qui irriguent la vie religieuse du continent (De Giuseppe e Lida, 2019).

De la conquête espagnole aux réinterprétations contemporaines du religieux dans les Amériques, la foi a donc été - et demeure - un espace de tensions, de résistances et de recompositions identitaires.  C’est cette richesse, cette complexité, que le numéro 18 de RITA se propose d’explorer. Construit autour de la question « existe-t-il une spécificité américaine du religieux et du communautaire ? », il met en lumière les liens profonds entre religion, communautés et individus : autant de rapports qui constitue l’un des tensiomètres essentiels du corps social. 

Le Dossier thématique de ce numéro 18, intitulé Religions, Individus et Communautés dans les Amériques, réunit quatre contributions qui, chacune à leur manière, interrogent les articulations entre foi, pouvoir et société.

Rachel Fondville examine le traitement réservé aux Natifs Américains depuis la colonisation jusqu’à nos jours et analyse comment cette marginalisation a limité la compréhension, par la société états-unienne, de leurs croyances et pratiques spirituelles. L’autrice révèle que, malgré les pressions exercées par les colons et les gouvernements, la persistance des pratiques religieuses amérindiennes témoigne d’une résilience culturelle, faisant de la foi un moyen de résistance et de survie.

Toujours aux Etats-Unis, Anthony Keller nous plonge la communauté de Rajneeshpuram, fondée en 1981 dans l’Oregon, et analyse son fonctionnement à la lumière des principes du néolibéralisme en plein essor sous l’administration Reagan. L’auteur met en évidence les convergences et divergences entre l’organisation de cette utopie sociale et les logiques politiques, économiques, éthiques et anthropologiques propres au néolibéralisme, offrant ainsi un éclairage sur les tensions entre spiritualité et matérialisme dans la société américaine contemporaine.

Thierry Maire retrace l’histoire des relations entre les Églises catholique et protestante au Guatemala, marquées par des tensions profondes qui ont culminé pendant le conflit civil des années 1950 à 1990 et qui se font encore sentir malgré le processus de paix de 1996. L’auteur souligne que, si certaines coopérations autour d’un agenda conservateur ont pu émerger après la paix, le paysage religieux demeure fragmenté, à la fois entre et au sein des deux confessions, comme l’illustre la complexité du « vote évangélique ».

Enfin, Ignacio Sanchez analyse la formation d’une communauté catholique autour de l’espace sucrier de Tucumán, en Argentine, entre 1930 et le milieu du XXᵉ siècle. Il montre que, dans un contexte de faible présence ecclésiastique, les habitants ont d’abord soutenu le culte local, avant que le curé paroissial n’acquière progressivement de l’influence à partir de 1940, tout en restant limité par les dynamiques de pouvoir local.

Dans la rubrique Varia, nous poursuivons la réflexion sur les communautés avec la contribution de Tania Romero Sanchez qui nous propose une étude des féminismes latino-américains en France à partir d’une méthodologie auto-ethnographique. En introduisant le concept d’é-in-migration pour analyser la contribution des collectifs féministes latino-américains à la construction d’un féminisme transfrontalier, l’auteure met en lumière la manière dont les savoirs, pratiques et artefacts mobilisés par ces collectifs questionnent les généalogies dominantes du mouvement féministe global.

Mais pour ce numéro 18, l’offre de RITA ne termine pas là ! Ce numéro s’enrichit également d’un hors-série, intitulé Constructions mémorielles en Amérique latine : quand le local et le national dialoguent, se concurrencent et se complètent, coordonné par Aurélia Gafsi, Paola García et Nadia Tahir. Ce dossier explore les politiques de mémoire en Amérique du Sud à travers une série d’études sur le Chili, la Colombie, l’Argentine et le Brésil. Il met en évidence la manière dont les initiatives locales s’articulent - parfois en tension, parfois en synergie - avec les dynamiques nationales autour des passés récents.

Les contributions offrent un panorama riche : Carolina Espinosa Cartes étudie la création et la mise en ligne des archives sur la dictature de Pinochet, soulignant le dialogue entre initiatives locales et politiques nationales. Tiphaine Duriez analyse un projet mémoriel colombien original : la création d’un espace commémoratif dans un planétarium, qui ouvre de nouvelles voies pour penser la mémoire des disparus. Aurélia Gafsi s’intéresse aux « dalles de la mémoire » en Argentine, nées dans les quartiers et portées par la société civile, en dialogue critique avec les politiques mémorielles du gouvernement de Néstor Kirchner. Nadia Tahir examine la Commission provinciale pour la Mémoire du Chaco en Argentine, révélant comment les échelles locales et nationales se superposent et s’enrichissent mutuellement. Enfin, Carolina Rezende propose une étude sur la Commission d’amnistie au Brésil, montrant les défis de l’institutionnalisation de la mémoire face aux réalités locales et aux attentes des victimes.

Ce hors-série nous rappelle que les acteurs de la mémoire ne sont pas seulement les victimes, mais aussi les membres de la société civile, les artistes et les responsables politiques, qui participent activement à la transformation des politiques publiques du souvenir.

Nous vous invitons donc à parcourir ce numéro 18 de RITA, à découvrir ses débats, voix et perspectives, et à vous laisser guider dans l’exploration de ces territoires du religieux et du mémoriel où s’entrelacent identité, résistance et communauté.

Bonne lecture et bonne réflexion !

Michele Merenda pour le Comité de Rédaction de RITA



Édito n°18

En su decimoctavo número, RITA les invita, queridas y queridos lectores, a reflexionar sobre una temática cuya amplitud trasciende las fronteras disciplinarias y que resulta esencial para comprender las dinámicas pasadas, presentes y futuras del continente americano: la religión. No creemos exagerar al afirmar que la religión constituye uno de los rasgos más sobresalientes que unen a las sociedades americanas. Más que un simple hecho de creencia, ella se impone como una fuerza estructurante, un principio de organización simbólica y social en el seno de las sociedades de las Américas.

Desde los primeros relatos del «descubrimiento» del Nuevo Mundo, la religión ha servido de marco de interpretación del mundo y de motor de acción, legitimando la conquista, acompañando la colonización y moldeando profundamente el imaginario colectivo. Fue a la vez un instrumento de comunicación y dominación, portadora de conocimientos, pero también de violencia, que justificaba la empresa colonial bajo el signo de la cruz. Sin embargo, a lo largo de los siglos, estas dinámicas también generaron mestizajes culturales, circulaciones religiosas y pluralismos espirituales que, desde los Territorios del Noroeste de Canadá hasta Tierra del Fuego, moldearon las sociedades modernas y dibujan un retrato común de la América religiosa.

Aún hoy, la presencia religiosa se manifiesta en todas partes: en el espacio urbano, donde los edificios de culto - iglesias, templos, sinagogas, hospitales o lugares asociativos - siguen siendo puntos de referencia centrales; pero también en los debates políticos y sociales, donde la religión sigue ejerciendo una función reguladora simbólica y política (Bourdieu, 1971; Dianteill, 2002). Ya se trate del endurecimiento del cristianismo conservador en Estados Unidos, cuya influencia se extiende hasta las más altas esferas de la justicia y la administración federal (véanse las medidas adoptadas en este sentido por la actual administración estadounidense), o del auge del pentecostalismo en América Latina - que se ha convertido en un actor importante en los ámbitos electoral y social, lo que supone un gran desafío para la Iglesia católica, que lleva perdiendo fieles desde la década de 1970 (Validire, 2018) -, la religión sigue siendo un vector de influencia y tensión en las sociedades contemporáneas.

Fuera del ámbito cristiano, otras tradiciones han desempeñado y siguen desempeñando un papel determinante en la búsqueda de identidad y en las dinámicas colectivas. Pensemos, en particular, en las religiones autóctonas, los cultos de origen asiático, las herencias religiosas africanas, así como en las otras dos grandes religiones abrahámicas - el judaísmo y el islam -, cuyas movilizaciones han tenido repercusiones políticas y sociales notables en la historia del último siglo (es el caso de la lucha de los afroamericanos musulmanes por los derechos civiles en Estados Unidos, pero se podrían citar muchos otros ejemplos), sin olvidar tampoco las nuevas acciones misioneras y los múltiples sincretismos que irrigan la vida religiosa del continente (De Giuseppe e Lida, 2019).

Desde la conquista española hasta las reinterpretaciones contemporáneas de lo religioso en América, la fe ha sido - y sigue siendo - un espacio de tensiones, resistencias y recomposiciones identitarias.  Es esta riqueza, esta complejidad, lo que el número 18 de RITA se propone explorar. Construido en torno a la pregunta «¿existe una especificidad americana de lo religioso y lo comunitario?», este número pone de relieve los profundos vínculos entre la religión, las comunidades y los individuos: relaciones que constituyen uno de los tensiómetros esenciales del cuerpo social.

El Dossier temático de este número 18, titulado Religiones, individuos y comunidades en las Américas, reúne cuatro contribuciones que, cada una a su manera, cuestionan las articulaciones entre fe, poder y sociedad.

Rachel Fondville examina el trato reservado a los nativos americanos desde la colonización hasta nuestros días y analiza cómo esta marginación ha limitado la comprensión, por parte de la sociedad estadounidense, de sus creencias y prácticas espirituales. La autora revela que, a pesar de las presiones ejercidas por los colonos y los gobiernos, la persistencia de las prácticas religiosas amerindias es testimonio de una resiliencia cultural, que convierte la fe en un medio de resistencia y supervivencia.

También en Estados Unidos, Anthony Keller nos sumerge en la comunidad de Rajneeshpuram, fundada en 1981 en Oregón, y analiza su funcionamiento a la luz de los principios del neoliberalismo en pleno auge bajo la administración Reagan. El autor pone de relieve las convergencias y divergencias entre la organización de esta utopía social y las lógicas políticas, económicas, éticas y antropológicas propias del neoliberalismo, ofreciendo así una perspectiva sobre las tensiones entre espiritualidad y materialismo en la sociedad estadounidense contemporánea.

Thierry Maire recorre la historia de las relaciones entre las Iglesias católica y protestante en Guatemala, marcadas por profundas tensiones que culminaron durante el conflicto civil de los años 1950 a 1990 y que aún se dejan sentir a pesar del proceso de paz de 1996. El autor destaca que, si bien tras la paz surgieron algunas cooperaciones en torno a una agenda conservadora, el panorama religioso sigue fragmentado, tanto entre las dos confesiones como dentro de ellas, como ilustra la complejidad del «voto evangélico».

Finalmente, Ignacio Sánchez analiza la formación de una comunidad católica en torno al espacio azucarero de Tucumán, en Argentina, entre 1930 y mediados del siglo XX. Demuestra que, en un contexto de escasa presencia eclesiástica, los habitantes apoyaron inicialmente el culto local, antes de que el párroco fuera adquiriendo progresivamente influencia a partir de 1940, aunque limitado por las dinámicas del poder local.

En la rúbrica Varia, continuamos la reflexión sobre las comunidades con la contribución de Tania Romero Sánchez, quien nos propone un estudio sobre los feminismos latinoamericanos en Francia a partir de una metodología autoetnográfica. Al introducir el concepto de «é-in-migración» para analizar la contribución de los colectivos feministas latinoamericanos a la construcción de un feminismo transfronterizo, la autora pone de relieve la forma en que los conocimientos, las prácticas y los artefactos movilizados por estos colectivos cuestionan las genealogías dominantes del movimiento feminista global.

Pero en este número 18, la oferta de RITA no termina ahí. Este número se enriquece también con un especial titulado «Construcciones memoriales en América Latina: cuando lo local y lo nacional dialogan, compiten y se complementan», coordinado por Aurélia Gafsi, Paola García y Nadia Tahir. Este dossier explora las políticas de memoria en Sudamérica a través de una serie de estudios sobre Chile, Colombia, Argentina y Brasil. Pone de relieve la forma en que las iniciativas locales se articulan - a veces en tensión, a veces en sinergia - con las dinámicas nacionales en torno al pasado reciente.

Las contribuciones ofrecen un panorama muy enriquecedor: Carolina Espinosa Cartes estudia la creación y la publicación en línea de los archivos sobre la dictadura de Pinochet, destacando el diálogo entre las iniciativas locales y las políticas nacionales. Tiphaine Duriez analiza un original proyecto memorial colombiano: la creación de un espacio conmemorativo en un planetario, que abre nuevas vías para pensar la memoria de las víctimas. Aurélia Gafsi se interesa por las «baldosas por la memoria» en Argentina, nacidas en los barrios e impulsadas por la sociedad civil, en diálogo crítico con las políticas de memoria del gobierno de Néstor Kirchner. Nadia Tahir examina la Comisión Provincial para la Memoria del Chaco en Argentina, revelando cómo las escalas local y nacional se superponen y se enriquecen mutuamente. Por último, Carolina Rezende propone un estudio sobre la Comisión de Amnistía en Brasil, mostrando los retos de la institucionalización de la memoria frente a las realidades locales y las expectativas de las víctimas.

Este dossier especial nos recuerda que los actores de la memoria no son solo las víctimas, sino también los miembros de la sociedad civil, los artistas y los responsables políticos, que participan activamente en la transformación de las políticas públicas de memoria.

Por lo tanto, les invitamos a recorrer este número 18 de RITA, a descubrir sus debates, voces y perspectivas, y a dejarse guiar en la exploración de estos territorios de lo religioso y lo memorialístico, donde se entrelazan la identidad, la resistencia y la comunidad.

¡Que disfruten de la lectura y la reflexión!

Michele Merenda, en nombre del Comité de Redacción de RITA.



Édito n°18

In its eighteenth issue, RITA invites you, dear readers, to reflect on a theme whose scope extends far beyond disciplinary boundaries, and which remains essential to understanding the past, present, and future dynamics of the American continent: religion. We do not think we are exaggerating when we say that religion is one of the salient features that unite American societies. More than just a matter of belief, it is a structuring force, a symbolic and social organizing principle at the heart of societies in the Americas. 

Since the first accounts of the “discovery” of the New World, religion has served as a framework for interpreting the world and a driving force for action, legitimizing conquest, accompanying colonization, and profoundly shaping the collective imagination. It was both an instrument of communication and domination, a bearer of knowledge but also of violence, justifying the colonial enterprise under the sign of the cross. However, over the centuries, these dynamics also generated cultural mixing, religious circulation, and spiritual pluralism which, from the Canadian Northwest Territories to Tierra del Fuego, shaped modern societies and paint a common portrait of religious America.

Even today, religion is still present everywhere: in urban areas, where places of worship - churches, temples, synagogues, hospitals, and community centers - remain central landmarks; but also in political and social debates, where religion continues to play a symbolic and political regulatory role (Bourdieu, 1971; Dianteill, 2002). Whether it be the hardening of conservative Christianity in the United States, whose influence extends to the highest echelons of the judiciary and federal administration (see the measures adopted in this regard by the current US administration) , or the rise of Pentecostalism in Latin America - which has become a major player in electoral and social arenas, posing a major challenge to the Catholic Church, which has been losing followers since the 1970s (Validire, 2018) - religion remains a vector of influence and tension in contemporary societies.

Outside the Christian sphere, other traditions have played and continue to play a decisive role in the quest for identity and collective dynamics. These include indigenous religions, Asian-based cults, African religious heritage, and the other two major Abrahamic religions - Judaism and Islam - whose mobilization has had significant political and social repercussions throughout the last century (such as the struggle for civil rights by African-American Muslims in the United States, but there are many other examples), not to mention the new missionary activities and multiple syncretisms that permeate religious life on the continent (De Giuseppe and Lida, 2019).

From the Spanish conquest to contemporary reinterpretations of religion in the Americas, faith has been - and remains - an area of tension, resistance, and identity reconstruction.  It is this richness and complexity that issue 18 of RITA sets out to explore. Built around the question “is there an American specificity to religion and community?”, it highlights the deep links between religion, communities, and individuals: relationships that constitute one of the essential barometers of the social body.

The Thematic issue of this 18th edition, entitled Religions, Individuals, and Communities in the Americas, brings together four contributions that, each in their own way, examine the links between faith, power, and society.

Rachel Fondville examines the treatment of Native Americans from colonization to the present day and analyzes how this marginalization has limited American society's understanding of their spiritual beliefs and practices. The author reveals that, despite pressure from settlers and governments, the persistence of Native American religious practices is evidence of cultural resilience, making faith a means of resistance and survival.

Also in the United States, Anthony Keller immerses us in the community of Rajneeshpuram, founded in 1981 in Oregon, and analyzes its functioning in light of the principles of neoliberalism that were booming under the Reagan administration. The author highlights the convergences and divergences between the organization of this social utopia and the political, economic, ethical, and anthropological logic specific to neoliberalism, thus shedding light on the tensions between spirituality and materialism in contemporary American society.

Thierry Maire traces the history of relations between the Catholic and Protestant churches in Guatemala, marked by deep tensions that culminated during the civil conflict from the 1950s to the 1990s and which are still felt despite the 1996 peace process. The author points out that, while some cooperation around a conservative agenda has emerged since the peace process, the religious landscape remains fragmented, both between and within the two denominations, as illustrated by the complexity of the “evangelical vote.”

Finally, Ignacio Sanchez analyzes the formation of a Catholic community around the sugar-producing region of Tucumán, Argentina, between 1930 and the mid-20th century. He shows that, in a context of weak ecclesiastical presence, the inhabitants initially supported local worship, before the parish priest gradually gained influence from 1940 onwards, while remaining limited by local power dynamics.

In the Varia rubric, we continue our reflection on communities with a contribution from Tania Romero Sanchez, who offers us a study of Latin American feminisms in France based on an auto-ethnographic methodology. By introducing the concept of é-in-migration to analyze the contribution of Latin American feminist collectives to the construction of a cross-border feminism, the author highlights how the knowledge, practices, and artifacts mobilized by these collectives challenge the dominant genealogies of the global feminist movement.

But that's not all RITA has to offer in issue 18! This issue also includes a special supplement entitled Memory Constructions in Latin America: Memorial constructions in Latin America: when the local and the national interact, compete, and complement each other, coordinated by Aurélia Gafsi, Paola García, and Nadia Tahir. This dossier explores memory policies in South America through a series of studies on Chile, Colombia, Argentina, and Brazil. It highlights how local initiatives interact- sometimes in tension, sometimes in synergy - with national dynamics around the recent past.

The contributions offer a rich overview: Carolina Espinosa Cartes studies the creation and publication online of archives on the Pinochet dictatorship, highlighting the dialogue between local initiatives and national policies. Tiphaine Duriez analyzes an original Colombian memorial project: the creation of a commemorative space in a planetarium, which opens up new avenues for thinking about the memory of the disappeared. Aurélia Gafsi focuses on the “slabs of memory” in Argentina, which originated in neighborhoods and were supported by civil society, in critical dialogue with the memory policies of Néstor Kirchner's government. Nadia Tahir examines the Provincial Commission for the Memory of the Chaco in Argentina, revealing how local and national scales overlap and enrich each other. Finally, Carolina Rezende offers a study of the Amnesty Commission in Brazil, showing the challenges of institutionalizing memory in the face of local realities and victims' expectations.

This special issue reminds us that the actors of memory are not only victims, but also members of civil society, artists, and political leaders, who actively participate in the transformation of public policies on remembrance.

We therefore invite you to browse through issue 18 of RITA, discover its debates, voices, and perspectives, and let yourself be guided in exploring these territories of religion and memory where identity, resistance, and community intertwine.

Enjoy reading and reflecting!

Michele Merenda on behalf of the RITA Editorial Committee



Édito n°18

Em sua décima oitava edição, a RITA convida você, caro leitor e cara leitora, a refletir sobre um tema cujo alcance ultrapassa amplamente as fronteiras disciplinares e que continua sendo essencial para compreender as dinâmicas passadas, presentes e futuras do continente americano: a religião. Não é exagero afirmar que a religião é uma das características marcantes que unem as sociedades americanas. Mais do que um simples fato de crença, ela se impõe como uma força estruturante, um princípio de organização simbólica e social no cerne das sociedades das Américas. 

Desde os primeiros relatos da “descoberta” do Novo Mundo, a religião serviu como um quadro de interpretação do mundo e um motor de ação, legitimando a conquista, acompanhando a colonização e moldando profundamente o imaginário coletivo. Ela foi ao mesmo tempo um instrumento de comunicação e dominação, portadora de conhecimento, mas também de violência, justificando a empresa colonial sob o signo da cruz. No entanto, ao longo dos séculos, essas dinâmicas também geraram misturas culturais, circulações religiosas e pluralismos espirituais que, dos Territórios do Noroeste canadense à Terra do Fogo, moldaram as sociedades modernas e traçam um retrato comum da América religiosa.

Ainda hoje, a presença religiosa se manifesta por toda parte: no espaço urbano, onde os edifícios de culto - igrejas, templos, sinagogas, hospitais ou centros comunitários - continuam sendo pontos de referência centrais; mas também nos debates políticos e sociais, onde a religião segue exercendo uma função de regulação simbólica e política (Bourdieu, 1971; Dianteill, 2002). Seja pelo endurecimento do cristianismo conservador nos Estados Unidos - cuja influência alcança as mais altas esferas da justiça e da administração federal (vide as medidas adotadas nesse sentido pela atual administração norte-americana) -, seja pelo crescimento do pentecostalismo na América Latina - que se tornou um ator central nas arenas eleitorais e sociais, representando um grande desafio para a Igreja Católica, em perda de fiéis desde os anos 1970 (Validire, 2018) -, a religião permanece um vetor de influência e de tensão nas sociedades contemporâneas.

Fora do campo cristão, outras tradições também desempenharam - e ainda desempenham - um papel determinante nas buscas identitárias e nas dinâmicas coletivas. Podemos pensar, por exemplo, nas religiões indígenas, nos cultos de origem asiática, nos legados religiosos africanos, assim como nas outras duas grandes religiões abraâmicas - o judaísmo e o islamismo - cujas mobilizações tiveram repercussões políticas e sociais significativas na história do último século (como no caso da luta dos afro-americanos muçulmanos pelos direitos civis nos Estados Unidos, entre muitos outros exemplos). Não se pode esquecer, ainda, as novas ações missionárias e os múltiplos sincretismos que nutrem a vida religiosa do continente (De Giuseppe e Lida, 2019).

Da conquista espanhola às reinterpretações contemporâneas do religioso nas Américas, a fé foi - e continua sendo - um espaço de tensões, resistências e recomposições identitárias. É essa riqueza, essa complexidade, que o número 18 da RITA se propõe a explorar. Construído em torno da questão “existe uma especificidade americana do religioso e do comunitário?”, ele destaca os laços profundos entre religião, comunidades e indivíduos: relações que constituem um dos  indicadores  essenciais do corpo social. 

O Dossiê temático desta edição nº 18, intitulado Religiões, Indivíduos e Comunidades nas Américas, reúne quatro contribuições que, cada uma à sua maneira, questionam as articulações entre fé, poder e sociedade.

Rachel Fondville examina o tratamento reservado aos nativos americanos desde a colonização até os dias de hoje e analisa como essa marginalização limitou a compreensão, pela sociedade americana, de suas crenças e práticas espirituais. A autora revela que, apesar das pressões exercidas pelos colonos e governos, a persistência das práticas religiosas ameríndias testemunha uma resiliência cultural, tornando a fé um meio de resistência e sobrevivência.

Ainda nos Estados Unidos, Anthony Keller mergulha na comunidade de Rajneeshpuram, fundada em 1981 no Oregon, e analisa seu funcionamento à luz dos princípios do neoliberalismo em pleno crescimento durante o governo Reagan. O autor destaca as convergências e divergências entre a organização dessa utopia social e as lógicas políticas, econômicas, éticas e antropológicas próprias do neoliberalismo, oferecendo assim uma visão sobre as tensões entre espiritualidade e materialismo na sociedade americana contemporânea.

Thierry Maire traça a história das relações entre as Igrejas Católica e Protestante na Guatemala, marcadas por profundas tensões que culminaram durante o conflito civil dos anos 1950 a 1990 e que ainda se fazem sentir, apesar do processo de paz de 1996. O autor destaca que, embora algumas cooperações em torno de uma agenda conservadora tenham surgido após a paz, o panorama religioso permanece fragmentado, tanto entre as duas confissões quanto dentro delas, como ilustra a complexidade do “voto evangélico”.

Finalmente, Ignacio Sanchez analisa a formação de uma comunidade católica em torno da região açucareira de Tucumán, na Argentina, entre 1930 e meados do século XX. Ele mostra que, em um contexto de baixa presença eclesiástica, os habitantes apoiaram inicialmente o culto local, antes que o pároco adquirisse progressivamente influência a partir de 1940, embora permanecesse limitado pelas dinâmicas do poder local.

Na parte Varia, continuamos a reflexão sobre as comunidades com a contribuição de Tania Romero Sanchez, que nos oferece um estudo sobre os feminismos latino-americanos na França a partir de uma metodologia autoetnográfica. Ao introduzir o conceito de é-in-migração para analisar a contribuição dos coletivos feministas latino-americanos para a construção de um feminismo transfronteiriço, a autora destaca a forma como os conhecimentos, práticas e artefatos mobilizados por esses coletivos questionam as genealogias dominantes do movimento feminista global.

Mas, para esta edição nº 18, a oferta da RITA não termina aí! Esta também inclui uma edição especial intitulada Construções memoriais na América Latina: quando o local e o nacional dialogam, competem e se complementam, coordenada por Aurélia Gafsi, Paola García e Nadia Tahir. Este dossiê explora as políticas de memória na América do Sul através de uma série de estudos sobre o Chile, a Colômbia, a Argentina e o Brasil. Ele destaca a maneira como as iniciativas locais se articulam - às vezes em tensão, às vezes em sinergia - com as dinâmicas nacionais em torno do passado recente.

As contribuições oferecem um panorama rico: Carolina Espinosa Cartes estuda a criação e a disponibilização online dos arquivos sobre a ditadura de Pinochet, destacando o diálogo entre iniciativas locais e políticas nacionais. Tiphaine Duriez analisa um projeto memorial colombiano original: a criação de um espaço comemorativo em um planetário, que abre novos caminhos para pensar a memória dos desaparecidos. Aurélia Gafsi se interessa pelas “lajes da memória” na Argentina, nascidas nos bairros e levadas adiante pela sociedade civil, em diálogo crítico com as políticas de memória do governo de Néstor Kirchner. Nadia Tahir examina a Comissão Provincial para a Memória do Chaco, na Argentina, revelando como as escalas local e nacional se sobrepõem e se enriquecem mutuamente. Por fim, Carolina Rezende propõe um estudo sobre a Comissão de Anistia no Brasil, mostrando os desafios da institucionalização da memória diante das realidades locais e das expectativas das vítimas.

Esta edição especial nos lembra que os atores da memória não são apenas as vítimas, mas também os membros da sociedade civil, os artistas e os responsáveis políticos, que participam ativamente da transformação das políticas públicas de memória.

Convidamo-lo, portanto, a folhear esta edição nº 18 da RITA, a descobrir seus debates, vozes e perspectivas, e a deixar-se guiar na exploração desses territórios do religioso e da memória, onde se entrelaçam identidade, resistência e comunidade.

Boa leitura e boa reflexão!

Michele Merenda, em nome do Comitê Editorial da RITA

 

Pour citer :

Merenda, M. (2025). Édito n° 18. Rita (18). Mise en ligne le 15 novembre 2025. Disponible sur : http://www.revue-rita.com/339-edito-n-18.html