#euempregadadoméstica. Narration et autoreprésentation des femmes de ménage brésiliennes
#euempregadadoméstica. Narrative and self-representation of Brazilian housekeepers
Résumé
Créé en 2016 par Preta-Rara, ancienne femme de ménage devenue professeure d’histoire, poète et rappeuse, le mot-dièse #euempregadadoméstica devient rapidement viral, recueillant sur la page Facebook homonyme de nombreux témoignages de travailleuses domestiques. En 2016, une sélection de ces récits de vie est publiée, de façon homonyme, dans le recueil Eu, empregada doméstica. A senzala moderna é o quartinho da empregada, organisé par la même Preta-Rara. Cet ensemble de textes peut être lu comme un récit de vie collectif qui permet à des figures traditionnellement exclues du discours politique, social et culturel brésilien de s’exprimer et de s’autoreprésenter. Dans cette perspective, #euempregadadoméstica représente un espace pluriel et alternatif de narration dont l’analyse doit se situer à l’intersection des catégories de genre, race et classe permettant d’interroger les notions de marge et de périphérie dans le Brésil contemporain.
Mots clés : Littérature brésilienne contemporaine ; Genre ; Femmes de ménage ; Littérature marginale.
Summary
Created in 2016 by Preta-Rara, a former housekeeper turned history teacher, poet and rapper, the hashtag # euempregadadoméstica quickly went viral, collecting testimonials from domestic workers on the homonymous Facebook page. In 2016, a selection of these stories was published, homonymous, in the collection Eu, empregada doméstica. A senzala moderna é o quartinho da empregada, organized by Preta-Rara. This set of texts can be read as a collective autobiography that allows figures traditionally excluded from Brazilian political, social and cultural discourse to express and represent themselves. From this perspective, #euempregadoméstica represents a plural and alternative narrative space, the analysis of which must be situated at the intersection of the categories of gender, race and class.
Key words: Contemporary Brazilian literature; Gender; Housekeepers; Marginal literature.
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Giulia Manera
Maître de Conférences
Université de Guyane
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Reçu le 11 octobre 2020/Accepté le 12 juillet 2021
#euempregadadoméstica. Narration et autoreprésentation des femmes de ménage brésiliennes
« E ela, a faxineira, que mora na Raiz da Serra e acorda às quatro da madrugada
para começar o trabalho da manhã na Zona Sul, de onde volta tarde para a Raiz da Serra,
a tempo de dormir para acordar às quatro da manhã e começar o trabalho na Zona Sul»[1].
Clarice Lispector (Lispector, 1999 : 232)
« Não somos o retrato, pelo contrário, mudamos o foco e tiramos nós mesmos a nossa foto»[2].
(Ferrez, 2005 : 9)
Introduction
« C’est ça... à partir d’aujourd’hui je vais commencer à écrire ici sur Facebook de choses dont j’ai entendu parler et/ou que j’ai vécues alors que je travaillais comme femme de ménage. Pour ceux qui veulent écrire un commentaire, je vais utiliser le hashtag #euempregadadoméstica »[3]. Avec ces mots, en juillet 2016, Joyce Fernandes, ancienne femme de ménage devenue professeure d’histoire, poète et rappeuse, plus connue comme Preta-Rara, crée le hashtag euempregadadoméstica. Elle veut d’une part raconter son expérience de femme negra et domestique, d’autre part recueillir les expériences des collègues. Très rapidement, le mot-dièse devient viral et les témoignages d’autres femmes de ménage se multiplient. La page Facebook euempregadadoméstica, qui totalise presque 25 000 followers en l’espace d’à peine 24 heures, commence à intéresser également les médias conventionnels, au Brésil comme à l’étranger[4].
À partir de l’observation de la dimension médiatique et éditoriale du hastag euempregadadoméstica, notre étude analysera d’abord sa contribution à l’actualisation de la notion de marginalité dans le discours culturel. Ensuite, les récits des femmes de ménage seront considérés dans la perspective plus large de l’analyse des rapports de pouvoir dans le Brésil contemporain et des discriminations de genre, de race et de classe.
I. Ouvrir la voie
Dès le premier post, émergent les éléments qui caractérisent le discours et les interventions de Preta-Rara par la suite, notamment la critique adressée à une structure sociale qui reproduit des relations de pouvoir archaïques et immuables. Dans un entretien pour la BBC Brésil réalisépeu de jours après la création de la page, Preta-Rara précise l’objectif de son initiative. En créant cet espace de discussion, elle prétend restituer une voix et donner une visibilité à une catégorie de travailleuses hautement dévalorisées : « Mon objectif est de provoquer et de donner voix à qui n’en a pas. Ce type de traitement inhumain se produit entre quatre murs et ces femmes, dont la plupart sont noires, n’ont personne à qui se confier »[5] (Preta- Rara apud Barrucho, 2016).
Il suffit de parcourir la page pour mieux comprendre cette affirmation. Les témoignages de femmes, environ une quinzaine par jour, parfois anonymes dans la crainte de perdre leur travail, décrivent une réalité de discrimination, d’humiliation et de violence. Ils brossent le tableau d’une société hypocrite, qui se veut moderne, mais continue à exploiter systématiquement ses membres les plus fragiles. Les récits des femmes sont variés et accablants : depuis les femmes de ménage qui travaillent des années durant, sans droits, jusqu’aux femmes harcelées, moralement et physiquement, par leurs patrons.
Ils décrivent également des formes de violence plus subtile, de l’ascenseur aux toilettes « de service », en passant par la nourriture et les repas pris « à part », afin de rendre évidente la séparation entre patrons et empregadas. Et cela malgré le fait que, encore aujourd’hui, nombreuses sont les femmes de ménage qui résident dans la maison où elles travaillent. Il s’agit d’une cohabitation dangereuse qui renforce le lieu commun selon lequel la femme de ménage fait partie « de la famille » et contribue à naturaliser la violence et les rapports hiérarchiques :
« Tu es traitée comme un membre de la famille ». La domestique commence à le croire et elle a un horaire pour entrer au travail mais pas pour sortir. Et les patrons disent un truc sympa, lui offrent un petit bijou, un t-shirt et la domestique finit pour ne rien trouver à rédire. Voilà, elles croient qu’elles font partie de la famille et n’exigent plus leurs droits[6] (Preta-Rara apud Sodré, 2017).
Le mur de la page Facebook sert aussi à afficher des offres de travail « abusives » et à dénoncer les abus, en orientant celles qui demandent des conseils et une assistance juridique. Euempregadadoméstica représente ainsi un espace de discussion et de revendication politiques. Preta-Rara assume ouvertement la vocation militante de la page, lorsqu’elle affiche l’effigie de Laudelina de Campos Melo, une pionnière de la lutte pour les droits des domestiques, fondatrice de la première organisation syndicale de cette catégorie dans les années 1930. C’est une posture politique particulièrement significative si l’on considère le contexte de création du mot-dièse. À partir de 2012, la question des droits des travailleurs domestiques occupe en effet les débats politiques, notamment, à l’occasion du vote de la PEC – Proposta de Emenda à Constituição – dite « des domestiques », et des reformes promues par Dilma Rousseff en 2015[7], dont la finalité était d’octroyer aux employées domestiques les mêmes droits que les autres salariés, et de combler ainsi un vide législatif. Malgré le nouveau cadre juridique, les témoignages réunis sous le mot-dièse, euempregadadoméstica, démentent les discours officiels et dénoncent des conditions de travail qui demeurent illégales, proches de l’esclavage et décrivent efficacement la nouvelle précarisation de la profession[8].
II. « Je suis venue aujourd’hui pour provoquer du malaise, car c’est seulement avec le malaise que nous pouvons changer quelque chose »[9]
Invitée à l’édition de novembre 2016 du Ted Talk de São Paulo pour présenter euempregadadoméstica, Preta-Rara déclare vouloir provoquer une sensation de malaise dans le public. Et pour ce faire, l’auteure commence son allocution en racontant des épisodes quotidiens d’humiliation et de racisme. Des expériences vécues par elle, durant les sept années où elle exerça comme femme de ménage, ou par d’autres femmes ayant posté des messages sur la page. Par ces mots, en dénonçant l’hypocrisie et la violence d’une société qui continue de discriminer systématiquement les individus, et notamment les femmes, en raison de leur race et de leur condition sociale, l’auteure devient la porte-parole de celles qui demeurent invisibles et silencieuses.
La présence de Preta-Rara, qui se définit comme : « Femme grosse noire périphérique ex-femme de ménage professeure et rappeuse »[10], sur la scène de la Sala São Paulo, l’une des salles de concert les plus prestigieuses du pays qui est aussi le siège de l’orchestre symphonique de l’État, invite à une réflexion sur la réception et la circulation de #euempregadadoméstica.
L’invitation à un événement comme le Ted Talk montre que le discours de Preta-Rara et des autres empregadas sort du circuit des amis de Facebook et d’un article de quotidien décrivant le dernier buzz des réseaux sociaux. Il s’agit d’un phénomène qui va donc bien au- delà du bouche-à-oreille virtuel des femmes de ménage et qui occupe l’un des espaces emblématiques des élites brésiliennes. D’un point de vue matériel et symbolique, c’est une circulation qui va donc de la périphérie vers le centre et permet à des sujets, traditionnellement,
exclus de l’espace public et effacés de la construction identitaire nationale, de se mettre en scène, de faire résonner leur voix, ne serait-ce que l’instant d’un Talk.
Il convient d’analyser toutefois quelles en furent les répercussions dans l’évolution des rapports de pouvoir Sur ce point, Preta-Rara se montre réaliste : alors que, sur un plan général, elle déclare vouloir « soulever le tapis » de la famille traditionnelle brésilienne[11], elle s’adresse au public et l’exhorte plus concrètement à repenser et humaniser le rapport empregada/patrão dans leur quotidien.
III. Espaces alternatifs et multiples
La création de la page Euempregadadoméstica représente l’une des modalités d’intervention et d’expression de Preta-Rara. De la musique Rap à la création d’un canal Youtube, du rôle d’auteure et de présentatrice d’une web série au projet GGG contre la gordofobia[12], il est difficile de décrire et définir sa pratique artistique et politique en utilisant des catégories traditionnelles. Chanteuse rap ? Féministe ? Militante pour la cause negra ? Mannequin plus-size ? Artiste périphérique ? L’auteure elle-même utilise toutes ces étiquettes pour se raconter et décrire sa pratique, sans en privilégier une en particulier. Il ne s’agit pas là de souligner l’éclectisme de la fondatrice de euempregadadoméstica, mais plutôt de décrire la posture des auteurs et artistes contemporains face à la prolifération des moyens de communication, à leur accessibilité et à la fragmentation des publics.
Preta-Rara circule en effet librement parmi les divers médias et les causes à défendre, tout en refusant le titre d’artiste et de militante au sens traditionnel du terme. Elle déclare : « Je préfère utiliser mon micro pour chanter ou réciter plutôt que de prononcer des discours. Je crois qu’ainsi j’arrive à toucher plus de gens »[13] (Preta-Rara apud Barrucho, 2016). Sur la scène, comme dans les écoles, où elle développe des projets pédagogiques, le rap et le hiphop représentent un instrument pour dénoncer le racisme et braver le machisme qui domine ce genre musical, où les chanteuses sont très peu nombreuses. Avec la web série en dix épisodes A Nossa Voz Ecoa, Preta-Rara problématise la représentation de la race sur internet et les moyens de communication traditionnels, télévision en tête, en créant un espace où les hommes et les femmes noirs peuvent être protagonistes de leur propre histoire[14]. Ainsi, les différents chapitres thématiques abordent, entre autres choses, le racisme à l’école, la scène féminine hip-hop, le corps noir et les normes esthétiques.
La création de l’hashtag euempregadadoméstica et les autres moyens utilisés par Preta- Rara dans sa pratique artistique – vidéo, musique, images – permettent de discuter la notion de « marge » et de « périphérie » dans la production culturelle et artistique du Brésil contemporain, face à la diffusion des réseaux sociaux et à leur diversification. L’adjectif marginal, associé aux pratiques artistiques, apparaît en effet à différents moments du processus culturel national, avec des significations complexes qui méritent une courte digression.
Vers le milieu des années soixante-dix, à la suite de la publication de l’anthologie 26 Poetas hoje[15], la dénomination poesia marginal commence à circuler. Les poètes dits marginais, qui s’opposent au langage et à l’expression intellectualisée du concretismo et élaborent une parole poétique immédiate et spontanée, remettent en cause le rôle traditionnellement attribué au poète et à l’artiste en général. Être marginal, pour un auteur de cette époque, signifie en effet se libérer de l’autoreprésentation en tant qu’artiste et critiquer toute image de la littérature comme une pratique qui donne du prestige, une source de reconnaissance sociale et intellectuelle. Mais le mot marginal a également une autre signification et sert à décrire le processus de production et de circulation des ouvrages.
Dans le contexte autoritaire de l’époque, la poesia marginal répond en effet à la nécessité de création de circuits alternatifs d’action culturelle, par opposition au mécénat et à la censure des agences d’État. Elle se situe volontairement en marge du système éditorial traditionnel et du canon poétique établi par les académies. Si, à ce moment-là, la marginalidade ne se réfère en aucun cas aux représentants du mouvement – tous des jeunes de la classe moyenne dotés d’une instruction universitaire –, le mot décrit avec précision le produit-livre, réalisé en marge des circuits habituels. L’autoproduction garantit en effet à l’auteur une autonomie totale, lui donnant la possibilité de gérer la création de son œuvre aussi bien sur le plan matériel que symbolique. En se réappropriant le processus productif, le poète ne crée plus seulement des biens symboliques, il fabrique aussi des biens matériels qu’il introduit lui-même sur le marché. Comme le souligne Ana Cristina Cesar, ce bouleversement permet à l’auteur d’établir un contact direct avec le lecteur :
Grâce au circuit parallèle, l’auteur veut se rapprocher du public, retrouver le contact, se réapproprier des chemins de production […]. On envisage l’émergence de l’édition marginal comme un choix plus conscient […] de désengagement à l’égard du système de consécration dans le champ culturel[16] (Cesar, 1999 : 200-201).
Faisant sortir l’auteur de sa tour d’ivoire, l’artiste marginal, devenu graphiste, imprimeur et distributeur, redéfinit le statut de poète et inaugure une forme d’intervention culturelle inédite. La diffusion des réseaux sociaux a désormais généralisé ce discours et cette démarche, en éliminant les contraintes d’ordre pratique liées à l’impression et à la distribution des ouvrages et en complétant le rapprochement avec le public évoqué par Ana Cristina Cesar. Écrire sur Facebook, ou intervenir sur un autre réseau social, permet aux écrivains – et surtout, à ceux qui aspirent à le devenir –, de faire connaître leurs ouvrages à des lecteurs. Si cette démarche ne signifie pas encore un dédouanement complet du pouvoir des institutions littéraires et des instances de consécration traditionnelles, elle peut représenter une première étape dans la reconnaissance d’un auteur et d’un ouvrage.
En 2001, la revue Caros Amigos choisit d’intituler « Literatura Marginal » le dossier consacré à une production littéraire dite également périphérique[17]. Comme dans les années soixante-dix, marginal n’identifie pas une catégorie sociologique décrivant le statut des auteurs, ni une thématique commune capable de rapprocher les écrivains et les ouvrages. L’adjectif se réfère plutôt à une pratique culturelle spécifique et partagée et à une plus large réflexion sur marginalité et littérature. Une marginalité qui est à la fois matérielle et symbolique, qui se réfère à la géographie urbaine mais aussi aux circuits alternatifs de production et distribution éditoriale, comme le souligne Nascimento (2006 : 1). Cette marginalité exprime aussi une démarche militante d’opposition au canon et à la production culturelle dominante et caractérise la pratique d’auteurs et d’artistes. Dans cette perspective, le parcours même de Eu, empregada doméstica, qui d’un ensemble de textes sur un réseau social devient un livre analogique en l’espace de deux ans[18], montre que la popularité virtuelle d’un auteur ou d’une thématique peut représenter le droit d’accès au champ littéraire. Même s’il n’est que temporaire, un déplacement a lieu des marges du discours culturel, représentées par les blogs indépendants et les pages des réseaux sociaux, vers l’espace plus structuré de la cultura letrada, consacrée par un éditeur et encadrée par le marché éditorial, avec ses normes et ses hiérarchies internes.
IV. Les invisibles : représentations et imaginaire
Aider les femmes de ménage à faire entendre leur voix, afin de restituer une parole niée dans le discours public, constitue l’une des finalités principales de la page euempregadadoméstica. Dévalorisées à cause de leur genre, de leur classe et de leur race, les femmes de ménage sont aussi très peu représentées dans l’imaginaire collectif et souvent ignorées des artistes et des écrivain.e.s.
Depuis les années 2000, la télévision et le cinéma brésiliens commencent à s’intéresser aux travailleuses domestiques. Les films Domésticas (2001) et Que horas ela volta[19] (2015), ainsi que la série Cheias de Charme (2012) diffusée par la chaîne Globo, présentent des femmes de ménage qui occupent des rôles de premier plan et sont des protagonistes à part entière. Il s’agit de personnages qui viennent combler les lacunes de l’imaginaire littéraire. Dans la prose brésilienne, rares sont en effet les personnages de femmes de ménage qui ne sont pas cantonnées au rôle de figurantes, souvent muettes, ou tout au plus, d’objets de la concupiscence du personnage masculin.
En 1960, Quarto de despejo, le journal intime de Carolina Maria de Jesus, une femme negra et favelada qui raconte son quotidien à São Paulo, devient un phénomène littéraire à succès, justifiant des tirages importants et de nombreuses rééditions. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une femme de ménage, elle est une figure centrale pour comprendre le parcours d’autoreprésentation des femmes noires et périphériques dans la littérature brésilienne. Et cela, malgré la première réception de son ouvrage, qui réduit l’auteure à son étiquette de favelada :
« Carolina, querendo ou não, transformou-se em artigo de consumo e, em certo sentido, num bicho estranho que se exibia ʻcomo uma excitante curiosidadeʼ » comme l’affirme Luís Martins (Martins apud Dantas, 1963 : 5).
Pour trouver une représentation fictionnelle élaborée d’une femme de ménage, il est nécessaire cependant de remonter le temps jusqu’en1942, année de publication de Entrada de Serviço (éditions José Olympio), de l’écrivaine Lúcia Benedetti. Comme le souligne Lins au lendemain de la parution du roman, l’ouvrage surprend les critiques contemporains en raison de la difficulté et du caractère inédit du thème qu’elle a traité : « Le sujet de Mme Lúcia Benedetti était parmi les plus dangereux : l’histoire d’une domestique. Et non d’une domestique terrible, comme celle du Primo Basílio, mais d’une domestique normale » [20] (Lins, 1944 : 117). Mais qu’est-ce qu’une femme de ménage normale ? Outre le fait de répondre à cette question, l’ouvrage de Lúcia Benedetti décrit la vie quotidienne d’une domestique de son époque : ses conditions de travail de semi-esclavage, l’octroi d’un salaire dérisoire, présenté comme un acte de bienveillance par la patronne, une ségrégation domestique et des humiliations quotidiennes. Mais l’aspect le plus inédit du roman est représenté par le point de vue de la domestique Maria Isabel, qui est privilégié par l’auteure grâce à une écriture introspective et intime. Si la narration demeure à la troisième personne, la bonne est la protagoniste incontestée du roman, devenant un personnage digne d’occuper le centre de la page. Pendant la deuxième moitié du siècle, d’autres figures de femmes de ménage apparaissent épisodiquement dans la fiction brésilienne, notamment dans des ouvrages écrits par des femmes. Conceição Evaristo, avec le personnage de Ditinha, de Becos da memória (2006)[21] illustre la complexification de la figuration de la domestique dans la production littéraire nationale.
V. De la toile à la page
En 2019, une sélection des témoignages postés sur la page Facebook Euepregadadoméstica est publiée dans le volume homonyme organisé par Preta-Rara, qui signe l’introduction et ajoute le sous-titre A senzala moderna é o quartinho da empregada. Organisés sous forme de livre, les récits anonymes qui composent le recueil représentent un objet littéraire qui suggère de multiples possibilités d’analyse, à commencer par les différents langages utilisés dans les témoignages, qui ne font l’objet d’aucune révision dans le transfert du réseau vers la page. La langue en est souvent imprécise, marquée par l’oralité et par une grammaire incertaine, témoignant de la faible scolarisation des auteur.e.s. Ce langage informel, qu’on pourrait qualifier de périphérique, est alimenté par le parler du quotidien et par les messages postés sur les réseaux sociaux, qui se situent en marge du discours littéraire et ne figurent que très rarement dans les livres. Dans d’autres cas, notamment dans les témoignages signés par les filles ou les petites filles de femmes de ménage, les récits sont élaborés dans une langue parfaite, et valorisent l’instruction supérieure, comme un moyen de briser le caractère héréditaire du métier. Page après page, ce mélange irrégulier de tons et de registres contribue à questionner les représentations monolithiques. Le choix de respecter la parole et les différentes formes d’expression des femmes qui se racontent sur la page Eu empregada doméstica est revendiqué par l’organisatrice dans l’avant-propos, imprimé à l’encre blanche sur des pages noires. Si l’option graphique pénalise la lisibilité, en revanche elle matérialise efficacement la subversion que le livre se propose de réaliser : offrir à des femmes de ménage, des femmes périphériques, d’être au centre de leur propre narration, pour qu’elles deviennent des protagonistes à part entière et s’approprient du je. Comme le rappelle Djamila Ribeiro dans La place de la parole noire, la possibilité de parler présente une valeur ontologique et permet aux sujets marginalisés d’exister, réfutant ainsi l’historiographie traditionnelle et la hiérarchisation des savoirs (Ribeiro, 2019 : 64).
Dans l’espace clos du livre, plus encore que sur le continuum de la page, l’aspect qui surprend et dérange le plus c’est l’uniformité des expériences racontées. Ce sont des femmes différentes qui écrivent, des femmes qui habitent dans degrandes ou de petites villes, qui parlent du passé récent ou du présent. Mais elles racontent toutes la même histoire : une histoire de ségrégation et d’humiliation qui met en lumière une réalité où la relation entre patronne et domestique continue à être régie par la tradition bien plus que par le code du travail. Et quand, plus rarement, des voix de femmes de ménage s’élèvent pour louer la gentillesse et l’affection des patrons, en déclarant être traitées comme un membre de la famille, l’ambigüité et le chantage affectif implicite contenus dans cette évocation de la familiarité interrogent les rapports de pouvoir comme les cas de maltraitances.
La polyphonie de ces récits montre qu’il ne s’agit pas là de re-signifier le statut de domestique, en lui attribuant une valeur positive, ni de militer en leur faveur ou encore de revendiquer le droit à la parole, selon des postures souvent adoptées par la dite literatura marginal contemporaine[22]. Ces femmes expriment avant tout le désir de se raconter, d’exposer une réalité bien connue, mais inexistante dans le discours social, culturel et politique.
Ma mère était originaire d’une famille très modeste et avait commencé à travailler comme nounou et bonne à l’âge de 12 ans. […] Dans la première maison où elle avait travaillé et habité, les patrons ne lui avaient pas attribué une chambre, un lit ni un minimum de dignité. Ils avaient mis un TAPIS PAR TERRE pour la faire dormir. […] Tous les jours les patrons mangeaient copieusement : fromage, jambon, jus d’orange pressé, café. Mais pas la « petite domestique » […], elle avait droit seulement à du café et du pain rassis[23] (Preta-Rara, 2019 : 81).
Comme ce témoignage, les récits des femmes de ménage de Eu, empregada doméstica, dessinent avant toute chose une image précise et sans appel du Brésil contemporain, faisant émerger les frontières de genre, race et classe qui structurent l’espace privé qui demeure réglé par une ségrégation rigide : depuis l’entrée et l’ascenseur réservés au personnel « de service », à la buanderie. Pour accéder aux pièces « nobles » de la maison depuis la chambre, souvent sans fenêtre, de l’empregada, il est nécessaire de franchir une porte qui mène directement à la cuisine ou de passer par l’extérieur, par la cour. Il s’agit d’une géographie domestique dont les frontières ne sont pas négociables, les femmes de ménage savent qu’il ne faut sortir du triangle quartinho-buanderie-cuisine que pour nettoyer où servir les repas. Cette « géographie de l’intérieur » matérialise brutalement la ségrégation que les employées domestiques éprouvent au quotidien. L’entrée et la chambre de service, comme dépotoir[24], sont les lieux où ces femmes vivent et travaillent, mais aussi une métaphore de leur existence. Des lieux qui, comme le souligne Staszack, n’intéressent que marginalement les sciences sociales et les géographes (Staszack, 2001 : 339) et qu’il revient donc à la littérature d’exposer.
Eu, empregada doméstica représente donc un objet d’analyse privilégié dans la compréhension de la société brésilienne, permettant d’observer la stabilité de certains phénomènes dans le temps et de comprendre le fonctionnement des catégories de centre et périphérie à l’échelle réduite de l’espace domestique. Les normes et les interdictions qui régissent le quotidien de ces domestiques sont révélatrices de la tradition et des habitudes qui structurent l’espace urbain et social dans le Brésil contemporain.
VI. Catégories analytiques
Dans les discours, les écrits et les chansons de Preta-Rara, le mot périphérie revient constamment. En 2019, elle participe à la huitième édition de la FLUP – Fête littéraire des périphéries de Rio de Janeiro –, et invite Ferréz, écrivain et intellectuel souvent associé à ladite Literatura marginal contemporaine, à présenter son livre. De plus, elle se revendique periférica, évoquant le quartier où sa famille réside dans la banlieue de Santos, ville côtière très fréquentée par les habitants de São Paulo. Le mot périphérie décrit ainsi le parcours personnel de l’auteure et définit son identité, en invoquant clairement la notion de marge. Preta-Rara est périphérique, et demeure telle quelle, même si elle habite dans le centre-ville, dans l’un des immeubles élégants ayant vue sur la mer[25]. C’est son corps, de femme negra et, qui plus est de gorda (obèse), qui crée un malaise car il demeure marginal. Preta-Rara dénonce une société où le corps noir est inscrit dans l’imaginaire national sous l’apparence de la « mulata gostosa » hypersexualisée qui danse la samba pendant le carnaval. Dans ce pays où les femmes noires, peu alphabétisées et pauvres, n’ont pas d’autres possibilités que de travailler comme empregadas, exactement comme leurs mères et grands-mères.
Une réalité confirmée par les statistiques qui montrent que les travailleurs domestiques, dont 92% sont des femmes –, représentent 14% des employés, un total d’environ 6 millions de Brésiliennes. Au-delà de la précarité et de la popularité de la pratique du travail sans contrat, les données décrivent un autre phénomène significatif : parmi les domestiques, les femmes noires sont les plus pénalisées. Elles sont plus nombreuses, moins alphabétisées et moins payées par rapport à leurs collègues blanches. En 2010, au Brésil, presque deux femmes noires sur dix travaillent comme domestiques[26]. Ces chiffres prouvent que la discrimination et les abus racontés sur la page euempregadadoméstica ne sont pas fortuits, mais qu’ils représentent la norme, une réalité qui touche un grand nombre de femmes, plus d’une sur dix, mais qui continue à être perçue comme marginale. Nombreuses sont les femmes, invisibles et silencieuses dans la construction identitaire nationale, oubliées et effacées de l’espace public, ou réduites à une imagée figée.
Conclusion
Le 12 février 2020, alors que le ministre de l’économie du gouvernement Bolsonaro analyse l’actuel taux de change entre dollar américain et réal brésilien pendant une conférence, il utilise un exemple très éloquent. Pour souligner le fait qu’une devise trop forte n’est pas favorable à l’économie nationale, il fait appel à une image intelligible pour le public qui l’écoute. Quand le taux de change est favorable, affirme-t-il : « Tout le monde va en vacances à Disneyland, la femme de ménage va à Disneyland, c’est la fête ». Pour conclure, il apostrophe directement les femmes de ménage, ou mieux, La femme de ménage : « Va te promener dans le Nordest, c’est plein de jolies plages » [27].
Et si les empregadas – c’est-à-dire les travailleuses aux revenus les plus modestes –, peuvent se permettre un voyage aux États-Unis, destination autrefois réservée aux élites et symbole de réussite économique, qu’advient-il du Brésil ? Cette métaphore, violemment genrée et classiste, montre que le statut matériel et symbolique de la domestique est utilisé comme barème de la société brésilienne et mesure la prospérité de la nation. Ainsi, considéré dans le contexte contemporain, le recueil Eu, empregada doméstica acquiert une résonance majeure, permettant à des sujets traditionnellement sous-représentés de se réapproprier de leur narration. Il constitue un espace pluriel et alternatif de discours dont l’analyse doit se situer à l’intersection de plusieurs catégories conceptuelles. Les récits qui apparaissent sur la page du site soulignent en effet l’articulation du genre à d’autres rapports de pouvoir, montrant « le caractère consubstantiel des rapports de sexe, de classe et de race dans la réalité sociale » (Bereni, 2008 : 13). La même perspective est reprise également par Cláudia Regina Barroso Ribeiro qui, à partir d’une analyse des narrations des bonnes, montre la persistance d’une division sociale et morale du travail qui reproduit des relations de pouvoir archaïques, accentuant le poids de l’héritage esclavagiste et colonialiste (Ribeiro, 2014 : 14).
Mais comment analyser ces textes, ces témoignages qui construisent une narration complexe à plusieurs voix, en continu devenir ? Outre les sociologues et les anthropologues, ces textes intéressent également les spécialistes de littérature. Réunis sous un hashtag commun, ces écrits questionnent les notions d’autobiographie et d’écriture de soi autant que de fiction[28]. Dans l’étude de cet ensemble de textes, le genre représente non seulement une « catégorie utile d’analyse » (Scott, 1988) mais la catégorie centrale d’analyse, du moment où #euempregadadoméstica évoque clairement le je féminin. Il contribue donc à libérer la parole des femmes, sujets traditionnellement en marge du champ culturel et littéraire, et à la représenter dans l’espace public. Est-ce un phénomène médiatique passager – une littérature ? – encore à étudier et à comprendre, comme le prouve la résonance d’autres mots-dièse genrés, de #balancetonporc à #metoo ?
Notes de fin
[1] « Et elle, la femme de ménage qui habite à Raiz da Serra et se réveille à quatre heures du matin pour commencer son travail dans la Zona Sul, d’où elle rentre tard à Raiz da Serra, au moment d’aller se coucher et pour se réveiller à quatre heures du matin et commencer son travail dans la Zona Sul » [Notre traduction]. La citation est tirée de la chronique « Ao correr da máquina » parue dans le Jornal do Brasil, le 20 septembre 1969.
[2] « Nous ne sommes pas le portrait, au contraire, nous changeons la mise au point et prenons notre photo nous-mêmes » [Notre Traduction].
[3] [Notre Traduction]. « É o seguinte… A partir de hoje começarei a escrever aqui no Face coisas que eu já ouvi e/ou vivenciei quando eu era empregada doméstica. Pra quem quiser escrever seus relatos, utilizarei a hastag #euempregadadoméstica». Citation de la page Facebook Eu empregada doméstica. URL : https://www.facebook.com/pg/euempregadadomestica/about/?ref=page_internal
[4] Entre autres, il est possible de citer la version en ligne de la BBC Brasil, le quotidien O Estado de São Paulo ou encore le site de O Globo.
[5] [Notre Traduction]. « Meu objetivo é provocar e dar voz a quem não tem voz. Esse tipo de tratamento desumano acontece entre quatro paredes e essas mulheres, a maioria negras, não têm com quem desabafar ».
[6] [Notre Traduction]. « “Você é tratada como se fosse da família”. A trabalhadora passa a acreditar nisto e tem horário pra entrar, mas não tem pra sair. Mas aí os patrões falam alguma coisa legalzinha, dão um brinquinho, uma blusinha e a trabalhadora acaba não questionando. Nisso, elas acreditam que são mesmo da família e não exigem seus direitos ».
[7] Pour une synthèse de la législation travailliste brésilienne, voir l’article de Sodré « A senzala no quartinho de empregada », cité en bibliographie.
[8] Il s’agit d’un phénomène également mis en évidence par les statistiques les plus récentes. Malgré l’ensemble de mesures législatives élaborées pour réduire les lacunes du droit en matière d’emploi domestique de la proposition controversée de modification constitutionnelle 66/2012, connue comme la PEC das Domésticas de 2012, jusqu’à la ratification de la Convention Internationale sur le Travail Domestique de l’OIT en 2018, l’informalité progresse dans ce secteur. Les statistiques montrent que le nombre de diaristas, journalières, et de mensalistas sans contrat, qui ne bénéficient d’aucune protection sociale ni d’assurance maladie, progresse. Voir les données du DIEESE (Département intersyndical de statistiques et études socioéconomiques) relatives à 2018 : Trabalhadoras domésticas na Região Metropolitana de São Paulo, https://www.dieese.org.br/analiseped/2019/2019empreDomSAO.html
[9] [Notre Traduction]. « Hoje eu vim para gerar incômodo, porque só através do incômodo conseguimos mudar alguma coisa ». Cette citation, comme la suivante, est tiré du Ted Talk de Preta-Rara, disponible à l’adresse https://www.youtube.com/watch?v=_d_n-z3s8Lo
[10] Voir note précédente.
[11] Voir note précédente.
[12] Néologisme, littéralement la peur des personnes obèses. La sigle GGG est utilisé au Brésil pour indiquer la taille des vêtements et correspond au sigle américain XXXL.
[13] [Notre Traduction]. « Prefiro usar meu microfone para cantar ou recitar a fazer discursos. Acredito que consiga envolver mais pessoas »
[14] Citation tirée du premier épisode de la web série, disponible à l’adresse https://www.youtube.com/watch?v=CPqgKNiPRIA
[15] Éditée en 1975 par la maison d’édition Aeroplano Editora, et organisée par Heloisa Buarque de Hollanda. Voir bibliographie.
[16] [Notre Traduction]. « […] Através do circuito paralelo, o autor pretende aproximar-se do público, recuperar um contato, tomar posse dos caminhos da produção […]. O que se percebe é a emergência da edição marginal como escolha mais consciente […] de descompromisso com o sistema de consagração no campo cultural »
[17] Les deuxième et troisième dossiers portent le même titre et sont publiés respectivement en 2002 et en 2004.
[18] On rappelle que l’hashtag est créé en juillet 2016 et le livre Eu, empregada doméstica est lancé en 2019 par les éditions Letramento de Belo Horizonte.
[19] Le film a été distribué en France sous le titre Une seconde mère.
[20] [Notre Traduction]. « O tema da Sra Lúcia Benedetti era dos mais perigosos: a história de uma criada. E não de uma criada terrível, como a do Primo Basílio, mas de uma criada normal ».
[21] Rédigé à partir des années 1980, Becos da memória est publié pour la première fois en 2008. Il convient de rappeler que les biographies de Conceição Evaristo parlent de l’enfance de l’écrivaine dans une favela de la ville de Belo Horizonte et de son travail en tant que femme de ménage dès l’âge de 8 ans, jusqu’à la fin de ses études secondaires en 1971.
[22] Voir l’analyse de Neves L. et Neves J. dans l’article cité en bibliographie.
[23] [Notre Traduction]. Les majuscules sont présentes dans le texte d’origine. « Minha mãe de origem muito humilde começou a trabalhar como babá e empregada aos 12 anos de idade. [...] Na primeira casa em que trabalhou e viveu, os patrões não ofereceram-na um quarto, uma cama, ou qualquer dignidade. Deram-na um TAPETE NO CHÃO para dormir. [...] Todos os dias os patrões comiam com fartura : queijo, presunto, suco de laranja, café. Mas não a “empregadinha” [...], ela comia apenas café com pão dormido (sic) ».
[24] Titre français de l’ouvrage de Carolina Maria de Jesus Quarto de despejo (1960).
[25] Dans le premier chapitre de la web série Nossa Voz Ecoa, intitulée « Pesadona », Preta-Rara raconte un épisode qui symbolise clairement cette dichotomie : (vidéo, minute 2.10) un jour, en fin d’après-midi, elle rencontre dans l’ascenseur une voisine qui lui demande poliment si elle est en train de partir et si la journée a été fatigante. Devant son expression perplexe, la femme demande alors à Preta-Rara si elle travaille dans l’immeuble – sousentendu, comme empregada doméstica. L’épisode est raconté à la minute 2.10 de la vidéo disponible en ligne à l’adresse : https://www.youtube.com/watch?v=CPqgKNiPRIA
[26] Données de la Pesquisa sobre inserção das mulheres no mercado de trabalho présentée en 2016 par le Ministério do Trabalho e Previdência Social (MTPS) et l’Instituto de Pesquisa Econômica Aplicada (Ipea). L’article complet est disponible en ligne à l’adresse : http://www.brasil.gov.br/cidadania-e- justica/2016/03/trabalho-domestico-e-a-ocupacao-de-5-9-milhoes-de-brasileiras
[27] [Notre traduction]. « Todo mundo indo para Disneyland, empregada doméstica indo para Disneyland, numa festa danada. […] ». « Vai passear ali no Nordeste, está cheio de praias bonitas ». Un extrait du discours du 12 février 2020 est disponible en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=bLGlc4cVP8Q
[28] Sur la page et dans le recueil sont en effet publiés des textes souvent écrits à la troisième personne qui racontent les expériences vécues par d’autres femmes, notamment les mères ou les grands-mères des auteures.
Bibliographie
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Pour citer cet article
Giulia Manera, « #euempregadadoméstica : Narration et autoreprésentation des femmes de ménage brésiliennes », RITA [en ligne], n°14 : septembre 2021, mis en ligne le 23 septembre 2021. Disponible en ligne http://www.revue-rita.com/articles/euempregadadomestica-narration-et-autorepresentation-des-femmes-de-menage-bresiliennes.html